L’effet-miroir des événements américains a un impact universel

Tiananmen à Washington ? La caricature du dessinateur américain Bill Bramhall, sur son compte Twitter - Bill Bramhall
Tiananmen à Washington ? La caricature du dessinateur américain Bill Bramhall, sur son compte Twitter - Bill Bramhall
Tiananmen à Washington ? La caricature du dessinateur américain Bill Bramhall, sur son compte Twitter - Bill Bramhall
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De Justin Trudeau au Canada, aux manifestants français pour Adama Traoré, les images des États-Unis résonnent dans le monde entier, et touchent une corde sensible. Les États-Unis agissent comme un miroir tendu au reste du monde.

L’impact du mouvement qui secoue l’Amérique depuis dix jours va bien au-delà de l’intérêt habituel pour ce qui se passe dans la première puissance mondiale. L’onde de choc traverse les sociétés de pays très différents, dans lesquels il touche une corde sensible.

On l’a ressenti ces derniers jours sous plusieurs formes, du Canada à l’Asie ou à la France. Le racisme, la violence policière, le recours à l’armée ou les attaques contre les journalistes, ces thèmes résonnent aux quatre coins du monde.

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Il y a d’abord eu ce long silence de 21 secondes de Justin Trudeau, en réponse à une question sur ces événements. Le premier ministre canadien s’est alors lancé dans un long développement sur le racisme … au Canada ! "Les Canadiens noirs et les Canadiens racisés vivent la discrimination comme une réalité chaque jour", a-t-il dit avec honnêteté, là où il aurait pu se contenter de commenter la gestion de Donald Trump avec lequel il a des relations exécrables.

Cette question est évidemment universelle, et les images d’Amérique ont suscité des appels à l’introspection ailleurs dans le monde. La porte-parole du gouvernement taiwanais, Kolas Yotaka, elle-même issue d’un peuple aborigène de l’île, a tweeté : "le racisme anti-noirs existe partout, même à Taiwan. Il est temps de nous examiner nous-mêmes, nos propres discriminations contre les humains à la peau plus sombre, d’où qu’ils soient". 

Le sujet est plus brûlant encore lorsqu’il croise, comme aux États-Unis, celui de la violence policière. On l’a vu dans le rassemblement à Paris mardi, mêlant les mémoires de George Floyd et d’Adama Traoré, ce Français noir de 24 ans, mort en 2016, peu après son interpellation. Il aura fallu l’effet miroir des protestations américaines pour susciter, à Paris, la plus grande manifestation depuis bientôt quatre ans sur cette affaire.

Paradoxalement, le coronavirus est aussi passé par là, avec le coup de projecteur sur les minorités ethniques en première ligne dans le maintien des services essentiels pendant le confinement, payant de ce fait un lourd tribut. De quoi rendre plus insupportable encore la poursuite d’un racisme presque routinier.

Les États-Unis, on le sait, sont un pays-monde, aux particularismes très forts, mais aussi un miroir dans lequel nous retrouvons tous un peu de nous-mêmes.

Hier, un caricaturiste américain a montré cette interconnexion, en reprenant la fameuse scène de l’homme qui stoppe une colonne de chars Place Tiananmen, à Pékin. Sauf que là, ça se passe à Washington, et que le pilote du premier char ressemble à… Donald Trump. C’était hier le 31ème anniversaire du massacre de Tiananmen, et Trump, qui accable de reproches le régime chinois, voulait envoyer son armée contre ses propres manifestants. 

Au Moyen Orient, beaucoup ont fait le parallèle avec les "printemps arabes", et le recours à la force contre les protestataires…

Sans doute faut-il y voir la mondialisation des informations, des images, des émotions. L’introspection inévitable de l’Amérique est aussi un peu la nôtre.

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