La Chine oblige Zoom à bannir un leader de Tian'anmen en exil

Zoom a fermé le compte du leader étudiant de 1989 Zhou Fengsuo, qui vit aux États-Unis. Et celui de la Hongkong Alliance, qui organise des commémorations.

De notre correspondant à Hongkong,

Zoom s’est expliqué en se référant laconiquement à la législation locale.
Zoom s’est expliqué en se référant laconiquement à la législation locale. © Fotoarena/Sipa USA/SIPA / Sipa USA / Fotoarena/Sipa USA/SIPA

Temps de lecture : 4 min

« Zoom est-il aux ordres de la République populaire de Chine ? » C'est la question que posent aujourd'hui des activistes chinois vivant à l'étranger et à Hongkong, dont les comptes Zoom ont été fermés après une intervention des autorités chinoises. Le site d'information américain Axios a en effet révélé que, le 7 juin, la plateforme de visioconférence a fermé le compte d'un ancien leader étudiant des manifestations de 1989 sur la place Tian'anmen, Zhou Fengsuo, aujourd'hui en exil aux États-Unis.

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De même, Lee Cheuk-yan, président de l'Alliance de Hongkong en soutien aux mouvements démocratiques patriotiques de Chine, qui organise les commémorations du massacre dans l'ancienne colonie britannique, a vu son propre compte Zoom suspendu dès fin mai.

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Zhou Fengsuo avait organisé le 31 mai sur Zoom une visioconférence en commémoration du 31e anniversaire du massacre des manifestants, donnant la parole à des survivants et à des mères d'étudiants tués. Deuc cent cinquante personnes s'y étaient jointes, principalement des États-Unis, mais aussi pour certains de Pékin.

Le 4 juin 1989, la République populaire de Chine avait écrasé dans le sang le Printemps de Pékin, large mouvement prodémocratie, l'Armée de libération du peuple tuant entre plusieurs centaines et plusieurs milliers de manifestants. En Chine continentale, la mémoire de ces événements est systématiquement censurée. Elle est cependant entretenue par des survivants ayant fui à l'étranger et par le mouvement prodémocratie à Hongkong, dernier lieu en Chine où le massacre est publiquement commémoré, lors d'une veillée anniversaire, depuis 30 ans.

Coopération de Zoom avec la Chine

Lee Cheuk-yan, de l'Alliance de Hongkong, avait, lui, signalé dès le 27 mai dans un post Facebook la fermeture de son compte Zoom. Il s'en est rendu compte à l'occasion d'une visioconférence qu'il devait diffuser sur son compte le 22 mai, lors de laquelle devait intervenir le militant hongkongais Cen Zijie. « Mon compte Zoom était bloqué, donc, nous avons fait autrement », explique Lee Cheuk-yan. « J'ai demandé pourquoi à Zoom. Ils n'ont jamais répondu. Je paye un abonnement pour un an ! Même simplement comme client, je suis floué… » Mais pourquoi Zoom a-t-elle suspendu son compte ?

« Il y a une très grosse surveillance de la Chine sur Hongkong », assure-t-il. « Nous savons que Zoom n'est pas sûr. Mais nous l'utilisons justement pour atteindre des gens en Chine, parce que l'application n'est pas bloquée là-bas. Quand bien même, les participants à nos visioconférences basés en Chine sont très peu nombreux. Mais les autorités ne veulent absolument pas que ce que nous disons soit entendu en Chine. Quelqu'un a dû nous dénoncer. » Les autorités chinoises seraient donc intervenues auprès de Zoom pour faire suspendre les comptes. « Pourquoi Zoom a-t-il répondu à la plainte des autorités chinoises ? », demande Lee Cheuk-yan. « Rien n'oblige Zoom à se soumettre à la demande chinoise. L'autocensure et la coopération de Zoom avec les agences chinoises, pour bloquer en Chine l'information venant de l'étranger ou de Hongkong, sont très dangereuses. »

Soupçon de surveillance chinoise

Dans un communiqué, Zoom s'est expliqué en se référant laconiquement à la législation locale : « Tout comme n'importe quelle entreprise globale, nous devons nous soumettre aux lois applicables dans les juridictions où nous opérons. Quand une réunion est tenue entre différents pays, les participants dans les différents pays sont tenus de se soumettre aux lois locales. » Ce texte sous-entend donc que les participants chinois à la réunion ont enfreint la loi chinoise. Or, Zoom n'est pas interdit en Chine, et aucune loi n'interdit officiellement de commémorer les événements, même si les autorités l'empêchent, ni de suivre une commémoration ayant lieu à l'étranger, à distance.

Zoom est en outre une société américaine. Fondée en 2011 par Eric Yuan, un ingénieur américain d'origine chinoise, la plateforme rencontre un immense succès depuis le début de la pandémie de Covid-19, avec le développement de l'enseignement et du travail à distance, adoptée aussi bien par des établissements scolaires et universitaires que par des entreprises, et même des administrations stratégiques, de l'armée aux ministres. Elle avait été pointée du doigt début avril quand des médias avaient découvert que des paquets de données non identifiés étaient envoyés en Chine au cours des conversations. Face à la controverse, Zoom a rapidement rétabli le compte de Zhou Fengsuo, installé aux États-Unis. Mais le compte de Lee Cheuk-yan reste inaccessible.

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Commentaires (2)

  • Vivelevant

    Et ce n est que le debut ! Recemment les dirigeants chinois ont conseille vivement a la France de ne pas vendre de frégates a Tawain ! A t on les moyens de refuser ?

  • Philippe Lenoble

    Zoom devrait bannir toute la Chine ! Allez du courage !