Coronavirus - confinement : Trump, Poutine, Boris Johnson ... ces 10 dirigeants qui ont enfreint leurs propres règles
- Swaminathan Natarajan
- BBC World Service
Des premiers ministres, des présidents et des hauts fonctionnaires du monde entier ont enfreint les règles sur la distanciation sociale et les équipements de protection qu'ils ont eux-mêmes instituées pour lutter contre la pandémie.
Voici 10 cas très médiatisés
Des grands-parents qui ne pouvaient pas câliner leurs petits-enfants qui venait de naître, des personnes en deuil qui ne pouvaient même pas assister aux funérailles de leurs proches, des amis et des amoureux cruellement séparés, les règles de confinement destinées à ralentir la propagation du coronavirus ont impliqué d'importants sacrifices pour un grand nombre de personnes.
Et ceux qui choisissent de ne pas respecter les mesures de distanciation sociale peuvent s'attendre à de lourdes amendes.
Mais certains des dirigeants politiques, des scientifiques et des conseillers qui ont élaboré ces règles ont été pris en train de les bafouer.
Retour sur dix cas très médiatisés de supposées violations des règles.
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Donald Trump
Les États-Unis représentent à eux seuls près de 30 % des décès dus à l'épidémie de coronavirus dans le monde.
Au cours de la première semaine d'avril, les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont recommandé à tous les Américains de porter un masque facial en public pour lutter contre le coronavirus.
Le président Trump a pris ses distances par rapport à cette recommandation. "Je ne veux tout simplement pas en porter un moi-même", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il ne pouvait pas s'imaginer se couvrir le visage alors qu'il était assis dans le Bureau ovale pour saluer les dirigeants du monde.
Mais certains États comme le Michigan ont rendu obligatoire le port d'un masque facial "dans les espaces publics lorsqu'on se trouve à proximité d'autres personnes".
Le 21 mai, le président Trump s'est rendu dans cet État pour inspecter une usine Ford qui avait été réaménagée pour fabriquer des respirateurs. Les dirigeants de l'entreprise qui lui ont fait visiter les lieux portaient tous un masque facial.
Le président a refusé d'obtempérer. Lorsqu'il a été interrogé par les journalistes, M. Trump a déclaré qu'il en avait mis un hors de la vue des caméras.
"Je ne voulais pas donner à la presse le plaisir de le voir", a-t-il déclaré aux journalistes, avant d'ajouter - un peu confusément - "Je pense que je suis plus beau avec le masque".
Le procureur général de l'État, Dana Nessel, n'a pas gouté l'humour du président et l'a comparé à un "enfant irritable qui refuse de suivre les règles".
La première dame Melania Trump a cependant diffusé une vidéo appuyant le message du CDC de porter des masques en public, et a également partagé une photo d'elle portant un masque sur les réseaux sociaux.
Il y a à ce jour plus de 100 000 cas de décès liés au Covid-19 aux États-Unis.
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Vladimir Putin
Le président russe a beaucoup travaillé sur son image publique d'homme d'action.
Le 24 mars, alors que l'épidémie de coronavirus était déjà bien avancée, Vladimir Poutine a effectué une visite dans un hôpital de Moscou pour évaluer l'état de préparation.
Le président russe portait une combinaison de protection contre les matières dangereuses lors de l'inspection de l'hôpital, mais il a parlé aux médecins sans aucun équipement de protection.
C'était un comportement à risque, d'autant plus qu'il a serré la main du médecin-chef, Denis Protsenko, qui quelques jours plus tard a été testé positif au coronavirus. Cela a donné lieu à de nombreuses rumeurs sur la santé de Poutine lui-même.
Depuis lors, Poutine a réduit ses apparitions publiques et a commencé à présider des réunions depuis sa résidence. Il a fait au moins deux apparitions publiques en mai, dont une pour commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, n'a pas précisé quand le président est susceptible de reprendre ses activités habituelles au Kremlin.
Au 2 juin, la Russie avait enregistré 423 186 infections - le troisième plus grand nombre de cas au monde après les États-Unis et le Brésil - et plus de 5 000 décès.
A savoir sur le coronavirus:
Benjamin Netanyahu
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le Président Reuven Rivlin ont été critiqués pour avoir organisé des repas avec leurs grands enfants pendant la fête de Pâque, quelques jours seulement après avoir demandé au reste du pays de ne pas le faire.
Juste avant le début de la période de la Pâque, Nétanyahou a imposé un confinement national et a demandé spécifiquement à la population israélienne de ne pas organiser de grands repas de fête afin d'éviter le risque d'infecter les membres plus âgés de la famille.
Mais quelques jours plus tard, il a été photographié en train d'organiser un repas avec son fils le jour de la Pâque.
Des personnes proches de Nétanyahou ont justifié ses actes, en disant que le fils du premier ministre, Avner, vivait dans un appartement voisin et passait régulièrement plusieurs heures par jour à la résidence du premier ministre, mais la crédibilité de cette explication a été mise en doute dans la presse israélienne.
Le président du pays, Reuven Rivlin, a été critiqué de la même manière pour avoir accueilli ses filles pour cette fête.
Le président a présenté ses excuses après que cela ait été rendu public.
La politique de la foi
Le 24 mars, le Premier ministre indien a déclenché le plus grand confinement au monde, qui a immobilisé la nation de 1,35 milliard de personnes.
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Les lieux de culte comme les temples ont également été fermés. Des millions de travailleurs migrants ont été pris au dépourvu, beaucoup ont dû marcher des centaines de kilomètres pour rentrer chez eux et des centaines sont morts en chemin.
Mais un homme politique indien très en vue, Yogi Adityanath, a violé le confinement dès le premier jour où il est entré en vigueur.
Le ministre en chef de l'État le plus peuplé de l'Inde, l'Uttar Pradesh - où vivent plus de 230 millions de personnes - a affiché des photos de lui participant à une cérémonie religieuse liée à la reconstruction d'un temple sur un site controversé à Ayodhya.
Un mois plus tard, à la mort de son père, Yogi a conseillé à sa mère et à ses proches de suivre le "protocole de confinement pendant les funérailles", mais n'a pas assisté lui-même à la cérémonie.
A lire
La mort au cœur du gouvernement
Au Nigeria, les inquiétudes concernant la propagation du virus ont atteint les plus hauts échelons du gouvernement.
Le puissant chef d'état-major du pays, Abba Kyari, et le gouverneur de l'État de Bauchi ont tous deux été testés positifs au virus le 26 mars.
Kyari (dont on pense qu'il a la soixantaine) était revenu d'Allemagne au début du mois.
Il a pris part à une réunion du parti au pouvoir à laquelle ont assisté le président Muhammadu Buhari, le vice-président Yemi Osinbajo et 16 autres gouverneurs d'État.
Le président et le vice-président ont ensuite été testés et un fonctionnaire a déclaré à la BBC que les résultats étaient négatifs.
Quelques semaines plus tard, dans la soirée du 17 avril, Kyari est mort, devenant ainsi l'une des premières personnalités de haut rang à mourir du virus. Le Nigeria a subi environ 300 décès dus à la pandémie.
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Une ministre punie en public
La ministre sud-africaine des communications, Stella Ndabeni-Abrahams, a été suspendue pendant deux mois et a également été obligée de présenter des excuses au président Cyril Ramaphosa après avoir violé les mesures de confinement.
Une photo publiée sur les réseaux sociaux a révélé que la ministre avait déjeuné avec cinq autres personnes au domicile d'un ancien vice-ministre.
Suite à la controverse, la ministre s'est excusée:
"Je regrette l'incident et je suis profondément désolée pour mes actions. J'espère que le président et les Sud-Africains trouveront dans leur cœur le moyen de me pardonner", a déclaré Ndabeni-Abrahams.
Le président du pays lui aurait clairement fait comprendre que "personne n'est au-dessus des lois".
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Amende pour violation des règles
Le vice-ministre de la santé de Malaisie a été condamné à une amende pour avoir violé les restrictions de déplacements en vigueur dans le pays.
Noor Azmi Ghazali a dû payer 325 dollars après qu'une photo de lui en train de prendre un repas dans une école islamique ait été téléchargée sur un réseau social.
Il a été critiqué pour son apparente hypocrisie - un tweet mettant en contraste son comportement "devant les médias" avec celui "quand les médias sont partis".
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La Malaisie a mis en place des restrictions sévères - et des sanctions - pour arrêter la propagation du virus. Des milliers de personnes ont été poursuivies en justice.
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Des conseils contradictoires
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a survécu au Covid-19 et a passé plusieurs nuits dans une unité de soins intensifs.
Juste avant d'être hospitalisé, Johnson a mis en place une réglementation stricte sur la circulation des personnes.
En conséquence, de nombreux britanniques ont dû reporter des mariages, des funérailles et d'autres événements publics.
Le professeur Neil Ferguson - dont les conseils au Premier ministre ont conduit au confinement du Royaume-Uni - a dû quitter son poste au sein du groupe consultatif scientifique pour les urgences auprès du gouvernement après avoir admis une "erreur de jugement".
Cette décision a été prise après qu'un journal ait rapporté qu'une femme avec laquelle il était censé avoir une relation s'était rendue chez lui pendant le confinement.
Le professeur Ferguson a déclaré qu'il regrettait d'avoir "sapé" les messages sur la distanciation sociale.
La nouvelle est tombée le jour où la Grande-Bretagne a dépassé l'Italie et est devenue le pays ayant le plus grand nombre de décès dus à la maladie de Covid 19 en Europe.
Le professeur Ferguson n'était pas le seul expert à avoir enfreint les règles de confinement au Royaume-Uni.
En avril, le médecin en chef de l'Écosse a dû démissionner après avoir fait deux voyages vers sa résidence secondaire pendant le confinement.
Le Dr Catherine Calderwood s'est d'abord excusée mais voulait continuer à occuper ses fonctions.
La pression de la presse et du public l'a rapidement forcée à démissionner.
Un autre conseiller britannique concernant la politique nationale relative au coronavirus s'est cependant accroché jusqu'à présent à son rôle au sein du gouvernement.
Lorsque la nouvelle a été publiée que le lieutenant et conseiller de confiance de Boris Johnson, Dominic Cummings, avait parcouru plus de 400 kilomètres de sa maison de Londres à Durham, dans le nord de l'Angleterre, pendant le confinement, le premier ministre a dû faire face à une réaction de colère de la part de l'opinion publique.
Cummings insiste sur le fait qu'il n'a enfreint aucune règle et a exclu de démissionner.
La police affirme que ses actions pourraient constituer une infraction mineure au règlement en vigueur, mais il semble que Cummings ait le soutien total de son patron et qu'il conservera son poste.
La Grande-Bretagne reste le deuxième pays le plus touché au monde par le covid 19, avec un bilan de près de 40 000 morts.
(Reportage sur le Nigeria par Catherine Byaruhanga)
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