Jamais les niveaux de CO2 atmosphérique n’ont été aussi hauts en 23 millions d’années

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Les niveaux de CO2 dans l’atmosphère, au coeur du problème climatique, n’ont jamais été aussi hauts au cours de ces 23 derniers millions d’années, confirme une étude.

Nous avons, au cours de ces dernières années, battu quelques tristes records sur le plan climatique. En 2016 notamment, le pôle Sud est devenu la dernière région de la Terre à dépasser une concentration de 400 parties par million (ppm). En mai 2019, l’Observatoire du Mauna Loa, à Hawaï, a également enregistré une concentration de CO2 atmosphérique 415,26 ppm.

L’argument qui revient souvent sur la table dans le but de remettre en cause le réchauffement climatique est celui des taux importants de CO2 atmosphérique durant les périodes géologiques passées. Mais force est de constater que, plus on se penche sur le problème, plus il apparaît que les niveaux actuellement essuyés sont sans égal.

Jamais le genre homo n’a connu une telle concentration de CO2

Des analyses antérieures faites à partir de carottes glaciaires nous avaient déjà révélé que ces valeurs n’avaient jamais atteintes au cours des derniers 800 000 ans. Avant l’ère industrielle, elles paraissaient alors osciller entre 180 ppm et 280 ppm.

Pour remonter plus loin dans le passé, il faut recourir à d’autres méthodes. L’une d’elles repose sur l’analyse des paléosols. Il y a quelques mois, une équipe de chercheurs avait analysé les carbonates – qui enregistrent le dioxyde de carbone atmosphérique dans le temps – des sols au niveau du plateau Huangtu en Chine.

Cette étude, parue dans Nature Communications, avait permis de constater une teneur moyenne en dioxyde de carbone de 250 ppm au cours des 2,5 millions d’années. En outre, nous apprenions que ces valeurs n’avaient jamais dépassé 320 ppm.

Ainsi « depuis le premier Homo erectus – il y a 2,1 à 1,8 million d’années – jusqu’en 1965, nous vivions dans un environnement pauvre en dioxyde de carbone« , avait écrit Yige Zhang, co-auteur du papier. « L’environnement actuel riche en CO2 n’est pas seulement une expérience pour le climat et l’environnement. C’est aussi une expérience pour nous-mêmes« .

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Évolution de la concentration en CO2 sur les 2,6 derniers millions d’années. En gris les données tirées des glaces polaires. En carrés bleus, celles issues de l’analyse des paléosols du plateau Huangtu. Crédits : J. Da & al. 2019.

Du jamais vu en 23 millions d’années

Mais peut-on remonter encore plus loin encore ? Oui, mais encore faut-il savoir où chercher. Dans le cadre d’une récente étude, les géologues de l’Université de Louisiane expliquent être parvenus à remonter plusieurs millions d’années dans le passé en examinant les restes fossiles de plantes.

Lorsqu’elles poussent, les plantes absorbent le dioxyde de carbone de l’atmosphère. Leurs tissus conservent alors certains isotopes stables du carbone, en particulier le carbone 12 et le carbone 13. Les plantes se fossilisent alors, conservant avec elles toutes ces informations. Si nous avons la chance de les retrouver, les scientifiques peuvent alors analyser ces informations, et déterminer la concentration de CO2 présente dans l’atmosphère sous laquelle ces plantes ont évolué.

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Les restes de plantes terrestres utilisés pour calculer la quantité de CO2 dans l’atmosphère. Crédits : A. Hope Jahren.

Il est finalement ressorti de cette étude, publiée dans la revue Geology, que les niveaux de CO2 ont principalement oscillé entre environ 230 ppm et 350 ppm au cours des derniers 23 millions d’années. Là encore, cela reste encore bien en-dessous des niveaux post-industriels.

En outre, cette nouvelle « chronologie » du CO2 n’a révélé aucune preuve de fluctuations qui pourraient être comparables à l’augmentation spectaculaire que nous enregistrons depuis le début de l’ère industrielle.

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