Val-de-Marne : le point de deal faisait un demi-million d’euros de bénéfices par an

Après quatre jours de garde à vue, huit hommes soupçonnés d’appartenir au réseau de la cité Barbusse à Choisy-le-Roi ont été déférés ce vendredi matin.

 Choisy-le-Roi, ce lundi matin. Lors d’un vaste coup de filet, 17 personnes avaient été interpellées dans le cadre du démantèlement de la cité Barbusse.
Choisy-le-Roi, ce lundi matin. Lors d’un vaste coup de filet, 17 personnes avaient été interpellées dans le cadre du démantèlement de la cité Barbusse. DR

    C'est tout un pan de l'économie souterraine de Choisy-le-Roi qui vient d'être ébranlé. Ce vendredi matin, après quatre jours de garde à vue à la brigade des stupéfiants, huit hommes ont été déférés devant des magistrats dans le cadre du démantèlement du point de deal de la cité Barbusse.

    Une information judiciaire a été ouverte pour déterminer précisément l'organisation de ce trafic au chiffre d'affaires colossal. Selon nos informations, il générait plus d'un demi-million d'euros de bénéfice par an.

    Un dernier suspect toujours en fuite

    Lundi à l'aube, après des mois de surveillance, 17 personnes sont interpellées lors de l'opération de police. Il y a parmi eux celui que les enquêteurs soupçonnent d'être le gérant. Libéré de prison depuis ans, il avait repris sa place à la tête du trafic, d'après une source proche du dossier.

    Les policiers mettent la main sur plus d'1 kg de cannabis et 4 000 € d'argent liquide. Un mandat de recherche a été lancé pour interpeller un autre suspect. « On a failli l'interpeller ce jeudi à Choisy mais il a réussi à prendre la fuite », peste un policier.

    Lors des gardes à vue à la sûreté, les suspects ne sont pas bavards. « L'implication de mes clients est minime, assure Me Saïd Harir, qui défend trois des mis en cause. Ils n'ont jamais été incarcérés et j'espère que la décision attendue ce vendredi sera en cohérence avec ce passé judiciaire. »

    En attendant le passage devant le juge des libertés, le magistrat instructeur a demandé un placement en détention provisoire pour les huit hommes. « Le profil de mes clients doit leur permettre de bénéficier d'un contrôle judiciaire même strict, estime l'avocat. Car la détention aura des effets dévastateurs sur leur réinsertion. »

    Une série d'opérations de police

    La cité Barbusse, où se rendent en temps normal entre 30 à 50 clients chaque jour, faisait partie de la liste des points de deal que la police, la préfecture et le parquet ont dressée. La dernière grosse opération dans ce quartier remontait à 2012.

    « À Choisy, quelques familles tiennent plus ou moins les stupéfiants dans les trois grosses cités, analyse un spécialiste. Mais il y a des connexions avec un boss de la génération du dessus qui chapeaute un peu tout le monde. On sait tous qui c'est mais bon, cela fait des années qu'on n'a rien pour l'accrocher. »

    En attendant, les points de deal enchaînent les déconvenues depuis que les policiers les ont dans le collimateur. L'hiver dernier, des trafiquants présumés de Jacques-Cartier étaient interpellés. L'instruction est toujours en cours. En octobre dernier, 13 personnes étaient par ailleurs arrêtées cité Gabriel.

    Réunions de crise dans les quartiers

    « Le lendemain de chaque opération, vous pouvez être sûr qu'il y a réunion de crise dans le quartier, sourit un policier. Le trafic rapporte tellement d'argent qu'il faut savoir se réorganiser rapidement. Le temps des commissions rogatoires, tout le monde la joue profil bas. Mais cela ne prend en général que quelques semaines avant que le trafic ne soit relancé. »

    La culture du cannabis est tellement ancrée à Choisy qu'il arrive même que les consommateurs ne se cachent plus du tout. Ce jeudi après-midi, un équipage de la brigade territoriale de contact a interpellé rue Rouget-de-l'Isle une femme de 35 ans qui faisait pousser de l'herbe sur son balcon. Elle, en revanche, a pu être remise en liberté avec une ordonnance pénale.