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Cameroun anglophone : un journaliste arrêté il y a dix mois est mort en détention

Samuel Wazizi n’a jamais été présenté devant la justice et était « détenu au secret » en « dehors de toute procédure légale », selon Reporters sans frontières.

Le Monde avec AFP

Publié le 05 juin 2020 à 10h06, modifié le 05 juin 2020 à 10h16

Temps de Lecture 3 min.

Le journaliste camerounais Samuel Wazizi (photo non datée).

Un journaliste camerounais arrêté en août 2019 pour avoir critiqué la gestion par Yaoundé du conflit au Cameroun anglophone est mort en détention, a affirmé Reporters sans frontières (RSF), qui appelle les autorités à faire toute la lumière sur les circonstances de sa mort.

« Le journaliste Samuel Wazizi est bien mort pendant sa détention », a confirmé mercredi soir 3 juin RSF, après l’annonce mardi de son décès par une chaîne de télévision privée camerounaise, puis par le Syndicat national des journalistes camerounais (SNJC).

Présentateur de la chaîne de télévision régionale Chillen Media Television, Samuel Wazizi avait été arrêté le 2 août 2019 à Buea, chef-lieu de la région anglophone du Sud-Ouest, selon RSF. Il était accusé « d’avoir tenu sur sa chaîne des propos critiques à l’égard des autorités sur leur gestion de la crise dans les régions anglophones du Cameroun », précise RSF dans un communiqué.

Plus de 3 000 morts

Depuis près de trois ans, des groupes séparatistes et l’armée s’affrontent dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, où vit l’essentiel de la minorité anglophone, qui s’estime marginalisée. Une partie de ces groupes a pris les armes contre Yaoundé et réclame l’indépendance de ce territoire. Les combats, mais aussi les exactions et meurtres commis contre des civils par les deux camps, ont fait plus de 3 000 morts et forcé plus de 700 000 personnes à fuir leur domicile.

Cinq jours après son arrestation, le journaliste avait été « récupéré » par des militaires, affirme RSF. Il n’a alors jamais été présenté devant la justice, a affirmé à l’AFP son avocat MLyonga Ewule, et était « détenu au secret » en « dehors de toute procédure légale », selon RSF.

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Le journaliste était « malade » et serait « mort durant son transfert à Yaoundé à une date inconnue », selon un « responsable militaire de premier plan très proche de l’affaire » cité par RSF. Son avocat et le SNJC affirment qu’il a été torturé lors de sa détention. Son corps est arrivé lundi à la morgue « sous forte escorte », selon une source de l’hôpital militaire de Yaoundé également citée par RSF.

Ni le gouvernement ni l’armée n’avaient encore confirmé le décès du journaliste, ou réagi aux sollicitations de RSF, du SNJC et de plusieurs organisations de défense des droits humains, selon ces organisations.

Depuis 2017

Contactées directement par l’AFP, les autorités n’avaient pas encore répondu jeudi en fin d’après-midi. « Nous demandons aux autorités de briser le silence intolérable autour de cette affaire (…) et de conduire une enquête sérieuse et indépendante pour établir (…) les circonstances ayant conduit à cet évènement tragique », a déclaré Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF.

Sur les réseaux sociaux, de très nombreux journalistes camerounais, mais aussi des personnalités de la société civile ou de l’opposition ont exprimé leur indignation à la suite du décès du journaliste, utilisant le hashtag #JusticeForWazizi.

Des centaines de personnes ont été arrêtées depuis le déclenchement de la crise anglophone en 2017 et sont, pour beaucoup, détenues illégalement depuis, selon les organisations de défense des droits humains, qui révèlent régulièrement des cas de tortures.

Depuis 1982, le Cameroun est dirigé d’une main de fer par le président Paul Biya aujourd’hui âgé de 87 ans. Les critiques contre son régime se sont accentuées ces dernières années avec l’éclatement de cette crise, à laquelle le pouvoir a répondu par la force. Dans ce conflit, les groupes séparatistes comme l’armée camerounaise sont accusés de bafouer les droits humains.

L’appel de l’ONU en mars à un cessez-le-feu dans les régions anglophones pour mieux combattre la pandémie de Covid-19 est resté lettre morte. Jeudi, l’ONU et Human Rights Watch (HRW) ont même dénoncé une intensification des violences contre les travailleurs humanitaires qui opèrent dans ces deux régions, et accusent notamment les groupes armés de multiplier les enlèvements contre les humanitaires. Les forces camerounaises sont également accusées d’y entraver l’acheminement de l’aide.

Le Monde avec AFP

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