Nouvelle tournure pour la résolution judiciaire de l’incendie de l’usine Lubrizol, survenu le 26 septembre 2019, à Rouen (Seine-Maritime). Si l’on en croit nos confrères du Monde, qui ont eu accès au dossier d’instruction de l’enquête pénale, la responsabilité de l’usine Normandie Logistique a pris une nouvelle épaisseur. Selon les enquêteurs du pôle santé publique du tribunal de grande instance de Paris, le feu pourrait avoir pris sa source dans les entrepôts de ce site voisin.
L’hypothèse des radiateurs électriques recouverts
Et plus précisément au sein d’un vestiaire, exposé aux fuites d’eau par la toiture, selon le personnel qui l’utilisait. « La localisation du vestiaire de la société Normandie Logistique par rapport à la zone de départ de feu, sa vétusté, la présence de deux radiateurs électriques sur lesquels des vêtements auraient pu être posés afin de les sécher, laisse place à des interrogations », pointent les enquêteurs. La société Normandie Logistique n’a pas donné suite aux sollicitations du journal Le Monde.
En parallèle, les enquêteurs notent qu’« aucune intervention humaine » pouvant expliquer un début d’incendie n’a été constatée. Mais « la gestion et l’organisation de la société NL apparaissaient légères au regard de celles de Lubrizol ». Au total, près de 9 500 tonnes de produits sont partis en fumée le jour de l’incendie, dans les usines Lubrizol et Normandie Logistique.
Persuadés de la responsabilité de leur voisin, les dirigeants de Lubrizol et Frédéric Henry avaient déposé plainte contre X pour « destruction involontaire », le 30 septembre. Dès le 10 octobre 2019, Normandie Logistique et son président Sylvain Schmitt niaient toutefois tout rôle tenu par leur usine de 50 salariés (200 à Lubrizol) dans ce sinistre. « Les éléments recueillis par les experts sur les alarmes laissent penser que c’est impossible que l’incendie soit parti de chez nous. Ce sont des faits ». À cette heure, la justice ne partage visiblement plus le même avis.
Le 27 février 2020, le parquet de Paris a mis en examen la société Lubrizol France pour « déversement de substances nuisibles dans les eaux souterraines, superficielles ou de la mer » et « exploitation non conforme d’une installation classée, ayant porté une atteinte grave à la santé, la sécurité ou dégradé substantiellement la faune, la flore, la qualité de l’air, du sol ou de l’eau ».
En réaction à la révélation de nos confrères, le député LREM de Rouen Damien Adam estime que « cette conclusion renforce la pertinence de la proposition numéro six de [son] rapport » qui vise à « réduire les risques d’effets domino » en identifiant les risques « sur une zone entière et non installation par installation ».
Selon l’élu rouennais, le gouvernement devrait faire « de nouvelles annonces » fin juin, concernant « la gestion de crise et l’information » aux populations.
Le gouvernement et la ministre @Elisabeth_Borne ont fait de premières annonces à ce sujet dès février et de nouvelles annonces étaient prévues fin juin sur la gestion de crise et l’information. Je serai très vigilant à ce que le délai soit respecté malgré la crise du #COVID19fr.
— Damien ADAM (@damienadam76) May 20, 2020
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