Mythique scène du théâtre élisabéthain, le Théâtre du Globe, à Londres, a poussé un cri d’alarme. Fermé depuis le 18 mars 2020 à cause de l’épidémie du Covid-19, comme de nombreuses salles de spectacle, le théâtre fait part de ces grandes inquiétudes : sans une aide de la part du gouvernement, « nous ne serons pas capables de surmonter cette crise », écrit la direction dans un document transmis à une commission parlementaire en charge de la culture. Sans mentionner l’ampleur des pertes estimées, le magazine économique américain Forbes évoque la « plus grande menace pour son avenir depuis son ouverture en 1997 ».

Car, si le Globe bénéficie de l’aide gouvernementale d’urgence – « le job retention scheme » qui permet aux employeurs de mettre leurs salariés en chômage partiel – le théâtre n’est pas subventionné, comme l’indique son directeur général Neil Constable, via le compte Twitter du Globe : « Le programme de conservation des emplois du coronavirus nous a permis de continuer à fonctionner, mais comme nous ne recevons aucun financement public régulier comme d’autres organisations indépendantes, comme le Théâtre Old Vic, La Royal Academy of Arts ou le Royal Albert Hall, nous sommes dans une situation très précaire financièrement. »

À l’exception des « grands » musées nationaux – comme le British Museum ou la Tate Modern à Londres – qui, eux, bénéficient de fonds publics ou certains musées locaux, subventionnés par les municipalités, l’essentiel des institutions culturelles britanniques ne peut compter que sur leur billetterie.

Une aide urgente de 5 millions de livres

Le Théâtre du Globe estime ainsi avoir besoin d’au moins 5 millions de livres supplémentaires (5,6 millions d’euros) pour se maintenir à flot, soit 20 % de son chiffre d'affaires annuel.

Président de la commission parlementaire en charge de la culture, le député Julian Knight a exhorté les ministres à intervenir. « Que ce trésor national succombe au Covid-19 serait une tragédie », a-t-il écrit, dans une lettre adressée au secrétaire à la culture britannique, Oliver Dowden.

D’autant, qu’en période de confinement, rappelle Neil Constable, les captations mises en ligne par le Globe ont connu un franc succès : « Notre production de films gratuits sur notre chaîne YouTube a été regardée par 1,9 million de personnes depuis que nous avons commencé à proposer du streaming. En ce temps de crise nationale, le public témoigne donc d’un énorme appétit pour la culture, mais notre secteur ne peut pas remplacer ses revenus par des diffusions de films en ligne et des dons. »

Shakespeare en sept lieux

Le théâtre mène également des recherches sur Shakespeare, fondateur en 1599 du premier Globe – qui, après avoir brûlé en 1613, fut reconstruit puis démoli en 1645, avant de retrouver sa forme originelle en 1997. Il accueille plus d’un million de visiteurs chaque année. Le lieu, voué à l’histoire du Barde de Stratford, comprend également une bibliothèque, des archives et la réplique d’un théâtre jacobin du XVIIe siècle, éclairé à la bougie.