Il y a presque huit mois, les usines Lubrizol et Normandie Logistique de Rouen (Seine-Maritime) connaissaient un important incendie, et l’immense panache d’une inquiétante fumée noire survolait la ville, puis ses environs. Mardi 19 mai 2020, l’association Rouen respire publie les résultats d’une enquête relative aux impacts de cet incendie sur la santé.
Menée sur un échantillon de 565 personnes de Rouen et des alentours, adhérents de l’asso puis « amis et amis d’amis », explique le président de Rouen respire Olivier Blond, cette enquête avait pour objectif d’identifier les problèmes de santé qu’avaient eus les populations à la suite de la catastrophe.
« On a une volonté de transparence »
Si le procédé trouve sa limite — et l’enquête n’omet pas de le préciser — dans le fait que l’échantillon n’est « pas représentatif, puisqu’il s’agit en grande partie d’adhérents à l’association, de ce fait particulièrement sensibilisés », les résultats permettent d’avoir accès à des données chiffrées. Aussi, Olivier Blond pointe le « paradoxe que ce soit à nous de faire ça, parce qu’on n’a pas d’information, parce qu’il n’y a pas d’étude : on a une volonté de transparence ».
Ainsi apprend-on que parmi les personnes sondées, 9 % ressentent encore aujourd’hui des difficultés à respirer, ou encore que plus de 20 % restent aujourd’hui anxieuses de la situation vécue. « Ce qui inquiète, c’est qu’il y ait toujours la possibilité d’un deuxième Lubrizol, commente Olivier Blond. Surveillance, prévention… Tout ça n’a pas beaucoup évolué… » Fataliste, Olivier Blond l’est également lorsque l’on évoque avec lui les odeurs persistantes dont les riverains de l’usine font régulièrement mention notamment sur les réseaux sociaux : « Les odeurs qui continuent, c’est absurde. On a toujours aussi peu d’informations… »
« On ne sait toujours pas et on ne saura jamais »
S’il ne « pense pas qu’il y ait une volonté de dissimuler » au niveau des autorités, Olivier Blond pointe à l’instar de nombreuses personnes sondées par l’étude de Rouen respire « des défaillances, notamment dans la communication au moment des faits ».
Huit mois plus tard, l’homme est formel : « On ne sait toujours pas et on ne saura jamais ce qu’il y avait comme produit chimique dans le panache de fumée. » Et le Covid-19, « un enjeu sanitaire majeur », a relégué au second plan tous les autres sujets. « Mais le risque industriel est toujours présent », rappelle Olivier Blond, qui compare :
Le Covid aussi, on savait qu’il y avait des risques, et pourtant on voit de la même manière qu’on l’a vu pour Lubrizol l’état l’impréparation du pays au virus.
Avec le Covid en tout cas, difficile de continuer à gérer normalement tous les dossiers pour l’asso rouennaise, même si Olivier Blond l’assure : « On poursuit encore des actions en justice. » Mais l’enjeu majeur maintenant pour Rouen respire, ce sont les élections municipales, au terme desquelles il faudra de nouveau jouer un rôle de lobby auprès de la nouvelle équipe en place, « parce qu’à l’échelon municipal, il y a une vraie capacité d’action ».
• Les résultats de l’enquête de Rouen respire :