Publicité

Il y a 80 ans, Dunkerque: la résistance héroïque des Français face à la ruée allemande

La bataille de Dunkerque. WATFORD/©Mirrorpix/Leemage

FIGAROVOX/CHRONIQUE - La bataille de Dunkerque s’achève le 4 juin 1940. Le sacrifice de nombreux soldats français qui défendaient le camp retranché -injustement oublié- a permis l’évacuation par mer de la grande majorité du corps expéditionnaire britannique et de 120 000 soldats français, raconte Henri-Christian Giraud.

Henri-Christian Giraud est journaliste. Ancien directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine, il est l’auteur de plusieurs ouvrages remarqués comme Une histoire de la révolution hongroise de 1956 (éd. du Rocher, 2016). Dans le récent numéro du Figaro Histoire «1940: la plus grande défaite de l’histoire de France» (132 pages, 8,90 €, en vente sur le Figaro Store (en format papier ou digital) et en kiosque), Henri-Christian Giraud signe un passionnant article de fond sur les clés du désastre militaire français.


C’est le 25 mai à l’aube que le War Office donne l’ordre au général Gort, le chef du British Expedionnary Force, d’ «opérer immédiatement vers la côte» où l’attend la flotte de l’ opération «Dynamo» montée dès le 19 mai, à Douvres, par l’amiral Bertram Ramsay.

Sans en référer au commandement français, le corps expéditionnaire britannique se met aussitôt en route vers Dunkerque, abandonnant à elles-mêmes sept divisions de la 1ère armée française (ou ce qu’il en reste: l’équivalent de trois divisions) qui, aux ordres du général Molinié, vont défendre si héroïquement Lille et ses faubourgs six jours durant que le général von Reichenau, commandant la 6ème armée allemande, leur accorde les honneurs de la guerre. Et le 1er juin, trois compagnies françaises en armes défilent sur la Grand-place de Lille devant le général Waeger, chef du 27e corps d’armée de la Wehrmacht, représentant de von Reichenau, entouré de son état-major et d’une compagnie qui présente les armes au vaincu.

Le bilan est lourd puisqu’en combattant jusqu’à épuisement de leurs munitions, les troupes françaises laissent 40 000 prisonniers au mains de l‘ennemi dont, parmi une demi-douzaine de généraux, Juin et Prioux, le vainqueur de Hannut. Mais Churchill lui-même reconnaît dans ses Mémoires que c’est leur résistance qui a rendu possible l’opération «Dynamo»: «Ces Français, écrit-il, sous le valeureux commandement du général Molinié, avaient durant quatre jours critiques contenu pas moins de sept divisions allemandes qui, autrement, auraient pu prendre part aux attaques sur le périmètre de Dunkerque. Ces troupes apportèrent ainsi une splendide contribution au salut de leurs camarades plus favorisés et du corps expéditionnaire britannique

Des troupes françaises de la 1ère armée, parvenant à échapper à l’encerclement des armées du Nord, ont assuré la défense du périmètre de Dunkerque

Le haut commandement allemand est d’ailleurs parfaitement conscient des effets de cette résistance acharnée. «Il n’accepta pas, écrit le colonel Jean Delmas, que l’on perdît plus de temps à rendre les honneurs de la guerre. Le général von Bauchitsch, commandant en chef de l’armée de terre, tança vertement le général Waeger pour son attitude chevaleresque et ordonna que, dorénavant, il soit rendu compte à l’autorité supérieure de tous pourparlers de capitulation» (Mai-juin 1940, Les combattants de l’honneur, Copernic, 1980).

Réaction d’autant plus compréhensible que ce sont encore des troupes françaises de la 1ère armée qui, parvenant à échapper à l’encerclement des armées du Nord, vont assurer la défense du périmètre de Dunkerque.

Lorsque le général Janssen y parvient le 29 mai à la tête de la 12ème Division d’infanterie motorisée (D.I.M) réduite à 8 000 hommes exténués, le décor qui s’offre à ses yeux est proprement apocalyptique. «De tous côté, il y a des brasiers, se souvient le capitaine Pommery du 3ème Bureau de la division. Ce sont des maisons qui flambent ou des bateaux qui se consument. Une extraordinaire armada attend, dans le port ou au large des plages, les détachements britanniques et on distingue nettement les files humaines qui pénètrent dans l’eau à la rencontre des chaloupes. Bien entendu, la Luftwaffe se rue à la curée et elle pilonne sans arrêt les carrefours, les plages, les môles et les bateaux. Des centaines de flocons bleus de la DCA escortent ses formations. L’artillerie allemande à longue portée vient de se manifester et ses salves espacées commencent à s’abattre sur le port, les abords du bastion et les ruines de l’arsenal.» (Archives militaires françaises, Vincennes.)

La veille, 28 mai, seulement 17 804 Anglais sont parvenus à embarquer. Les bassins et la rade sont encombrés de coques éventrées et de cadavres qui dansent dans les remous des sillages. Des 693 navires de tout tonnage et de tous types (chalutiers, bateaux de pêche, yachts de plaisance, remorqueurs, etc) qui contribuent à l’évacuation, 226 seront détruits, dont La malle Queen of the Channel et 6 destroyers. Entre autres.

Les Stukas piquent sur les navires dans le hurlement des sirènes comme des aigles sur leurs proies.

L’embarquement se poursuit simultanément au môle ouest (ou Embecquetage), au môle est, et sur les plages. De longues files d’hommes attendent, les pieds dans l’eau, les chapelets d’embarcations qui les conduiront jusqu’aux navires arrêtés à la limite des petits fonds. Tout ça sous le ballet incessant des Stukas qui piquent sur les navires dans le hurlement des sirènes comme des aigles sur leurs proies.

La noria continue jour et nuit. Pour sauver son corps expéditionnaire, à l’époque ses seuls soldats, l’Angleterre a lancé dans la bataille les forces aériennes qu’elle gardait jusque-là précieusement pour sa propre défense: 16 escadrilles du Fighter Command, dont les fameux Spitfire, ont pour mission d’assurer au-dessus de Dunkerque une couverture de l’aube au crépuscule: elles abattront 262 appareils allemands et perdront 133 des leurs.

Au bastion 32, PC de l’amiral Abrial, responsable de la défense de Dunkerque, Janssen, qui a reçu mission du général de La Laurencie d’embarquer au plus vite sa division afin d’évacuer le maximum de combattants en Angleterre et de là en France pour leur faire reprendre le combat sur la Somme, s’entend prescrire une nouvelle mission par le général Fagalde: défendre le flanc est de la tête de pont, la région des Moëres, très menacée par l’avant-garde de la 9ème Panzer.

Mission de sacrifice. «Comment le général Janssen, si conscient de l‘état d’épuisement des hommes de sa division, comment les chefs de corps, comment les capitaines convainquent-ils leurs hommes, arrivés à portée d’embarquement, qu’il leur faut reprendre le combat et faire face?» se demande l’historien. C’est ainsi pourtant: après trois semaines d’enfer, les unités acceptent de tourner le dos aux môles d’embarquement et de faire face à l’adversaire avec pour seule promesse: vous embarquerez les derniers.

Toutes unités confondues, l’ensemble des défenseurs de Dunkerque représente environ 40 000 hommes. Ils font face à un ennemi trois fois plus nombreux.

La personnalité du chef y est pour beaucoup: ce polytechnicien de 56 ans, à la tête de sa division depuis avril 1939, a conquis l’estime et l’affection de ses subordonnés pour sa compétence et son sens de l’humain. Mais il y a plus: son calme rassure et la confiance qu’il inspire est communicative.

Aussitôt, Janssen rameute tout ce qu’il peut, y compris les personnels plus ou moins égarés, rééquipe les hommes avec du matériel abandonné (quelques chars ici ou là) et organise la défense du réduit de Dunkerque formant un trapèze, dont le rivage entre Mardyck et la frontière belge constitue la base. La face Ouest, de Mardyck à Spicker est tenu par la 68ème D.I. du général Beaufrère ; la face Sud suit les canaux de la Haute et de la Basse-Colme de part et d’autre de Bergues et elle est à la charge des troupes du secteur fortifié des Flandres (S.F.F.) renforcées par le 137 R.I. et un bataillon des Loyals qui, sans préavis, se retirera le 1er juin vers le port. Quant à la face Est, le secteur propre de la D.I.M., elle court de Hondschoote jusqu’à la mer.

Janssen installe son P.C. à Malo-terminus et établit sa principale ligne de résistance sur le canal des Chats.

Toutes unités confondues, l’ensemble des défenseurs de Dunkerque représente environ 40 000 hommes. Ils font face à un ennemi trois fois plus nombreux (six divisions), disposant de moyens aériens et blindés considérables et qui, pressé d’en finir, cherche maintenant une percée directe sur Dunkerque. L’issue ne fait guère de doute, mais l’acharnement des défenseurs permet de freiner l’avance allemande et, à la Navy, dans des conditions absolument dantesques, de parvenir à évacuer progressivement les troupes du BEF.

Au soir du 29 mai, 47 310 anglais sont parvenus à monter à bord. Au soir du 30 mai, les embarqués sont 53 823, et plus de 68 000 le 31.

Si l’alliance franco-britannique paraît intacte rue Saint Dominique, il n’en est pas de même sur le terrain où les incidents se multiplient.

Tandis que la bataille fait rage à Dunkerque, à Paris, ce même 31 mai, lors de la réunion du Conseil suprême interallié à laquelle assistent Churchill, et les généraux Dill et Ismay, Paul Reynaud ne peut s’empêcher de faire remarquer que le chiffre de 15 000 Français, sur 165 000 hommes embarqués à Dunkerque risque de faire mauvais effet sur l’opinion française. Les larmes aux yeux, le Premier ministre britannique se défend alors en arguant qu’il a donné l’ordre d’embarquer les blessés en dernier, pour sauver le maximum de combattants… Il espère maintenant évacuer 200 000 hommes, mais la totalité du matériel et mille canons sont perdus, et si une petite force allemande débarquait en Grande-Bretagne, elle ne trouverait devant elle que la résistance farouche de la population civile…

«On tombe d’accord, écrit Raymond Cartier, pour maintenir la tête de pont jusqu’au moment où l’on aura acquis la certitude qu’aucune autre troupe alliée ne peut atteindre la mer. Puis, dans l‘émotion communicative de la réunion, une lutte de générosité s’engage. Paul Reynaud fait écrire dans le projet de procès-verbal que les Anglais embarqueront les premiers. «Nong! Nong! Ensemble, bras dessus, bras dessous!» proteste Churchill, dans son français accentué et mimé. Il demande pour l’armée anglaise l’honneur de couvrir les derniers embarquements.» (La seconde Guerre Mondiale, Larousse-Paris-Match, 1965.)

Si l’alliance franco-britannique paraît intacte rue Saint Dominique, il n’en est pas de même sur le terrain où les incidents se multiplient: tant au niveau de la troupe où une violente manifestation d’hostilité a accueilli les premiers soldats français pénétrant sur le môle, en vertu précisément de l’ordre «bras dessus, bras dessous», qu’au niveau des chefs, lorsque le général Alexander fait connaître (toujours ce même 31 mai) à Abrial qu’il ne faut plus compter sur les trois divisions (3e, 5e et 42e D.I.) que le général anglais Barker devait mettre à la disposition de Fagalde et, surtout, que l’Amirauté a décidé de mettre fin le 1er juin aux opérations d’embarquement, la totalité des Anglais devant être rapatriés à cette date…

« Nous nous battons pour sauver tout ce qui peut l’être, anglais ou français. »

Moment dramatique que cet affrontement verbal sous les bombes entre les Français (Abrial, Fagalde, Altmayer) et le futur maréchal britannique:

«- Fagalde: Alors vous admettez que l’armée française seule couvre les embarquements de l’armée anglaise, tandis que l’armée anglaise n’apporterait aucune aide à l’armée française pour son repli?

- Alexander: Je ne demande pas mieux que de coopérer avec vous mais je vous préviens que mes troupes décrocheront cette nuit à partir de minuit conformément aux ordres que j‘ai reçus du général Gort.

- Altmayer: Je crois devoir insister sur la notion d’honneur. Nous nous battons pour sauver tout ce qui peut l’être, anglais ou français, mais nous ne saurions partir de l’endroit où nous sommes sans avoir le sentiment que nous avons accompli tout notre devoir. Cette heure n’a pas encore sonné. Nous pouvons plus si les Britanniques veulent bien nous assurer leur concours.

- Alexander: J’ai reçu l’ordre d’embarquer à minuit.

- Altmayer: Mais, mon général, nous avons une mission qui nous est donnée par l’amiral Abrial et par le général Fagalde et qui nous est explicitement confirmée par le général Gort. C’est celle de défendre la tête de pont de Dunkerque avec toutes les forces françaises disponibles et avec trois divisions britanniques. Nous devons remplir cette mission.

- Alexander: Je n’ai pas reçu les ordres du général Gort.

- Abrial: En somme, la lettre que le général Gort m’a écrite, la seule qui à mes yeux ait une valeur, est contradictoire avec les ordres verbaux qu’il vous a donnés à vous, mon général. Je vous propose, pour que nous puissions agir en plein accord, d’aller ensemble voir le général Gort. Il est 16h 30, et il m’a dit qu’il ne s’embarquerait qu’à 19 heures. La Pérouse, voulez-vous annoncer notre visite au général Gort.

- Alexander: Il est inutile d’aller voir le général Gort, il est parti à 16 heures.

- Abrial: Puisqu’il n’y a plus moyen de compter sur la coopération anglaise, mon général, la mission qui m’a été dévolue sera assurée par les troupes françaises seules. Nous Français, sommes liés à une mission impérative qui est de résister jusqu’à la mort pour sauver tout le personnel possible de la tête de pont de Dunkerque. Tant que ce but ne sera pas atteint, nous resterons sur place.»

«En réalité, précise Dominique Lormier à qui l’on doit l’exhumation de ce dialogue, le général Gort ne devait quitter Dunkerque qu’à 2 heures du matin dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1940.» (Les vérités cachées de la défaite de 1940, Éditions du Rocher, 2020.)

L’ensemble résiste à l’exception du secteur de Notre-Dame-des Neiges affaibli par le retrait anglais que les allemands de la 18ème Division d’Infanterie parviennent à investir.

Le 1er juin, à l’aube, après une violente concentration d’artillerie, l’attaque allemande se déclenche sur tout le périmètre du réduit. La bataille atteint vite des sommets, mais l’ensemble résiste à l’exception toutefois du secteur de Notre-Dame-des Neiges affaibli par le retrait anglais que les fantassins allemands de la 18ème D.I. parviennent à investir.

L’ennemi n’est plus qu’à huit kilomètres du port. Toute la journée, Janssen parcourt le champ de bataille dispensant ordres et conseils, mais contraint d’évacuer son P.C. pris sous les bombes il l’installe dans l’après-midi au fort des Dunes.

Le 2 au matin, une contre-attaque du SFF pour reprendre le secteur de la Basse-Colme échoue et Fagalde fait savoir que l’embarquement de la 12ème D.I.M. est repoussé d’une journée. Reynaud et Weygand protestent auprès de Londres, insistant pour que les moyens britanniques restent pendant quelques jours encore à la disposition des troupes françaises.

L’Amirauté ne s’incline que devant un ordre de Churchill. Mais malgré les généreuses intentions de celui-ci, ce sont les Français et non les Anglais qui forment le dernier rempart de Dunkerque.

Malgré les généreuses intentions de Churchill, ce sont les Français et non les Anglais qui forment le dernier rempart de Dunkerque.

Pas ceux qui errent dans les dunes ou se planquent dans les caves de Malo-les-Bains après avoir jeté leurs armes (comme ceux qu’immortalisera le film Week-end à Zuydcoote tiré du roman à succès de Robert Merle), mais, à l’Ouest, les vieux réservistes de la 68e D.I., division de série B, qui vont tenir jusqu’au 2 juin le village de Spicker et le 3 au soir tiendront encore un front en équerre allant de Mardyck aux faubourg de Dunkerque ; sur leur gauche, dans le secteur fortifié des Flandres, les hommes du 137e R.I. qui défendent d’abord les remparts de Bergues puis se replient pas à pas sur l’isthme de Notre-Dame-des-Neiges, entre les marécages des petites Moëres et les inondations de Coudekerque. Et puis, sur le canal des Chats, couvrant à elle seule tout l’Est de la tête de pont, les hommes de la 12ème D.I.M.

Sur un champ de bataille en partie inondé et recouvert de fumée, les Français se battent avec l’énergie du désespoir sous les assauts incessants des Stukas. À trois contre un, l’Allemand gagne du terrain, mais il ne perce véritablement nulle part.

Le 2 juin, les 4 000 derniers Anglais quittent la terre française. Ce même 2 juin, à 18h 15, le général Janssen est tué par une bombe dans son PC du fort des Dunes en même temps que trois officiers de son état-major, les capitaines Helle, de Varine-Bohau et Bourgerie…

On l’inhume dans une fosse commune creusée à l’emplacement d’une batterie du fort et tandis que les obus sifflent au-dessus de leurs têtes, ses soldats lui présentent les armes, baïonnettes au canon. C’est le colonel Blanchon, le plus ancien des colonels de la division, qui prend le commandement de la division.

Une fois les Anglais sauvés, c’est maintenant au tour des Français d’embarquer et priorité est donnée au corps de cavalerie, impatiemment attendu par Weygand pour la bataille de la Somme. Pour la nuit du 2 au 3, que l’Amirauté a fixée comme étant la dernière de l’opération Dynamo, l’amiral Ramsay voit les choses en grand: ce sont 13 malles, 11 torpilleurs, 2 cargos, 5 dragues à roues et une foule d’embarcations de toutes sortes qui se dirigent vers Dunkerque. Las! les dispositions prises sont défectueuses et trop d’hommes sont laissés sur la ligne de feu. Résultat: plusieurs navires attendent en vain et repartent à vide. On comptait enlever 35 000 hommes, on en embarque seulement 26 000. Mais l’Amirauté décide alors de prolonger l’opération d’une nuit.

Aucun de ce qui reste des 40 000 défenseurs de Dunkerque n’aura la possibilité de monter à bord.

Le 3 au soir, l’ennemi, un bataillon de la Leibstandarte SS Adolf Hitler, qu’appuyait un élément de la 2ème Panzer, n’est plus qu’à trois kilomètres du port mais, éprouvé par les combats, il marque le pied et prend quelque repos avant l’assaut final. Pour donner le change, l’artillerie et quelques mitrailleuses françaises continuent de tirer épisodiquement quand l’ordre de décrocher arrive et les défenseurs de Dunkerque, les fantassins, artilleurs et sapeurs de la 68ème D.I., du S.F.F., du 137ème R.I. et de la 12ème D.I.M. quittent alors silencieusement leurs emplacements de combat et se dirigent en colonne vers le port. Mais, partis les derniers, et pour cause! ils se heurtent à une véritable muraille humaine qui encombre déjà les plages et les quais et doivent donc piétiner en attendant l’heure fatidique…

Or, l’amirauté a fixé la fin de «Dynamo» à 3h 30.

Or les nuits de juin sont courtes et les marins anglais savent qu’ils seront eux-mêmes captifs s’ils n’ont pas pris la mer avant 4 heures.

Aucun de ce qui reste des 40 000 défenseurs de Dunkerque n’aura donc la possibilité de monter à bord. La promesse de l’aube, c’était pour les autres: les quelque 26 000 hommes qui ont pu embarquer cette nuit-là, portant à environ 120 000 le nombre de soldats français sauvés in extremis du piège nazi grâce à une opération dont toutes les trompettes de la propagande alliée feront un exploit. Et c’en est un!

Mais, préviendra Churchill, ce même 4 juin, aux Communes: «Prenons garde de ne pas donner à ce sauvetage le caractère d’une victoire, ce n’est pas avec des évacuations qu’on gagne les guerres!».


» À voir aussi - Des privations des libertés à la dictature: l’histoire du fascisme

Il y a 80 ans, Dunkerque: la résistance héroïque des Français face à la ruée allemande

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
77 commentaires
  • anonyme

    le

    La perfide Albion fut un allié trop pragmatique pour être loyal.

  • anonyme

    le

    Merci à Monsieur Giraud de réhabiliter ainsi les soldats qui ont fait honneur à la France. Je souhaite juste apporter une petite contribution à cette réhabilitation en évoquant l'action déterminante, dans la " Mission de sacrifice " du 3 juin 1940 du 3ème Bataillon du 143ème R.I dont , notamment la 11e compagnie du Capitaine Lebret. Celle-ci est aux avant-postes de la contre-attaque lancée à 4 heures du matin, dans le secteur du canal des Moëres et de Teteghem, sans artillerie et sans l'appui des chars qui avaient été promis. Dès l'engagement, les pertes humaines sont très lourdes : dans l'échelon d'attaque, sur les 8 officiers, 6 sont tués en 5 minutes dont le Lieutenant Laportalière, frère de l'écrivain José Cabanis (cf."Les profondes années",Gallimard, 1976) et 2 prisonniers, dont mon père, le Lieutenant Andrieu qui a eu 11 tués et 9 blessés sur les 30 hommes qui constituaient sa section.
    L'héroïsme de ces soldats est malheureusement passé sous silence car, seuls des écrits restés anonymes ont relaté ces événements. Les détails rédigés par mon père sur des feuillets qu'il a laissés en héritage sont révélateurs des souffrances endurées et du sacrifice consenti par ces hommes valeureux, oubliés de l'Histoire.

  • talence1949

    le

    Un aïeul - officier-, est décédé le 3 juin .Il repose au cimetière national de Zuydcoote . Les films cités occultent la résistance acharnée des- seuls soldats français - abandonnés à leur triste sort par les anglais. Si on ne peut oublier la glorieuse participation des britanniques à la guerre de 14-18 magnifiée par le monument de THIEPVAL dans la Somme , érigé en l' honneur des 70 000 soldats disparus, on peut s'interroger sur la conduite des anglo américains durant l'entre 2 guerres : suspension du versement des dommages de guerre imposés à l'Allemagne , critiques contre la France d'envahir la rive gauche du Rhin , l'accord naval entre anglais et allemands en 1935 permettant à Hitler de bafouer le traité de Versailles et reconstruire une flotte sous marine ( qui fera tant de dégâts durant le conflit ), la germanophilie régnante au sein de la monarchie et aristocratie anglaise .. on déplore les plans secrets de repli et embarquement des anglais sans prévenir les français et leur défection à l'offensive souhaitée par WEYGAND . Les britanniques ont une conception très utilitariste de la guerre, instrument nécessaire pour asseoir leur diplomatie et la défense de leurs intérêts . Les français ont une vision plus idéalisée de l'honneur