[L'industrie c'est fou] Le plus grand défi de l'IA ? Tenter de comprendre Donald Trump
L'intelligence artificielle s'attaque à son plus grand défi : donner du sens aux paroles de Donald Trump, qui semblent souvent en manquer cruellement. Un challenge vertigineux.
Mis à jour
26 mai 2020
L'intelligence artificielle pour comprendre la bêtise humaine ? Voici abruptement résumé le projet d'un codeur américain raconté par le LA Times. Bill Frisching, fondateur de FactSquared, s'est lancé dans le projet d'une vie : créer un robot capable de décoder les paroles de Donald Trump, en catégorisant puis en analysant ses propos.
Car le président américain semble valser avec les temps, mélanger les verbes, mixer les mots, oublier la ponctuation - mais sa pensée suit tout de même un fil conducteur - le sien, tout personnel, qu'il convient donc d'analyser.
L'informaticien a d'abord fait ingérer à son robot 44 ans de paroles et d'écrits trumpiens, soit tout de même 11 millions de mots. Ca n'a pas été sans difficultés : le système a parfois planté face aux circonvolutions de certains discours, littéralement sans queue ni tête, avec d'infinis digressions, changements de temps, acrobaties lexicales...
Pour donner du sens à ce gloubi-boulga, l'IA a dû se débarrasser de ses vieux réflexes. Les IA apprennent habituellement sur la base des règles de la grammaire et de la syntaxe d'une langue. Or, "il ne s'agit pas de ponctuer comme si c'était de l'anglais, mais de ponctuer comme si c'était Trump", corrige l'informaticien. Il a donc fallu apprendre à l'IA à tout désapprendre.
Résultat : une certaine cohérence émerge de ce chaos. Le robot (nommé Margaret, en référence au personnage d'une assistante du président capable d'imiter sa signature dans la série A la maison blanche) a fait émerger des schémas de penser, des tics, occurrences.
Débit de parole et ton de la voix
Le robot analyse non seulement les mots, mais la façon de les prononcer. Son créateur prétend ainsi que Margaret "peut évaluer quand Trump est stressé, mesurer son calme et même imiter ce que Trump pourrait dire en public avant qu'il ne le fasse". Elle sait aussi très bien "quand Trump est vraiment en colère et quand il ne fait que se donner en spectacle". Comment y parvient-elle ? En "gardant une trace des pauses de Trump, des gestes de ses mains, de son débit, des types d'adjectifs qu'il utilise, des écarts par rapport à son vocabulaire habituel et du ton de sa voix, entre autres facteurs", indique le journal américain.
Quelques données : Trump parle presque toujours vite, environ 220 mots par minute, lorsqu'il est hors script, bien plus vite que la moyenne nationale d'environ 110 à 150 mots par minute. Et contrairement à la plupart des gens, qui temporisent et bafouillent ou se sentent mal à l'aise lorsqu'ils s'apprêtent à dire quelque chose de faux, Trump accélère, utilisant des phrases de remplissage - "Tout d'abord", "Ils parlent", une sorte de mise en chauffe avant d'atteindre sa vitesse de croisière, ce que Frischling appelle son "mode vendeur".
Trop fou pour être crédible ? L'IA peut dans certaines circonstances détecter des modèles dans des foules de données trop complexes pour l'esprit humain. En voilà un exemple saisissant.
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