Grand témoin : Annette Beaumanoir : épisode • 2/4 du podcast Résistance, mais où sont passés les "jours heureux" ?

Anne Beaumanoir, surnommée Annette, à dix-sept ans en 1940 - Wikimedia Commons
Anne Beaumanoir, surnommée Annette, à dix-sept ans en 1940 - Wikimedia Commons
Anne Beaumanoir, surnommée Annette, à dix-sept ans en 1940 - Wikimedia Commons
Publicité

À travers le portrait d'une femme engagée, c’est l’esprit de la résistance qui se dessine. Résistante à dix-sept ans en Bretagne, à Paris, et à Lyon dans les réseaux de Jean Moulin, Annette Beaumanoir nous parle de l'esprit de résistance.

Avec
  • Anne Beaumanoir Neurobiologiste et psychiatre retraitée. Résistante durant la Seconde Guerre mondiale.

"Beaumanoir personnifie la résistance". Voilà ce que l'on peut lire dans une revue des années quarante. Oui, mais la résistance à quoi ? "Beaumanoir personnifie la résistance à l'invasion". Oui, mais à quelle invasion ? "L'invasion du droit romain dans la législation féodale". Voilà la raison pour laquelle Beaumanoir est considéré comme personnifiant la résistance, mais cela dans la Revue de la bibliothèque de l'École des chartes. Il s'agit ici de Philippe de Beaumanoir, un jurisconsulte du XIIIe siècle. La revue date bien des années quarante, mais des années 1840, 1847 précisément.

Un siècle plus tard, dans d'autres "années quarante", il est également possible de dire que Beaumanoir personnifie la résistance. Cette fois, il s'agit d'Anne Beaumanoir, dite Annette, résistante au sens où elle a participé au mouvement de lutte contre l'occupation des armées allemandes, où elle s'est battue pour sauver d'autres humains à qui l'on avait demandé de porter une étoile jaune. Annette Beaumanoir est résistante dans un sens plus large encore puisque sa vie entière, la lutte contre l'oppression de toute forme, a été sa ligne de conduite. Elle incarne l'esprit de la résistance, un concept difficile à définir. D'ailleurs faut-il parler de l'esprit de résistance ou bien de l'esprit de la résistance ?

Publicité

Annette Beaumanoir, le choix de la résistance

"Le choix de devenir une résistante était facile. Il y avait ceux qui se bouchaient le nez, les oreilles et tout ce que vous voulez ; mais la plupart des gens qui regardaient en face ce que nous étions en train de vivre étaient obligés de faire un choix. Par chance, je crois que j'ai fait le bon choix, celui d'entrer dans la résistance", confie Annette Beaumanoir.

Annette Beaumanoir est neurobiologiste et psychiatre retraitée. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, elle n’a que dix-sept ans et s’engage dans la résistance. Maquisarde dans les réseaux de Jean Moulin à Lyon, elle milita au sein du Parti communiste clandestin. Elle sauve des enfants juifs à Paris et reçoit à ce titre la médaille des Justes parmi les nations.

"Je voulais être résistante. Mais comment faire ? On ne se baladait pas avec une pancarte, il me fallait donc chercher l'opportunité", raconte Annette Beaumanoir. "Je faisais partie des associations appelées les auberges de jeunesse – ce n'est pas du tout les auberges de jeunesse d'aujourd'hui – inaugurées en 1936. Ces auberges de jeunesse réunissaient garçons et filles – ce qui était tout à fait rare à l'époque. C'était un lieu où on discutait énormément, notamment de politique (…). Je fréquentais un lieu où le père aubergiste discutait avec les jeunes. J'ai compris que ce monsieur était sûrement dans la résistance. (…) Je répondais à ses discours en essayant de lui faire comprendre que moi, j'aimerais bien être dans la résistance. À un moment, ça a fait tilt et il m'a présentée à des responsables du Front national – pas celui d'aujourd'hui – qui venait de se créer en avril 1941 à Rennes".

Annette Beaumanoir a consigné ses souvenirs dans son ouvrage Le Feu de la mémoire paru aux éditions Bouchène en 2000 et réédité en 2009. La romancière allemande Anne Weber a fait paraître une biographie à son sujet intitulée Annette, une épopée en mars 2020 aux éditions du Seuil. Un documentaire a également été réalisé par Nina et Denis Robert en 2018, Une vie d’Annette, diffusé sur France 3.

Sons diffusés dans l'émission

  • Archive : Un pardon en Bretagne, Par monts et par vaux, dans les Actualités françaises, le 23 septembre 1942
  • Musique : Isaltiyen par Idir et Alan Stivell
  • Lecture par Olivier Martinaud : Extrait d'un article du Monde daté du 13 novembre 1959

L'équipe