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Des armes écologiques, un argument de vente qui tue

Sous-marins solaires et lasers bas carbone sont créés pour défendre l'idée d'une guerre plus verte.

Même à cette échelle, ces engins à canons doivent consommer plus qu'une 106. | Gérard Julien / AFP
Même à cette échelle, ces engins à canons doivent consommer plus qu'une 106. | Gérard Julien / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Vice

Les fabricants d'armes ne veulent pas être les victimes de la transition énergétique, mais en tirer profit. C'est ce que révèlent des documents rendus publics par Vice et Unearthed.

L'industrie redoute que l'impératif de baisse des émissions ne nuise aux commandes de matériels polluants comme les tanks, les avions et les bateaux. Elle veut donc commercialiser des armes «vertes».

Dans un rapport soumis à l'ONG Carbon Disclosure Project (CDP), qui demande aux entreprises de détailler leurs engagements pour le climat, le géant américain Raytheon annonce vouloir investir dans des «armes utilisant des micro-ondes à grande puissance», qui peuvent par exemple détruire des drones, et des «armes laser à haute énergie».

Le britannique BAE Systems fournit notamment des équipements à l'armée de l'air saoudienne et joue la carte de l'adaptation au changement. Dans son rapport à CDP, il explique tester ses matériels pour «une gamme de températures plus large que celle autrefois spécifiée pour des produits similaires», en réaction au changement climatique, notamment au Moyen-Orient.

Entre greenwashing et opportunisme

Le ministère de la Défense britannique souhaite réduire ses déchets en réutilisant les emballages des munitions. L'américain Lockheed Martin, «première entreprise mondiale de défense et de sécurité», vante ses investissements dans la société californienne Ocean Aero, qui fabrique des sous-marins à énergie solaire.

Lockheed Martin utilise aussi la biomasse dans ses locaux new-yorkais. Et Northrop Grumman, autre géant américain de la défense, annonce avoir réduit ses émissions de gaz à effets de serre de 30% par rapport à 2010. Il faut dire que l'armée américaine génère plus de CO2 que le Portugal ou la Suède.

Mais l'industrie perçoit aussi le changement climatique comme une aubaine. Lockheed Martin dit travailler avec les gouvernements pour surveiller l'effet de serre. Le français Thales prévoit une hausse de la demande pour ses technologies météo. Le marché des équipements requis pour les opérations humanitaires semble également porteur.

La crise environnementale pourrait aussi bénéficier à l'industrie en accroissant l'instabilité et les conflits armés dans le monde. Dans son rapport envoyé à CDP, Thales explique que le changement climatique représente des «opportunités financières» dans le domaine de la «sécurité publique». Chassez le naturel, il revient au galop.

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