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Cultes ! 10 estampes japonaises fabuleusement étranges

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Publié le , mis à jour le
Au Japon, à l’époque d’Edo (1603–1868), les estampes s’inspirent aussi bien de la vie quotidienne et de la nature que des récits populaires. Ces derniers, peuplés de démons (les yōkai), de héros valeureux et de toutes sortes de créatures fantastiques ont nourri l’imaginaire des artistes de l’ukiyo-e, produisant des compositions d’une extraordinaire inventivité. Plongée en 10 chefs-d’œuvre dans ces mondes flottants… et décoiffants !
Utagawa Kuniyoshi, Mitsukini défiant le spectre du squelette
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Utagawa Kuniyoshi, Mitsukini défiant le spectre du squelette, vers 1845

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La plus terrifiante

Moins célèbre qu’Hokusai ou Hiroshige, Utagawa Kuniyoshi (1798–1861) est pourtant l’un des graveurs les plus fascinants de l’époque d’Edo, révélé au grand public français dans une rétrospective au Petit Palais en 2015. Son imagination débordante et ses estampes peuplées d’esprits, de monstres ou encore de guerriers en feront l’un des plus collectionnés au XIXe siècle et un des plus reproduits en… tatouage. Ici, il représente une histoire mythique du Xe siècle : celle de la sorcière Takiyasha (panneau de droite) qui, dans son château en ruine, invoque le fantôme d’un squelette afin d’effrayer Ōya no Mitsukuni et son compagnon (panneau central), un envoyé de l’empereur venu tromper sa solitude…

Gravure sur bois colorée à la main • 36,8 x 76 cm • Coll. Victoria & Albert Museum, Londres • © Bridgeman Images/Leemage

Katsushika Hokusai, Sara yashiki (Le Manoir des assiettes)
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Katsushika Hokusai, Sara yashiki (Le Manoir des assiettes), vers 1831-1832

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La plus mélancolique

Transmis par tradition orale, Cent histoires de fantômes constituent un ensemble de récits très populaires au Japon. À la fin de sa carrière, Katsushika Hokusai (1760–1849) s’empare de ces histoires et réalise cinq planches où l’étrange se mêle au dramatique. Ici, une créature au regard mélancolique surgit d’un puits. Sa silhouette serpente et s’étire en l’air comme les volutes de fumée qui s’échappent de sa pipe. Sa longue chevelure noire couvre ses grosses écailles, qui sont en fait des assiettes de porcelaine ! Il s’agit du spectre d’Hokiku, une servante tuée pour avoir cassé un plat et qui revient hanter les habitants de la maison…

Gravure sur bois • 26,4 x 19 cm • Coll. Minneapolis Institute of Arts • © Bequest of Louis W. Hill, Jr./Bridgeman Images/Leemage

Kawanabe Kyōsai, Jigoku Dayu
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Kawanabe Kyōsai, Jigoku Dayu

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La plus raffinée

Otobashi est la fille d’un samouraï qui, à la mort de celui-ci, prend la fuite avec sa famille. Enlevée puis vendue à un riche propriétaire de maison close, elle est rebaptisée Jigoku (« Enfer ») en référence à sa vie traversée de malheurs. Devenue tayū (le rang le plus élevé des courtisanes), elle s’enveloppe alors dans de larges kimonos brodés de squelettes, de flammes et de scènes infernales… C’est à cette courtisane, qui fut également la muse d’un moine bouddhiste, que rend ici hommage Kawanabe Kyōsai (1831–1889) sur une peinture sur soie aussi délicate que troublante.

Encre et couleurs sur soie • 149 x 95 cm • © Christie's Images/Bridgeman Images/Leemage

Kawanabe Kyōsai, Jigoku dayu (Courtisane de l’Enfer), n°9 de la série « Kyosai Rakuga »
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Kawanabe Kyōsai, Jigoku dayu (Courtisane de l’Enfer), n°9 de la série « Kyosai Rakuga », 1874

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La plus infernale

On retrouve ici Jigoku enveloppée de son fameux kimono rouge (duquel s’échappe un démon), la tête posée au creux de sa main. Est-elle endormie ou simplement pensive ? Rien ne semble en tout cas troubler son repos – ni celui de la jeune fille agenouillée à ses pieds –, pas même cette nuée de squelettes qui s’abat autour d’elle dans un fracas d’ossements, tout en jouant de la musique ou en prenant le thé.

Gravure sur bois • 36,2 x 24,8 cm • Coll. Davis Museum and Cultural Center, Wellesley College (USA) • © Museum purchase, The Mary Clothier Slade Fund/Bridgeman Images/Leemage

Yoshitoshi Tsukioka, Le guerrier tatoué Namauo Chojiro décapitant un adversaire avec une énorme épée, de la série « Biographies des hommes modernes »
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Yoshitoshi Tsukioka, Le guerrier tatoué Namauo Chojiro décapitant un adversaire avec une énorme épée, de la série « Biographies des hommes modernes », 1886

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La plus gore

Il est considéré comme l’un des derniers grands maîtres de l’ukiyo-e. Tsukioka Yoshitoshi (1839–1892), qui fut l’élève de Kuniyoshi, a connu les dernières heures du Japon féodal qu’il représente dans son œuvre à travers des scènes violentes et macabres, comme en témoigne ce guerrier au corps couvert de tatouages, décapitant un adversaire dont la tête sanglante est projetée, non sans humour, en l’air, en plein milieu du texte !

© Pictures from History/Bridgeman Images/Leemage

Utagawa Kuniyoshi, Le Dernier combat du clan Kusanoki, bataille de Shijo Nawate, 1348
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Utagawa Kuniyoshi, Le Dernier combat du clan Kusanoki, bataille de Shijo Nawate, 1348, vers 1851

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La plus glaçante

4 février 1348. L’armée du Sud du Japon est attaquée à Yoshino, où se trouve le palais temporaire de la résidence impériale, par l’armée du Nord. S’en suit alors une bataille sanglante au cours de laquelle le chef de l’armée du Sud (le samouraï Kusunoki Masashige), atteint par une flèche, se suicide. Kuniyoshi ne nous épargne ici aucune atrocité. Alors qu’une pluie de flèches s’abat sur eux, trois valeureux samouraïs se dirigent droit vers l’ennemi, se protégeant avec les moyens du bord parmi lesquels un cadavre.

Gravure sur bois • Coll. Victoria & Albert Museum, Londres • © Bridgeman Images/Leemage

Utagawa Kuniyoshi, Dragon marin japonais
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Utagawa Kuniyoshi, Dragon marin japonais

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La plus aquatique

Si Kuniyoshi est connu pour ses estampes représentant des chats, l’artiste s’est aussi passionné pour la représentation d’animaux légendaires parmi lesquels de nombreux dragons. Motif récurrent dans la culture japonaise, le dragon est associé à l’eau. Dans la mythologie niponne, il prête ses traits au dieu de la mer Ryūjin, qui règne sur les marrées grâce à des joyaux magiques.

© Pictures from History/Bridgeman Images/Leemage

Utagawa Kuniyoshi, Sakata Kaidomaru soumettant un ours, de la série « Six aspects »
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Utagawa Kuniyoshi, Sakata Kaidomaru soumettant un ours, de la série « Six aspects », vers 1860-1870

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La plus héroïque

Selon la légende, Kaidomaru, aussi appelé Kintarō, qui, élevé par une ogresse parmi les animaux, est doté d’une force surhumaine. Très populaire au Japon, l’image de ce petit garçon dodu et tout rouge peuple les livres de contes, les mangas et aussi les animés. Kuniyoshi le représente ici valeureux, terrassant un ours après s’être livré à un véritable combat de sumō.

Gravure sur bois • 35,7 x 24,8 cm • Coll. Mead Art Museum, Amherst (USA) • © Gift of William Green/Bridgeman Images/Leemage

Utagawa Kuniyoshi, Le Fantôme de l’empereur Sutoku, de la série “Hyakunin isshu no uchi” (Cent poèmes par cent poètes)
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Utagawa Kuniyoshi, Le Fantôme de l’empereur Sutoku, de la série “Hyakunin isshu no uchi” (Cent poèmes par cent poètes), vers 1840

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La plus déchainée

Sutoku est le 75e empereur du Japon. Après avoir pris part à une guerre civile en 1156 (la rébellion de Hōgen), il est contraint de s’exiler. À sa mort, l’ancien souverain habité par la haine se serait alors transformé en daiyōkai (un démon beaucoup plus puissant que le yōkai), provoquant au Japon cataclysmes, épidémies et incendies. Kuniyoshi s’empare ici de cette légende : au beau milieu d’une mer noire et démontée, Sutoku se délecte de sa vengeance !

© Pictures from History/Woodbury & Page/Bridgeman Images/Leemage

Utagawa Kuniyoshi, Miyamoto Musashi attaquant une baleine géante
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Utagawa Kuniyoshi, Miyamoto Musashi attaquant une baleine géante, 1847-1850

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La plus héroïque

Calligraphe, peintre, philosophe, Miyamoto Musashi, figure emblématique du Japon, est aussi un escrimeur aguerri ! Sa témérité légendaire a inspiré les artistes de l’ukiyo-e, à l’image de Kuniyoshi qui le représente en plein combat avec une baleine. En équilibre instable sur la bosse de l’animal, il s’apprête à porter le coup fatal !

Gravure sur bois • 36 x 24,5 cm • © Christie's Images/Bridgeman Images/Leemage

Retrouvez dans l’Encyclo : Hokusai

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