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Pollution : un confinement tous les ans pour atteindre les objectifs climatiques

Une étude publiée ce mardi dans « Nature Climate Change » donne le bilan précis du confinement. Du 1 er  janvier au 30 avril, la mise à l'arrêt de l'économie a entraîné une baisse de 8,6 % des émissions mondiales de CO2. La baisse est encore plus marquée en France.

L'autoroute devant la skyline de Dubai, en plein confinement.
L'autoroute devant la skyline de Dubai, en plein confinement. (Jon Gambrell/AP/SIPA)

Par Leïla Marchand

Publié le 19 mai 2020 à 19:00Mis à jour le 19 mai 2020 à 20:14

Acculée par la pandémie de coronavirus, près de la moitié de l'humanité est restée confinée à domicile pendant plusieurs mois. Plus de voitures sur les routes. Plus d'avions dans le ciel. Les usines à l'arrêt. Une paralysie qui a inévitablement mené à une chute radicale des émissions de gaz à effet de serre (GES), ces émissions polluantes liées à l'activité humaine. Mais de combien exactement ? Une étude publiée ce mardi dans la revue « Nature Climate Change » a fait les calculs.

Entre le 1er janvier et le 30 avril, la crise du coronavirus a entraîné une baisse de 8,6 % des émissions mondiales de CO2, soit une baisse de 1.048 millions de tonnes par rapport à la même période en 2019. Lors du « pic du confinement », que les chercheurs situent au 7 avril, ce sont 17 millions de tonnes d'émissions de CO2 qui étaient évitées chaque jour, c'est-à-dire une baisse quotidienne de 17 % par rapport à l'an dernier.

Les émissions liées au transport de surface, notamment le trafic routier, particulièrement impacté, ont baissé quotidiennement de plus d'un tiers (36 %) au plus fort du confinement. Dans les secteurs de la production d'électricité et de l'industrie, les émissions ont baissé respectivement de 7,4 % et 19 %, tandis que les émissions générées par le secteur de l'aviation, cloué au sol par la pandémie, ont chuté de 60 %.

34 % de baisse d'émissions en France

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En moyenne, chaque pays du monde a vu ses émissions quotidiennes de CO2 diminuer de 26 % lors du pic du confinement. En France, où les restrictions de déplacements ont été particulièrement importantes, la baisse est encore plus forte : 34 % de baisse maximale d'émissions calculée le 20 mars dernier, un niveau qui s'est maintenu jusqu'à fin avril.

La baisse quotidienne d'émissions de CO2 en France durant le confinement.

La baisse quotidienne d'émissions de CO2 en France durant le confinement.

A titre de comparaison, l'Europe n'a fait chuter ses émissions carbones quotidiennes que de 27 % au maximum. Pour l'Allemagne, ce taux est de 26,4 %, pour la Chine de 23,9 % et pour les Etats-Unis de 31,6 %.

En volumes, l'essentiel de la baisse d'émissions revient toutefois à la Chine, plus gros pollueur au monde, qui a évité de rejeter 242 millions de tonnes de CO2 entre janvier et avril. Suivent ensuite les Etats-Unis (-207  MtCO2), l'Europe (-123 MtCO2) et l'Inde avec (-98 MtCO2).

Une baisse d'environ 7% des émissions sur l'année

Selon l'équipe de chercheurs, menée par Corinne Le Quéré, présidente du Haut Conseil pour le Climat, l'impact du confinement sur les émissions annuelles en 2020 « devrait entraîner la plus forte baisse annuelle des émissions absolues depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».

En fonction de la relance économique, les chercheurs proposent différents scénarios. Si les conditions de mobilité et d'activité économique reviennent à la normale bientôt, c'est-à-dire à la mi-juin, ils prévoient une baisse annuelle des émissions de CO2 de 4 % à l'échelle mondiale.

A l'inverse, si certaines restrictions persistent dans le monde jusqu'à la fin de l'année, ils estiment que la baisse annuelle d'émissions sera d'environ 7 %. Dans un cas intermédiaire, avec un retour des émissions à leur niveau d'avant la pandémie vers la mi-juillet, la diminution annuelle serait d'environ 5 %.

« L'éventail complet des projections pour 2020, y compris les incertitudes, prévoit une baisse de 2 % à 13 % », détaille l'étude. Mais même si le scénario le plus optimiste au niveau environnemental se réalise, il n'aura qu'un impact minime sur le dérèglement climatique.

Il faudrait un confinement par an jusqu'à 2030

« À titre de comparaison, des taux de diminution d'environ 4 à 7 % seraient nécessaires d'une année sur l'autre pendant de nombreuses années pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, l'un des objectifs de l'accord de Paris sur le Climat », préviennent les chercheurs.

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Pour atteindre l'objectif de +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle, il faudrait réduire les émissions de CO2 de 7,6% par an, chaque année dès cette année et jusqu'à 2030. Alors que pour l'instant elles ne cessent d'augmenter.

Le monde a déjà gagné environ 1°C, entraînant une multiplication des catastrophes climatiques. Et chaque degré supplémentaire va augmenter exponentiellement l'ampleur des dérèglements. Au rythme actuel, la température pourrait grimper de 4 à 5°C d'ici à la fin du siècle. Et même si les Etats respectent leurs engagements actuels, la hausse du mercure pourrait dépasser 3°C.

Des baisses «extrêmes» qui restent «temporaires»

Or, ces baisses extrêmes restent aujourd'hui « temporaires » et « ne reflètent pas les changements structurels dans les systèmes économiques, de transport ou énergétiques », pointe Corinne Le Quéré.

La climatologue recommande aux dirigeants mondiaux de « mettre en oeuvre des plans de relance économique qui aident également à atteindre les objectifs climatiques, en particulier pour la mobilité ». Elle propose par exemple, dans les villes et les banlieues, de « soutenir la marche et le vélo et l'adoption de vélos électriques ».

Méthodologie de l'étude

Pour cette étude, les chercheurs ont développé une nouvelle méthode afin d'estimer l'évolution des émissions de CO2 fossile pour chaque jour et chaque pays de janvier à avril 2020 en fonction du niveau de confinement de la population.

Pour cela, ils ont analysé les politiques gouvernementales de confinement dans 69 pays représentant 97% des émissions mondiales de CO2.

N'ayant pas accès aux données d'émissions nationales de CO2 en temps réel, les chercheurs se sont basés sur les données concernant la baisse d'activité dans six principaux secteurs économiques (production électrique, trafic terrestre et aérien, consommation d'énergie dans les bâtiments...), converties ensuite en émissions de CO2.

Leïla Marchand

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