Créée pour aider les femmes agressées, l'application HandsAway noyée par des hommes sexistes

L'application HandsAway, destinée aux femmes victimes d'agressions pour qu'elles puissent alerter en cas de danger, a été suspendue après avoir été noyée par des hommes sexistes.

Des centaines de message de cyber-harcèlement ont contraint l'application HandsAway à être suspendue le temps d'un nettoyage.
Des centaines de message de cyber-harcèlement ont contraint l’application HandsAway à être suspendue le temps d’un nettoyage. (©DR)
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En deux jours, des centaines de messages sexistes ou inappropriés ont inondé l’application HandsAway. Lancée en 2016 par une association basée à Paris, elle a pour objectif de permettre à des victimes de harcèlement et d’agressions sexistes ou sexuelles de le signaler sur la plateforme. Lundi 8 juin 2020, les équipes ont été contraintes de suspendre l’application.

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Des centaines de messages sexistes, croix gammée et phallus

Dans une série de tweets publiés lundi, l’application souligne une bonne nouvelle : elle compte plus de 100 000 utilisateurs. Mais il y en a une mauvaise : « HandsAway a été victime de nombreux abus avec de fausses alertes et des propos à caractère sexiste ou sexuel ! » Ces abus ont été dénoncés par de nombreux utilisateurs et sont survenus en l’espace de deux jours.

C’est par l’outil majeur de l’application -le post de message géolocalisé pour demander aide ou soutien- que celle-ci a été noyée en deux jours de messages détournant son usage premier. Des centaines de messages sont apparus. Les premiers ont été signalés vendredi 5 juin vers midi. Le phénomène s’est amplifié avec le week-end, sans que son origine exacte soit identifiable.

Résultat, la carte de France de l’application a été submergée de signalements, certains avec des messages sexistes, des appels au viol, d’autres se voulant de simples « tests », jusqu’à un dessin de croix gammée en Arctique et de phallus aux confins de la Sibérie. Les posts de ce genre sont quasiment exclusivement postés par des comptes ayant des pseudos masculins.

https://twitter.com/apobrms/status/1269695169424752646

https://twitter.com/damiALenvers/status/1269594660294492160

« Cela ne restera pas impuni »

Semblable aux raids notamment organisés à l’encontre de militantes féministes comme Caroline de Haas, la stratégie utilisée est celle du « flood », qui consiste à noyer un service sous un trop grand nombre de requête. Face à cette situation, HandsAway n’a eu d’autre choix que d’annoncer « la difficile décision de couper momentanément le service » pour le « nettoyer ».

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L’association explique avoir besoin de fonds pour permettre ce nettoyage, et appelle ses utilisateurs aux dons. HandsAway, que nous avons contacté sans réponse, laisse également entendre que des poursuites pourraient être engagées, adjoignant le mot-dièse « Cela ne restera pas impuni » à l’annonce de sa suspension. Le cyber-harcèlement est passible d’un an de prison.

Sur Twitter, l’application indique qu’elle communiquera à nouveau mardi matin. HandsAway a reçu le soutien d’Hélène Bidard, adjointe PCF à l’égalité femmes-hommes à la mairie de Paris, ainsi que de la députée LREM de Marseille, Alexandra Louis.

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