Un quart des travailleurs européens au chômage partiel

[EPA-EFE/RONALD WITTEK]

42 millions de demandes ont été déposées en Europe pour bénéficier d’amortisseurs sociaux. Un record qui dépasse les niveaux atteint lors de la crise de 2008, comme le révèle une étude de l’Institut syndical européen. Un article d’Euractiv Italie.

Entre fin avril et début mai 2020, 26 % des 160 millions de travailleurs de l’Union – soit plus d’un sur quatre – avaient demandé à bénéficier du chômage partiel ou d’autres prestations similaires en Europe. Un pourcentage jamais atteint auparavant, y compris durant la crise financière de 2008. Ces données sont issues d’une étude de l’Institut syndical européen (ETUI) datée du 13 mai et intitulée « Garantir un régime de travail à temps réduit équitable – un aperçu européen ».

Coronavirus : « Il faudrait un système européen de chômage partiel »

Entretien avec Rudy de Leeuw, représentant des syndicats au Comité économique et social européen (CESE) et ancien président de la Confédération européenne des syndicats (CES). Un article de notre partenaire Ouest-France.

Les données des différents États membres, mises à jour début mai, montrent que la France se trouve en première place avec plus de 11 millions de demandes, suivie de l’Allemagne (10 millions de requêtes), et de l’Italie où, le 3 mai, selon les données de l’Institut national de prévoyance sociale (Inps), les bénéficiaires du chômage partiel ou technique étaient un peu plus de 8 millions. Selon les dernières données de l’Inps cependant, le nombre total de bénéficiaires potentiels du chômage partiel, par dérogation, de l’allocation ordinaire et des subventions salariales, était de 7,2 millions.

Si l’on examine le pourcentage de travailleurs concernés par ces mesures, le tableau varie considérablement d’un pays à l’autre. En tête du classement, la Suisse, où près de la moitié des travailleurs (48,1 %) ont demandé des allocations de chômage partiel. La France occupe la deuxième place avec 47,8 % des travailleurs, suivie par l’Italie avec 46,6 %. En Allemagne, en revanche, malgré un nombre élevé de demandes, seul un travailleur sur quatre bénéficie du chômage partiel.

Fonds corona à 100 milliards d’euros : mode d'emploi

D’après une ébauche de proposition consultée par Euractiv, les États membres fourniront jusqu’à 100 milliards d’euros de garanties pour créer un fonds temporaire de soutien aux travailleurs des pays durement touchés par le coronavirus, comme l’Italie et l’Espagne.

Le rapport de l’Institut syndical européen souligne que les différents amortisseurs sociaux ont permis d’éviter que de nombreux travailleurs européens se retrouvent subitement au chômage et sans aucun subside, comme cela s’est produit aux États-Unis, où la pandémie a fait perdre leur emploi à 33 millions de personnes.

« Compte tenu des lacunes au niveau national et international, des problèmes de couverture et de l’incroyable retard dans la mise en œuvre de [l’instrument anticrise] SURE, le risque est que si les États et l’UE n’agissent pas rapidement, la plupart de ces 42 millions de travailleurs vont se retrouver au chômage », a indiqué Luca Visentini, le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats (CES), à Euroefe.

La CES estime que « par le biais du programme SURE, la Commission européenne a reconnu l’importance du chômage partiel pour éviter le chômage et soutenir la rémunération des employés ». Le programme n’apporte cependant « qu’un soutien financier et perpétue ainsi les défaillances structurelles potentielles des systèmes nationaux ».

Giuseppe Conte sur l’Europe : « L’approche minimaliste a fait son temps. Pensons aux jeunes »

Pour le présient du Conseil des ministres italien, Giuseppe Conte, l’UE est à un moment charnière de son histoire : éprouvée par la crise sanitaire, elle devra innover et faire preuve d’ambition pour en sortir grandie, explique-t-il dans un entretien exclusif accordé à Euractiv.it.

Comme l’indique Euroefe, Luca Visentini prévient également qu’avec l’allègement des mesures de confinement, les États pourraient être tentés de suspendre les amortisseurs sociaux mis en œuvre jusqu’à présent. Ce qui, selon le syndicaliste, se traduirait par l’émergence d’un « chômage de masse ».

Il souligne en outre que les États pourront récupérer les dépenses engagées pour le chômage partiel et les autres mesures analogues, dès que le plan SURE sera opérationnel. Comme l’a expliqué la Commission européenne, ce système offrira une assistance financière d’un montant total de 100 milliards d’euros sous forme de prêts, accordés aux États membres à des conditions favorables.

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