Le desmarestii n'avait plus été observé en Meuse depuis 20 ans
Bonne nouvelle pour la biodiversité, une espèce bien particulière de crevette d'eau douce a fait sa réapparition sur la Meuse hutoise.

- Publié le 15-06-2020 à 08h28

C'est un petit invertébré d'à peine 3 cm. Le tyaephyra desmarestii est un décapode de la famille des Atyidae. Bref, c'est une crevette d'eau douce très rare. Si elle est connue depuis 1831, sa présence chez nous se faisait rare puisqu'elle n'avait plus été observée en Meuse depuis une vingtaine d'années.
Elle vient de réapparaître début mai, à l'occasion de travaux effectués par la Maison wallonne de la Pêche dans la darse de Corphalie (lire ci-dessous). "C'est en manipulant les structures, que notre équipe a pu observer un cette espèce qu'on ne connaissait pas du tout, explique Julien Gilles, chargé de projet à la Maison wallonne de la Pêche. On a donc pris contact avec le Département de l'Étude du Milieu naturel et agricole et plus particulièrement avec Frédéric Chérot, un entomologiste spécialisé dans l'étude des macro-invertébrés." Et ce dernier est formel, il s'agit bien du desmarestii. "L'espèce, quoique connue chez nous depuis longtemps est sporadiquement observée en grand nombre d'individus, n'est pas très fréquente en Wallonie, souligne l'entomologiste. À partir de 1979, on a noté une nette diminution de son abondance en Meuse."
Ce retour est, pour les scientifiques, une très bonne nouvelle. Un signe positif d'une Meuse dont la qualité des eaux s'améliore. " Il y a davantage de biodiversité donc c'est une bonne nouvelle", conclut Julien Gilles.

Début mai, la Maison wallonne de la Pêche en collaboration avec le Contrat de rivière, a procédé à la restauration des radeaux installés dans la darse de Corphalie en 2012. " Ce sont des supports végétalisés, détaille Julien Gilles, chargé de projet à la Maison de la Pêche. Cela permet aux poissons de s'y nourrir et d'y coller leurs œufs. En fait, pour frayer dans de bonnes conditions, les œufs doivent se trouver à 30 à 40 cm de profondeur, pas plus profond, sinon, l'eau n'est pas oxygénée et comme une grande partie de la Meuse est bétonnée, les œufs ont tendance à tomber dans le fond de l'eau…"
L'autre avantage des radeaux végétaux, c'est qu'ils permettent aussi la création de tout un écosystème. "Après l'éclosion, les alevins peuvent se nourrir de plancton et des oiseaux, comme le graibe huppé, peuvent aussi venir se nourrir de poissons…"
Les radeaux végétalisés sont composés de plantes aquatiques provenant de la pépinière domaniale de Marche-les-Dames (Namur). On trouve des iris, des glycéries et des laîches.
Les radeaux en question ont été installés sur 6 sites tout le long de la Meuse, depuis la frontière française jusqu'à Cheratte. "On ne peut pas les mettre directement dans le cours principal de la rivière, poursuit Julien Gilles. Raison pour laquelle on recherche des lieux annexes au cours d'eau, comme la darse de Corphalie."