Dans la Russie des années 2030, un garçonnet s’apprête à quitter l’orphelinat. Il vient en effet d’être adopté. Le personnel se réjouit : “Tu auras bientôt un papa et une maman, Petia.” L’enfant est visiblement heureux de voir arriver son “nouveau papa”.

“Mais où est ma maman ?” demande-t-il à la sortie de l’établissement, ne la voyant. “La voilà”, lui répond le jeune père en lui désignant un autre homme à l’allure féminine. Moue désapprobatrice de Petia.

Le dégoût des employées de l’orphelinat

“Tu vas avoir une vraie famille maintenant”, tâche de le rassurer le père adoptif dans la suite de la vidéo. La “maman” sort alors de la voiture un cadeau pour l’enfant – une jolie robe. Les deux employées de l’orphelinat sont dégoûtées, l’une d’elles crache de dépit. Une voix off conclut la scène par ces mots : “C’est cette Russie-là que tu vas choisir ? Décide du destin de notre pays : vote pour la réforme constitutionnelle.”

C’est une institution émanant du gouvernement russe, l’Agence d’information fédérale, qui a publié cette vidéo sur les réseaux sociaux le 2 juin, au lendemain même de l’annonce par Vladimir Poutine de la tenue du référendum le 1er juillet. Celui-ci aurait dû avoir lieu le 22 avril et a été repoussé à cause de la pandémie de coronavirus.

Parmi les amendements que Vladimir Poutine a souhaité soumettre au vote populaire figure la “consolidation du statut de la famille”, suggérant l’inscription dans la Loi fondamentale du fait qu’une famille ne peut résulter que de l’union d’un homme et d’une femme.

En 2013, une loi interdisant le “prosélytisme homosexuel auprès des mineurs” a déjà fait beaucoup fait parler d’elle. Depuis, la tendance à vouloir renforcer les “valeurs morales traditionnelles” n’a fait que se renforcer du côté du Kremlin et des milieux conservateurs du pays.

La vidéo a immédiatement connu une grande résonance sur les réseaux sociaux, et fait réagir les associations LGBT et les défenseurs des droits humains qui, comme le rapporte le tabloïd Moskovski komsomolets, ont porté plainte contre la société productrice pour “provocation à la haine”.

Le site d’opposition Meduza informe que la vidéo a été bloquée dès le 4 juin par les modérateurs de la plateforme YouTube pour ce même motif. Mais elle continue de circuler en Russie et est toujours en ligne sur la plateforme VKontakte, équivalent russe de Facebook.