10 œuvres d’art pour alerter sur le climat

10 œuvres d’art pour alerter sur le climat
Antony Gormley, Exposure, 2010. Photo Wikimedia Commons/Txllxt TxllxT

Plongez dans les œuvres de dix artistes contemporains qui alertent sur l'état actuel de la planète bleue.

Réchauffement climatique, sécheresse, montée du niveau de la mer, extinction des espèces… De nos jours, la Terre est mise à rude épreuve. Et c’est malheureusement loin d’être fini. Pour sensibiliser le public aux enjeux environnementaux, de nombreux artistes contemporains créent des œuvres qui interpellent sur le climat. Quoi de mieux que l’art, un langage universel, pour aborder le sujet ? Tour d’horizon de 10 œuvres d’art du XXIe siècle qui font réfléchir.

1. Weather Projet d’Olafur Eliasson

En 2003, le plasticien danois Olafur Eliasson a exposé son Weather Project dans le Turbine Hall de la Tate Modern, à Londres. Composée d’un grand soleil jaune, l’installation éclairait la pièce et les visiteurs. Au-delà de l’expérience sensorielle, Weather Project reproduit ici le soleil, un élément naturel connu de tous, pour rapprocher l’homme de la nature. Les visiteurs prennent ou non le temps de le contempler, de méditer, voire de se remémorer des souvenirs liés à l’astre. Inspiré peut-être par le confinement, Olafur Eliasson a dernièrement sorti une application intitulée Wunderkammer (soit cabinet de curiosités en français) pour reconnecter les utilisateurs à la nature. Celle-ci permet de reproduire chez soi les effets naturels tels qu’une aurore boréale ou un nuage grâce à la réalité augmentée.


2. I don’t believe in global warming de Banksy

Connu pour ses œuvres qui se jouent du marché de l’art, Banksy est également réputé pour être un artiste militant. Anti-Brexit, défense des migrants, dénonciation du conflit israélo-palestinien… Le plus célèbre des Street Artistes anonymes est sur tous les fronts. Parmi les causes qu’il défend, on retrouve la sensibilisation face au réchauffement climatique. En 2008, il a graffé en lettres capitales rouges : « I don’t believe in global warming », sur un mur du Regent’s Canal à Londres. Cette œuvre à moitié submergée par l’eau est la réponse de l’artiste de rue au sommet des Nations Unies sur le climat à Copenhague où des pays comme les États-Unis, la Chine et le Brésil ne se sont pas engagés à prendre des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique. Avec son sarcasme légendaire, Banksy a ainsi réagi à l’absurdité de la négation des enjeux environnementaux de la part des grandes puissances mondiales.


3. Pollution Pods de Michael Pinsky

En 2018, Michael Pinsky a installé Pollution Pods, cinq dômes simulant des environnements aux conditions atmosphériques différentes pour offrir un drôle de voyage aux visiteurs. Dans la cour du Somerset House à Londres, le premier dôme reproduit l’air pur de Tautra en Norvège, le second celui de la capitale britannique, le troisième de New Delhi, le quatrième de Pékin et le dernier de Sao Paulo. Ces quatre dernières villes possèdent la plus mauvaise qualité de l’air au monde. À travers ces expositions aux différentes pollutions, le visiteur prend immédiatement conscience de la qualité de l’air. « On estime qu’un Londonien exposé aux niveaux actuels de pollution perd jusqu’à 16 mois de sa vie. Pour un résident de New Delhi, la pollution pourrait réduire son espérance de vie d’environ 4 ans », précisait la Somerset House lors de l’exposition des Pollution Pods. 

Michael Pinsky, Pollution Pods, Somerset House. Photo Flickr/Marco Verch

Michael Pinsky, Pollution Pods, Somerset House. Photo Flickr/Marco Verch


4. Antarctica World Passport de Lucy et Jorge Orta

Dans le cadre d’un projet de recherche d’artistes qui explore des sujets liés à l’environnement, la politique ou encore l’habitat, les artistes Lucy et Jorge Orta ont créé l’Antarctica Wolrd Passport. Avec le plus grand désert de glace du monde et ses glaciers contenant 70% de l’eau douce de la planète, l’Antarctique possède un écosystème unique gravement menacé par le réchauffement climatique. Avec la hausse de température, ce continent dédié à la recherche scientifique est en voie d’extinction. Ces Antarctica World Passport, faits en édition limitée que l’on peut acheter sur la boutique du Studio Orta, symbolisent l’espoir de la sauvegarde du continent austral pour les générations futures.

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Publiée par Studio Orta sur Dimanche 8 décembre 2019


5. Support de Lorenzo Quinn

Les villes européennes ne sont pas immunisées face à l’urgence climatique. Loin de là. Lors de la Biennale de Venise 2017, Lorenzo Quinn a installé Support, une sculpture monumentale qui souligne les risques qu’encourt la ville italienne. Composé de géantes mains sortant du Grand Canal, Support semble maintenir hors de l’eau l’hôtel vénitien historique Ca’ Sagredo. « J’espère que mon œuvre attirera l’attention sur la catastrophe mondiale à laquelle nous sommes confrontés », précisait alors l’artiste. Avec le réchauffement climatique, la fonte des glaces et par conséquent la montée du niveau de l’eau, la lagune de Venise menace sérieusement d’être submergée.

Lorenzo Quinn, Support, Biennale de Venise 2017. Photo Flickr/Dimitris Kamaras

Lorenzo Quinn, Support, Biennale de Venise 2017. Photo Flickr/Dimitris Kamaras


6. Exposure d’Antony Gormley

En 2010, Antony Gormley a ancré sur un polder une sculpture gigantesque intitulée Exposure, tout près de la Ville de Lelystad (Pays-Bas). Au loin, elle ressemble à une silhouette d’homme accroupi, ce qui explique le surnom donné par les Néerlandais « de poepende man » (l’homme qui défèque en français), mais si on se rapproche, elle ressemble davantage à une masse métallique abstraite et chaotique. Une métaphore des conséquences désastreuses de l’activité humaine sur la planète ? Peut-être. Sans socle, ni protection, l’œuvre s’inscrit dans le paysage naturel qui l’entoure et est exposée aux mêmes conditions climatiques que l’environnement dans lequel elle se trouve. Un souhait de l’artiste : « Au fil du temps, si l’élévation du niveau de la mer signifie qu’il doit y avoir une élévation de la digue, l’œuvre se retrouvera progressivement enfouie », explique Antony Gormley.

Antony Gormley, Exposure, 2010. Photo Wikimedia Commons/Txllxt TxllxT

Antony Gormley, Exposure, 2010. Photo Wikimedia Commons/Txllxt TxllxT


7. Nymphéas Post Déluge II de Noël Dolla

Lors de la dernière édition de la Fiac hors les murs, en 2019, Noël Dolla a disposé 500 parapluies dans le plan d’eau du Jardin des Tuileries, à Paris. Avec le titre évocateur de Nymphéas Post Déluge II, l’artiste rend hommage directement aux œuvres de Claude Monet conservées au musée de l’Orangerie, à proximité du parc parisien. Cette version contemporaine du déluge et réinterprétation d’un chef-d’œuvre de l’histoire de l’art pourrait également faire penser au continent de plastique situé dans l’océan Pacifique, peuplé de déchets produits par l’activité humaine, qui s’étend sur environ 1,6 million de kilomètres.

Noël Dolla, Nymphéas Post déluge II, 2019, 500 parapluies, dimensions variables, Ceysson & Benetiere, Paris, Luxembourg, Saint-Etienne, New York (©Agathe Hakoun)


8. Ring, Sing and Drink for Trespassing de Laure Prouvost

Lors de sa première exposition personnelle dans une institution parisienne en 2018, Laure Prouvost a transformé le Palais de Tokyo en un espace où la nature reprend ses droits. Pour réaliser son exposition Ring, Sing and Drink for Trespassing, telle une immense installationLaure Prouvost s’est inspirée du réchauffement climatique et des conséquences tragiques de l’activité humaine sur la nature, en proposant par exemple une version Tchernobyl du jardin d’Éden.

Laure Prouvost, vue de l'exposition "Ring, Sing and Drink for Trespassing" au Palais de Tokyo, 2018. Photo Flickr/Jean-Pierre Dalbéra

Laure Prouvost, vue de l’exposition « Ring, Sing and Drink for Trespassing » au Palais de Tokyo, 2018. Photo Flickr/Jean-Pierre Dalbéra


9. Tierra del Fuego d’Angelika Markul

Pour son exposition personnelle au Musée de la Chasse et de la Nature en 2018, la lauréate du prix COAL Art et Environnement 2016 Angelika Markul a présenté Tierra del Fuego, un ensemble d’œuvres plastiques portant sur la disparition d’un paysage de glaciers. Pour ce faire, l’artiste franco-polonaise s’est inspirée de l’archipel Terre de Feu en Patagonie, qui disparaît progressivement à cause du changement climatique, à l’instar de la civilisation amérindienne. En complément aux œuvres présentées, Angelika Markul a projeté son film La Mémoire des glaciers qui montre directement l’accélération du processus de la fonte.


10. Aerocene de Tomás Saraceno

Connu pour ses sculptures flottantes, en 2015, Tomás Saraceno a investi l’intérieur du Grand Palais lors de la Cop21. À cette occasion, l’artiste argentin, qui est passé par le programme international d’études spatiales de la NASA Ames, a mêlé une fois de plus physique et art pour proposer une installation spectaculaire. L’œuvre, composée de deux ballons propulsés par un principe dynamique d’air et de chaleur, illustrait un vol solaire, une première dans l’histoire de l’art. Cette installation fait écho à son projet Aerocene, composé d’une série de sculptures destinées à flotter dans l’espace, se déplaçant grâce à la chaleur du soleil et le rayonnement de la surface de la Terre, pour réaliser un tour du monde sans utiliser de carburant fossile. Tomás Saraceno invitait alors les visiteurs à réfléchir sur les modes contemporains de déplacement sur Terre. La réflexion sur le rapport de l’homme à l’environnement n’est pas inhabituel dans l’oeuvre de l’artiste. En 2018, lors de sa carte blanche au Palais de Tokyo, il exposait une installation semblable à une toile d’araignée, comme une métaphore poétique d’un rapport idéal avec l’environnement.

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