Six anciennes nageuses, aujourd’hui âgées d’une quarantaine et cinquantaine d’années, accusent leur ancienne fédération, l’USA Swimming d’avoir couvert des abus sexuels perpétrés par des entraîneurs, alors qu’elles étaient adolescentes, a rapporté le « New York Times », hier. « Je veux un changement culturel et une prévention dans ce sport, pour que les enfants puissent le pratiquer sans abus », a plaidé Debra Grodensky, l’une des plaignantes, âgée de 51 ans. « Mon abus sexuel était à 100% évitable », a-t-elle clamé. Cette dernière accuse son ancien coach, Andrew King, d’avoir abusé d’elle dans les années 80, de ses 12 à ses 15 ans. L’homme de 72 ans, condamné en 2009 pour viol sur mineur, purge actuellement une peine de 40 ans de prison. Deux autres plaignantes, Tracy Palmero, 46 ans, et Suzette Moran, 53, ont également porté plainte contre la Fédération américaine de natation. Elles accusent leurs entraîneurs respectifs, Everett Uchiyama et Mitch Ivey, de les avoir agressées alors qu’elles étaient mineures. Des agressions sexuelles qui auraient été couvertes par l’USA Swimming, dénoncent les ex-nageuses.

Dans le collimateur de la justice ? L’ancien président de la Fédération américaine de natation, Chuck Wielgus. L’homme, décédé d’un cancer en 2017, a été désigné comme l’un des instigateurs du silence de l’USA Swimming. « Chuck Wielgus était le méchant de l’histoire au sein de cette organisation. Mais il n’a pas agi seul. Loin de là », a déclaré l’un des avocats des plaignantes, Robert Allard. Une affaire qui n’est pas sans rappeler l’affaire Sarah Abitbol. 

« Il faut qu’il parte »

Le 2 février dernier, l’ancienne championne de patinage artistique, Sarah Abitbol, a accusé l’ancien président de la Fédération des sports de glace, Didier Gailhaguet, d’avoir couvert les viols commis par son ancien entraîneur, Gilles Beyer. «  Il faut qu’il parte, que des mesures soient prises », avait-elle déclaré. L’ancien entraîneur Gilles Beyer est également accusé d’agressions sexuelles par l’ancienne patineuse Hélène Godard. Les accusations de Sarah Abitbol ont poussé le président de la Fédération des sports de glace à démissionner, le 8 février dernier. « Dans un souci de pure apaisement, j’ai pris la sage décision de démissionner. Une fédération délégataire n’est ni la police, ni la justice, ni le ministère des Sports. Elle n’est pas là pour se substituer à eux », a-t-il accusé. « Lorsque j’étais à la tête de la fédération, tous les cas d’abus ont été traités », a-t-il tenté de se défendre. 

Une libération de la parole qui a entraîné d’autres témoignages, comme ceux d’ anciennes cavalières. L’ex-cavalière Amélie Quéguinier a porté plainte contre un ancien cadre de la Fédération française d’équitation et contre son beau-père et ex-entraîneur qu’elle accuse de l’avoir violée pendant une dizaine d’années. Le 10 février dernier, la Fédération française d’équitation a lancé une ligne d’écoute, accompagnée d’un formulaire à remplir, pour inciter les jeunes filles victimes d’abus sexuels à parler. Des changements nécessaires dans les fédérations sportives, non épargnées par les violences sexuelles.