« On ne peut pas dire que la vie continue comme avant », témoigne Audrey Lebioda, une Française qui vit en Suède depuis plus de vingt ans. Malgré l’absence de confinement et de mesures restrictives depuis le début, en mars, de la pandémie de Covid-19, les Suédois semblent prendre leurs responsabilités. Beaucoup moins de monde dans les rues et les transports en commun, environ la moitié des actifs se sont mis au télétravail, et lycéens et étudiants ont cours par correspondance.

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« L’ambiance est assez calme. La majorité de la population respecte les recommandations sanitaires. D’ailleurs il y a un débat en Suède sur ce que”recommandation” veut dire ; ici quand une recommandation vient de la part d’une autorité publique, c’est une obligation », confie Audrey Lebioda. Selon elle, les Suédois ne sont pas mécontents de la gestion de la crise : « Quand je lis dans la presse que la population, ici, fait confiance à son gouvernement, je trouve ça très vrai. »

Pour preuve de cet esprit civique des Suédois, Audrey Lebioda cite les réseaux sociaux, sur lesquels elle affirme avoir vu passer des messages d’indignation où des gens se plaignent d’avoir été approchés de trop près dans la rue par un concitoyen.

Comme dans d’autres pays, l’espace urbain a été réaménagé, pour tenir compte du risque de propagation du virus : les restaurants respectent la distanciation sociale, des marquages au sol invitent partout les gens à faire attention aux distances de sécurité.

Les autorités procèdent à de nombreuses inspections de lieux publics : plusieurs restaurants ont d’ailleurs été fermés à Stockholm pour non-respect des consignes. Mais les particuliers, eux, ne risquent pas d’amendes, et les rues piétonnes de la capitale ont continué à être fréquentées.

Un bilan mitigé

Avec 3 600 décès liés au Covid-19, le bilan de la Suède est très proche de celui de la France si on le rapporte au nombre d’habitants. Mais il est largement supérieur à ceux des autres pays scandinaves qui affichent à peine quelques centaines de morts.

Le ministre de la santé du pays a déclaré que le pays n’avait « pas réussi à protéger les aînés ». Une large part des décès dans le pays se situe en effet dans les maisons de retraites. Même si la plupart d’entre elles ont pris l’initiative d’interdire assez tôt les visites, le personnel qui y travaillait a connu une pénurie de matériel de protection et notamment de masques. Audrey Lebioda ajoute qu’aujourd’hui encore, il est très difficile de s’en procurer à cause d’une rupture de stock : « Dans la rue, très peu de gens en portent. »