Ionesco : pourquoi il faut défendre la culture

Eugène Ionesco
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Ionesco : pourquoi il faut défendre la culture #CulturePrime
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Ionesco : pourquoi il faut défendre la culture

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Archive | En 1978, l'auteur de "La Cantatrice chauve" est en colère. Pour le dramaturge d'origine roumaine, la culture est en péril et il faut la défendre à tout prix. Des propos qui résonnent plus de 40 ans plus tard avec la crise que traversent l'art et la création, toutes disciplines confondues.

En 1978, Eugène Ionesco, dramaturge d'origine roumaine exilé en France depuis de nombreuses années, auteur de succès comme La Cantatrice chauve ou Les Chaises, s'entretient pour la télévision française de son rapport à l'art, à la politique, à l'existence. Il donne son avis tranché et acerbe sur l'état de la scène culturelle française. En pleine Guerre froide, alors qu'il exèrcre les dogmatismes, les régimes autoritaires de l'Est et les artistes qui en chantent les louanges, lui qui incarne le "théâtre de l'absurde" rappelle le rôle unique de la culture pour réunir les êtres humains. Une mission à défendre, à tout prix. 

Fictions / Théâtre et Cie

Eugène Ionesco : "Les hommes politiques ne savent absolument pas quelle est l’importance de la culture. 

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Dans notre monde déspiritualisé, la culture est encore la dernière chose qui nous permette de dépasser le monde quotidien et de réunir les hommes. La politique les sépare, et seule la culture peut les réunir. 

Les gens qui sont à la tête de l’État sont également de mauvaise foi. Ils continuent de gouverner un monde qui est dans le chaos, qui est ingouvernable. C’est d’ailleurs le fait de l’homme moderne, comme le dit mon ami Emil Cioran, qui disait “l_’homme moderne bricole dans l’incurable_.” Eh bien c’est ce que je fais moi aussi, et c’est ce que nous faisons tous. 

Je crois que nous assistons à un énorme abrutissement dont les intellectuels sont en grande partie coupables. Nous ne vivons pas un moment de culture. Qu’est-ce que c’est que cette vie culturelle ? Eh bien c’est de faire que les gens puissent penser chacun dans sa solitude et apportant au groupe le fruit de ses méditations, pour que l’individu s’épanouisse, pour qu’il pense. 

Eh bien dans ce monde de civilisation dans lequel nous sommes entrés, et dans lequel les scientifiques ont une grande part, ce sont les scientifiques justement qui s’éveillent à la vie culturelle, c’est-à-dire à l’humanisme. 

Vous savez que maintenant, pendant que nous parlons, le monde est en feu et en flammes, et je vous avoue que malgré tout, moi-même, je suis heureux quand minuit arrive et que je peux me coucher, et dormir."