Robert Badinter : "Une philosophie du confinement va éclore"

Robert Badinter en juillet 2019 à Paris ©Getty - Eric Fougere/Corbis
Robert Badinter en juillet 2019 à Paris ©Getty - Eric Fougere/Corbis
Robert Badinter en juillet 2019 à Paris ©Getty - Eric Fougere/Corbis
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Avocat, intellectuel, écrivain, ancien garde des Sceaux et sénateur, il est l’une des grandes figures de notre Cinquième République, ainsi qu’un observateur avisé de notre temps. Robert Badinter est l'invité d'Augustin Trapenard.

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Il est l'un des grands noms de la Cinquième République, incarnation du droit et de la justice. toujours très impressionnant, très grand, le sourcil broussailleux, le front autoritaire. Et pourtant, malgré son sérieux, il y a dans son regard quelque chose d'enfantin et de malicieux, comme une prédisposition à l'ironie, à l'humour. Il a souhaité revenir, avec nous, sur l'actualité de ces derniers mois. Il nous parle d'une époque d'incertitude, des fragilités de nos sociétés, de la générosité humaine, de Victor Hugo, d'Albert Camus, mais aussi de l'évolution de notre rapport à la mort. Robert Badinter est dans Boomerang.

Appréhender l'incertitude

Le regard de Robert Badinter sur la Covid-19. Pour Robert Badinter, ce qui est primordial en ce début de mois de juin 2020, c'est qu'on ne sait pas si l'épidémie se relèvera, si son intensité va croître ou encore combien de temps va-t-elle durer. "Ce n'est peut-être pas seulement un épisode, mais l'ouverture sur une nouvelle période comme à l'opéra. Un Nouvel Acte". Plus que de l'incertitude, il associe cela à un sentiment de perplexité et d'angoisse.

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Robert Badinter : "L'inconnu est par définition angoissant, surtout quand il débouche sur la mort".

Pour lui, les moments de grands conflits ou encore d'épidémie comme celui-ci nous poussent à se remettre en cause et à revenir à l'essentiel. Cela peut aussi être le moment de relire de grands textes en lien avec les épreuves traversées, car ce sont selon lui : "des sources plus riches que notre raison et nos émotions".

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Accepter que même si la vie est belle, elle est aussi brève

Robert Badinter explique que l'épidémie a fait réapparaître de la mort dans nos vies quotidiennes. Depuis la moitié du XXe siècle en effet, l'espérance de vie a grandement augmenté en Europe, rendant la mort occasionnelle. Petit à petit, notre société s'est progressivement employée à "gommer la mort de nos sociétés". Pourtant, il continue : "La mort est en soi une donnée constante de nos existences". Elle fait partie inhérente de nos vie, car nous sommes tous et toutes vouées à mourir. Pour être conscient de la beauté de la vie, il faut accepter sa brièveté et sa fragilité.

Un besoin de justice et de liberté

Cet entretien est aussi l'occasion pour Augustin Trapenard de revenir avec Robert Badinter sur l'affaire George Floyd et la résurgence du mouvement Back Lives Matter aux Etats-Unis et dans le monde. Pour lui, ces événements sont des réactions violentes mais légitimes. Ils font écho à un besoin de justice conjoncturel qui se fait entendre de partout. "Le racisme est un fléau que l'on bannit officiellement et qui s'exerce néanmoins au quotidien dans la rue, en dépit de tant d'efforts d'éducation, de tant de dispositions législatives".

Concernant ce besoin de justice, Robert Badinter estime qu'il doit être assouvi grâce à la garantie de la dignité pour l'ensemble de l'humanité : "Le droit à la vie, c'est-à-dire à respecter la vie d'autrui, est le premier des droits et des obligations".

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Pour sa carte blanche, Robert Badinter a choisi de lire la dernière page de La peste d'Albert Camus.
"Il y a chez les hommes plus de choses à admirer qu’à mépriser."

Programmation musicale :

  • Nick Cave, Let it be
  • Alain Souchon, Un terrain en pente

Programmation musicale

  • 09h38
    Un terrain en pente
    Un terrain en pente
    Alain Souchon
    Un terrain en pente
    Album Ame fifties (2019)
    Label WARNER

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