“D’après de nombreux éléments concluants, les feux sans précédent de l’été dernier dans l’Arctique auraient couvé sous la cendre tout l’hiver et ces ‘incendies zombies’ se seraient rallumés ce mois-ci”, rapporte le New Scientist. Alors que les températures augmentent à l’approche de l’été dans la région et que la neige a fondu, l’analyse satellitaire suggère que les incendies qui ont récemment éclaté en Sibérie seraient en fait une réactivation de ceux de l’an dernier.

Chercheur en géographie environnementale à la London School of Economics, Thomas Smith a analysé pour l’hebdomadaire scientifique des images du satellite européen Sentinel-2. Il a repéré les cicatrices des incendies de 2019 et les points chauds de cette année où sont apparus les brasiers immédiatement après la fonte des neiges. Selon lui, il y aurait bien une correspondance entre les deux, notamment dans des zones de tourbière sous laquelle le feu aurait pu couver pendant l’hiver.

Cette hypothèse est corroborée par un rapport du consortium Alaska Fire Science rendu public ce mois-ci, qui constate que de tels incendies se sont produits plus fréquemment ces vingt dernières années. En outre, des “incendies zombies” seraient plus susceptibles de se déclarer l’année suivant une année de grands sinistres. Pour autant, en l’absence de vérification sur le terrain, il est impossible d’avoir la certitude que ces nouveaux feux sont une réactivation d’anciens ou s’ils ont été allumés par des personnes quand la neige a fondu.

Surveiller durant l’hiver et éteindre les feux

C’est une mauvaise nouvelle pour le climat. “La conséquence est une augmentation des émissions nettes de CO2”, prévient Thomas Smith, qui complète :

Les feux qui perdurent pendant l’hiver sont en effet par nature des feux de terre et de tourbe qui libèrent les réserves de dioxyde de carbone stockées depuis des décennies ou des siècles.”

Pour Jessica McCarty, de l’université Miami, à Oxford dans l’Ohio, une façon d’empêcher la réactivation de ces “incendies zombies” passe par une surveillance accrue du sol afin d’éteindre complètement les foyers durant l’hiver, comme on le fait en Alaska. Ce sont les chasseurs ou les promeneurs en motoneige qui signalent l’emplacement de foyers actifs au service forestier. “Sans cette information in situ, nous ne les trouverions jamais avec des données satellitaires, car ils sont souvent encore partiellement recouverts de neige”, explique-t-elle.