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Des poids lourds et des navires marchands à l'hydrogène

La montée en puissance des piles à combustible à hydrogène se poursuit dans le transport terrestre et maritime de grande capacité. Les constructeurs et équipementiers innovent et investissent dans l'électromobilité lourde.

Le poids lourd Hyundai H2 Xcient Fuel-Cell est un véhicule zéro émission à hydrogène.
Le poids lourd Hyundai H2 Xcient Fuel-Cell est un véhicule zéro émission à hydrogène. (Hyundai)
Publié le 26 mai 2020 à 08:35Mis à jour le 26 mai 2020 à 16:52

Un véhicule tout terrain propulsé à l'hydrogène sur la Lune d'ici à la fin de la décennie ? L'accord de collaboration entre l'agence spatiale japonaise (JAXA) et Toyota Motor prévoit bel et bien le développement d'un rover à pile à combustible (PAC) pour l'exploration lunaire. Mais avant son « Objectif Lune », c'est sur Terre que la mobilité à hydrogène, forte de son avantage écologique « zéro émission », progresse le plus vite, à grands renforts de coopérations technologiques.

Le groupe Volvo et Daimler ont annoncé en avril 2020 la création d'un joint-venture à parité pour la production de PAC de forte puissance. Avec en ligne de mire, l'équipement des poids lourds des deux marques. Chaque partenaire y investit 600 millions d'euros, pour un développement qui avoisinerait plusieurs milliards d'euros.

Des poids lourds à l'hydrogène sur nos routes

Pour les deux constructeurs, il s'agit évidemment de réduire les coûts avant le passage à l'industrialisation. « Et ainsi augmenter la vitesse d'introduction sur le marché de cette technologie, explique Christophe Tarrault, président de Volvo Trucks France. Des camions électriques à batterie existent déjà, mais avec une autonomie limitée à 200 km pour un 26 tonnes par exemple. Seul l'hydrogène répond aux enjeux des véhicules de 44 tonnes sur une longue distance d'au moins 1.000 km. L'autonomie et le temps de recharge sont alors comparables au thermique. » La mise sur le marché de tels poids lourds à hydrogène n'est prévue que dans la seconde moitié de cette décennie.

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De son côté, Faurecia, équipementier automobile français, fournira dès 2021 au coréen Hyundai plus de 10.000 réservoirs à hydrogène qui équiperont 1.600 poids lourds de livraisons régionales. « Nous avons investi massivement dans le développement de systèmes de stockage en composite carbone légers et non plus métalliques, avec des critères d'homologation très stricts », indique Jean-Bernard Lepage, directeur marketing Clean Mobility de Faurecia.

Verra-t-on très vite des camions roulant à l'hydrogène sur nos routes ? La rapidité d'adoption de cette technologie par les transporteurs ne dépendra pas seulement des efforts des constructeurs. « Le déploiement sera d'autant plus rapide que le coût total de possession pour les transporteurs sera compétitif par rapport au gazole, donc tout dépendra de la mise en place du réseau d'approvisionnement et des politiques publiques incitatives », poursuit président de Volvo Trucks France.

Soutien au transport public

En France, des clusters régionaux comme en Normandie, Auvergne-Rhône-Alpes ou Occitanie, font avancer de pair le parc des stations de recharge en hydrogène et le déploiement des véhicules. Une manière d'atteindre une échelle suffisante pour diminuer les coûts. « En 2028, le plan national de mobilité hydrogène prévoit ainsi 65.000 à 130.000 véhicules légers pour professionnels en service. L'extension aux bus, trains ou camions, démarrera plus tard, vers 2023, pour atteindre 2.500 à 5.000 véhicules lourds en 2028 », assure Valérie Bouillon-Delporte, vice-présidente de l'Afhypac, l'Association française pour l'hydrogène et les piles à combustible.

L'hydrogène a évidemment toute sa place dans le Green Deal européen qui prévoit de réduire de 90 % les émissions de gaz à effet de serre dans les transports d'ici à 2050. « Il est, en particulier, imposé aux constructeurs de camions de produire 8 à 10 % de véhicules zéro émission en 2025 et 20% en 2030. Sans l'hydrogène, ils n'y arriveront pas », conclut Valérie Bouillon-Delporte.

De l'hydrogène pour propulser les navires

La mobilité fluviale et maritime s'empare aussi de la technologie hydrogène, poussée par l'initiative européenne FLAGSHIPS de déploiement de navires marchands « zéro émission ». Le leader mondial de l'électrification des bateaux, ABB, doit fournir un système de propulsion à PAC pour le nouveau bateau pousseur du Lyonnais CFT (Compagnie fluviale de transport) prévu en 2021. « Nous venons également de signer un accord avec HdF (Hydrogène de France) basé à Bordeaux pour la fabrication d'une PAC de l'ordre du megawatt pour alimenter des navires de haute mer », annonce Jostein Bogen, vice-président ABB Marine & Ports. « La production industrielle de PAC de cette puissance, dès 2022 ou 2023, sera une première mondiale », ajoute Damien Havard, PDG de HdF. La toute nouvelle usine du fabricant représente un investissement de 15 millions d'euros.

Isabelle Meijers

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