TABOU« Mon nom est clitoris », un documentaire pour se réapproprier son plaisir

« Mon nom est clitoris », un documentaire pour aider les femmes à mieux se connaître

TABOULisa Billuart Monet et Daphné Leblond ont interviewé dans le documentaire « Mon nom est clitoris » douze jeunes femmes qui parlent librement masturbation, clitoris et consentement
Affiche du documentaire « Mon nom est clitoris »
Affiche du documentaire « Mon nom est clitoris » - DR
Aude Lorriaux

Aude Lorriaux

L'essentiel

  • Le documentaire Mon nom est clitoris tire le portrait d’une génération de jeunes femmes, âgées de 20 à 28 ans, désireuses de se réapproprier leur plaisir.
  • Il dresse aussi un plaidoyer pour qu’on enseigne mieux aux collégiennes et lycéennes cette partie de leur anatomie.
  • « On a fait le film qu’on aurait voulu voir quand on était adolescentes », expliquent-les réalisatrices.
  • Le film, disponibile à partir de ce mercredi en salle virtuelle, sortira dans les salles de cinéma ce lundi.

«J’ai toujours pensé que j’avais mes règles par le trou du pipi », confie Marie, une vingtaine d’années, à la caméra. C’est une des douze courageuses interviewées dans le documentaire Mon nom est clitoris, qui sort le 22 juin dans les salles et est accessible dès ce mercredi en avant-première virtuelle. Des jeunes femmes qui n’ont pas hésité à parler face caméra de la découverte de leur corps de femme. Mais Marie n’est pas la seule qui, à son grand regret, a attendu l’âge adulte avant de connaître quelques notions qui devraient être connues de toutes, mais ne le sont guère, comme la taille du clitoris (savez-vous qu’il fait 11 centimètres, tel un iceberg qui se cache sous le ventre des femmes ?).

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

A travers ce documentaire plein de tendresse et d’humour, Lisa Billuart Monet et Daphnée Leblond font le portrait d’une génération de jeunes femmes, âgées de 20 à 28 ans, désireuses de se réapproprier leur plaisir. Et dressent un plaidoyer pour qu’on enseigne mieux aux collégiennes et lycéennes cette partie de leur corps. Elles font ainsi défiler des planches d’anatomie prises dans des manuels ou des livres, où le clitoris n’est tout simplement pas nommé, ou pire, où il est écrit qu’il est « de la taille d’un petit pois ».

« Ce n’est pas normal qu’on doive en passer par des docus, ce n’est pas le rôle des cinéastes d’assurer la prévention de la santé et la sensibilisation aux discriminations. Ce sont des apprentissages qui doivent se faire à l’école par des intervenantes extérieures », s’insurge Daphné, qui souhaiterait que ces intervenantes soient payées. « Ce n’est pas normal que l’Etat fasse reposer sur du bénévolat ce type d’info fondamentale », dit-elle en citant en exemple l’association Claf’outils, qui intervient en milieu scolaire sur les questions de sexualité, de genre et de santé.

Démarche émancipatrice

Si ces jeunes femmes se confient si bien, expliquent Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond, c’est peut-être parce qu’elles ont le même âge, à peu près, que les réalisatrices, qui se sont rencontrées il y a cinq ans sur les bancs d’une école d’art, à l’INSAS à Bruxelles. C’est là où elles ont commencé à travailler ensemble à cette idée, à l’âge de 21 et 25 ans, après des heures à discuter ensemble de leur sexualité, butant toutes les deux sur des questions sans réponse. « On a découvert qu’on avait des choses qui nous entravaient, comme l’obligation de la pénétration vaginale avec les hommes et la censure de la masturbation », raconte Daphné Leblond. « On a fait le film qu’on aurait voulu voir quand on était adolescentes », complète Lisa Billuart Monet.

Tourné avant #MeToo, le film l’annonce déjà : « On a demandé aux femmes ce qu’elles voulaient ajouter, et elles revenaient toutes sur la notion de consentement. On voit bien que c’était déjà dans l’ère du temps », explique Lisa Billuart Monet.

En jeunes femmes nourries d’intersectionnalité, comme l’est souvent cette génération, elles ont veillé à donner la parole à des femmes lesbiennes et racialisées. Mais ne vous attendez pas à trouver de jeunes hommes par ici : « On a une démarche émancipatrice à partir de nous-mêmes », explique Daphné Leblond. Ce sera l’objet d’un prochain film sur la sexualité masculine, annoncent-elles en chœur.

Sujets liés