À Paris, la colère des livreurs sans papiers de Frichti, abandonnés par leur entreprise

Les livreurs sans papiers de la plateforme Frichti ont manifesté, lundi 8 juin 2020, devant un hub du 1er arrondissement de Paris pour réclamer leur régularisation.

Les livreurs sans papiers de la plateforme Frichti ont manifesté, lundi 8 juin 2020, devant un hub du 1er arrondissement de Paris pour réclamer leur régularisation.
Les livreurs sans papiers de la plateforme Frichti ont manifesté, lundi 8 juin 2020, devant un hub du 1er arrondissement de Paris pour réclamer leur régularisation. (©DG/ Actu Paris)
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« Vous êtes les plus précaires parmi les plus précaires ». Devant le hub de la société Frichti, rue Croix des petits champs, dans le 1er arrondissement de Paris, Marilyne Poulain, pilote du Collectif Immigration CGT, salue une mobilisation « historique ».

Face à elle, environ 200 livreurs de la plateforme de livraison Frichti, rassemblés ce lundi 8 juin 2020. Tous ont un point commun : ils sont sans papiers et du jour au lendemain, la firme leur a interdit l’accès à la plateforme. 

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Les travailleurs sans papiers bannis de la plateforme

Lundi 1er juin, Libération publiait une enquête sur Karim, un livreur sans papiers employé illégalement par Frichti. Depuis, la société a reconnu ses manquements et a décidé de refuser l’accès aux travailleurs sans papiers à compter de ce lundi.

« Nous étions au front et du jour au lendemain, nous nous retrouvons sans rien ! Ils se sont foutus de nous ! » ne décolère pas Diabate Fousseni, livreur depuis plus de trois ans au sein de Frichti. Jusqu’alors, sa situation administrative n’avait jamais soulevé de problème du côté de la firme. 

623 km en deux semaines pendant le confinement

La pilule est aujourd’hui d’autant plus difficile à avaler que durant la crise sanitaire, ils ont été plus que jamais sollicités :

Sur deux semaines, j’ai livré entre 300 et 400 colis et effectué 623 km.

« Nous avons livré sous la pluie, sous le soleil pendant qu’ils étaient tous à l’abri avec leur famille », reprend Ibrahim Keita, le porte-parole du mouvement avant d’ajouter : « Un jour, une cliente m’a même dit  »heureusement que vous êtes là », alors que je la livrais en pleine canicule. Depuis, je me dis que je suis important pour ce pays. »

Du jour au lendemain, les livreurs sans papiers de Frichti ont été bannis de la plateforme.
Du jour au lendemain, les livreurs sans papiers de Frichti ont été bannis de la plateforme. (©DG/Actu Paris)

Entre 300 et 400 livreurs sans-papiers à Paris

Dès lors, les livreurs sans-papiers demandent leur régularisation, à tous. Le porte-parole estime aujourd’hui qu’ils sont entre 300 et 400 personnes dans cette situation, rien que pour la plateforme Frichti, localisée uniquement à Paris.

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Pour maître Kevin Mention, avocat spécialisé dans l’ubérisation des services, la question des livreurs sans-papiers repose sur le contrat de travail. « Ils sont déclarés comme indépendants alors que dans la réalité, ils sont salariés ».

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Pour Danielle Simonnet (LFI), conseillère municipale du 20ème arrondissement de Paris, présente au rassemblement, le comportement de Frichti est « inacceptable » :

Frichti a l’obligation de participer à la régularisation de ses travailleurs. Le travail de livreur équivaut à du salariat et ouvre des droits et un contrat.

Selon Ibrahim Keita, une rencontre devait avoir lieu entre des représentants de Frichti et des représentants du mouvement ce lundi après-midi. 

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