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Cinq nouvelles plaques de rues pour expliquer le passé négrier de Bordeaux

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En toute discrétion, la ville de Bordeaux a fait poser cette semaine, comme elle s'y était engagée il y a quelques mois, de nouvelles plaques de rue pour expliquer son passé négrier.

Des plaques explicatives dans les rues après une plaque en bronze sur les quais rappelant le passe négrier de Bordeaux Des plaques explicatives dans les rues après une plaque en bronze sur les quais rappelant le passe négrier de Bordeaux
Des plaques explicatives dans les rues après une plaque en bronze sur les quais rappelant le passe négrier de Bordeaux © Maxppp - Fabien Cottereau

Alors qu'une statue de marchand d'esclaves a été déboulonnée et jetée à l'eau par des manifestants antiracistes à Bristol en Grande-Bretagne, ou que des statues de Christophe Colomb ont été attaquées à Boston ou Miami, Bordeaux poursuit son travail de mémoire sur son passé négrier. Dans ce contexte particulier et en toute discrétion cette semaine, la ville a a accroché cette semaine cinq nouvelles versions de plaques de rue au nom de négriers, accompagnées cette fois-ci d'une explication historique. "C'est sûr que cela résonne par rapport à l'actualité au moment où certains déboulonnent des statues dans le monde", confie Marik Fetouh, adjoint au maire chargé de l'égalité et de la lutte contre la discrimination. Bordeaux préfère "la pédagogie mémorielle" plutôt que de changer carrément le nom de ces cinq rues honorant des hommes des XVIIe et XVIIIe siècles.

Pour la rue David Gradis (1665-1751) par exemple, une plaque explique qu'il a armé dix navires pour la traite des Noirs et qu'il a aussi acheté un terrain devenu le premier cimetière juif de la ville. "C'est à ce titre et parce que ses descendants furent aussi des notables bordelais que son nom a été donné à cette rue". Un QR code renvoie à un site internet détaillé.  C'est avec le commerce d'esclave qu'est né le racisme, dit Marik Fetouh. 

Ces plaques ont été présentées en décembre dernier par Nicolas Florian qui a poursuivi le travail entamé par Alain Juppé. Longtemps accusée d'ignorer son passé négrier, Bordeaux a créé un "parcours mémoriel" au sein de la ville, inauguré en 2009 des salles permanentes dédiées à l'esclavage au Musée d'Aquitaine, installé l'an dernier sur ses quais une statue de Modeste Testas, esclave déportée à Saint-Domingue par des Bordelais. Bordeaux a prospéré entre les XVIIe et XVIIIe siècles sur la traite d'esclaves, avec 508 expéditions négrières, mais aussi le négoce très lucratif de denrées coloniales produites par les esclaves. Entre 1672 et 1837, 120.000 à 150.000 esclaves africains ont été déportés vers les Amériques par des armateurs bordelais. Pour rappeler cette histoire, une "commission de réflexion sur la mémoire de l'esclavage et de la traite négrière" avait été lancée en 2016 par la ville, composée d'universitaires, de professionnels de la culture et de représentants associatifs, qui avaient émis des propositions. 

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