L’incident s’est produit le 29 mai à la centrale électrothermique TET-3 de Norilsk, filiale du géant énergétique Nornikel, rapporte le quotidien Kommersant ce jeudi 4 juin. Un réservoir de gazole se serait dépressurisé, ce qui a provoqué la fuite de carburant sur la route et les environs. Une voiture s’est enflammée, provoquant un incendie sur 350 m2. Le réservoir s’est alors vidé de 21 000 tonnes de gazole, qui se sont déversées dans les ruisseaux à proximité ainsi que dans la rivière Ambarnaïa, et son affluent, le Daldykan.

Le Kremlin tenu dans l’ignorance pendant cinq jours

Moscou n’a été mis au courant de cet accident que le 3 juin, ce qui a provoqué une “colère froide” chez Vladimir Poutine. Comme en témoigne le journaliste de Kommersant Andreï Kolesnikov, le maître du Kremlin ne s’est pas montré aussi énervé pendant les deux mois de confinement qu’il ne l’a été ce jour-là.

Selon Nornikel, la dépressurisation du réservoir est la conséquence d’un mouvement du sol dû au réchauffement du permafrost (sol gelé en profondeur). Cependant, ce phénomène étant une donnée constante et fort bien connue des territoires du Grand Nord russe, “on peut se demander si la surveillance des équipements, qui doit être constante, a bien été assurée”, remarque le directeur de l’institut d’écologie de l’École supérieure d’économie, Boris Morgounov.

Impact écologique pendant des années

La compagnie Nornikel s’est déclarée en mesure de nettoyer le territoire fluvial en dix à quatorze jours : plusieurs lignes de barrages flottants ont été installées sur les cours d’eau, 340 tonnes de carburant ont été pompées au 3 juin et 800 m3 de terre contaminée évacués. La question de brûler le carburant est également à l’étude. Cependant, le ministre de l’Écologie, Dmitri Kobylkine, a émis publiquement des doutes sur la possibilité de la “liquidation elle-même” de la catastrophe.

Pendant que l’entreprise et les pouvoirs publics règlent leurs comptes, les experts estiment que les conséquences de l’avarie auront un impact écologique sur la région pendant de nombreuses années. Pour Vassili Iablokov, expert de Greenpeace Russie, si la surface des eaux et du sol peut être nettoyée en deux semaines, la revégétalisation des sols nécessitera beaucoup plus de temps.