L’ancien secrétaire d’Etat et chef d’état-major des armées aux Etats-Unis, Colin Powell, a annoncé, dimanche 7 juin, son soutien à l’ex-vice-président démocrate Joe Biden pour la présidentielle de novembre. Il devient ainsi la première personnalité républicaine d’envergure à se prononcer publiquement en faveur du rival de Donald Trump pour ce scrutin.
Colin Powell, qui fut le premier Afro-Américain à commander l’armée américaine, pendant la guerre du Golfe en Irak en 1991, puis qui a dirigé le département d’Etat sous la présidence de George W. Bush (2001-2009), juge que l’actuel locataire de la Maison Blanche s’est « éloigné » de la Constitution et estime qu’il représente un danger pour le pays et sa démocratie.
« Je n’aurais jamais utilisé ce mot pour aucun des quatre présidents pour lesquels j’ai travaillé : il ment », a-t-il ainsi déclaré sur CNN, déplorant le silence du Parti républicain vis-à-vis du milliardaire. « Il ment tout le temps », a-t-il insisté, appelant tous les Américains à réfléchir à son impact sur la société et sur la place des Etats-Unis dans le monde.
« Réfléchissez, faites appel à votre bon sens, posez-vous la question : est-ce bon pour mon pays ? »
« Je ne peux en aucune façon soutenir le président Trump cette année », a-t-il poursuivi. Colin Powell n’avait déjà pas voté pour celui-ci en 2016. A la question de savoir s’il donnerait sa voix au candidat démocrate, il a affirmé sans détour : « Je voterai pour lui. »
D’un Tweet, Joe Biden s’est réjoui de ces déclarations : « Il ne s’agit pas de politique. Il s’agit de l’avenir de notre pays. Merci pour votre soutien. »
Critiques inédites d’anciens chefs d’état-major
Colin Powell est le dernier ancien haut gradé de l’armée en date à critiquer l’attitude de Donald Trump dans le sillage du vaste mouvement de protestation provoquée par la mort, le 25 mai, d’un homme noir non armé dans le Minnesota.
L’ancien ministre de la défense Jim Mattis et d’autres officiers à la retraite ont condamné les choix du président républicain ces derniers jours, des critiques ayant peu de précédents dans l’histoire des Etats-Unis.
Certains élus républicains ont également déploré la manière dont M. Trump a réagi et ont soulevé des doutes sur leur soutien à la candidature du président pour sa réélection.
Une « tache » sur sa réputation
Avocat de la guerre en Irak, Colin Powell avait fait, le 5 février 2003, devant le Conseil de sécurité des Nation unies, une longue allocution sur les armes de destruction massive (ADM) prétendument détenues par Bagdad, des arguments qui ont servi à justifier l’invasion du pays.
Il a admis par la suite que cette prestation était une « tache » sur sa réputation :
« C’est une tache parce que je suis celui qui a fait cette présentation au nom des Etats-Unis devant le monde, et cela fera toujours partie de mon bilan. »
Dans un Tweet rédigé peu après l’entretien réalisé par l’ancien chef de la diplomatie américaine, Donald Trump a ironisé sur le soutien apporté à son rival démocrate par un homme à la réputation, selon lui, « très surfaite ».
Et il est longtemps revenu sur l’épisode de 2003. « Powell n’avait-il pas dit que l’Irak avait des armes de destruction massive ? Il n’en avait pas, mais nous sommes partis en GUERRE ! »
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