« Notre maison brûle… » Si la formule du président Chirac lors duquatrième sommet de la Terre, en septembre 2002, est déjà lointaine, les remèdes ont tardé. Le collectif Argos, constitué l’année précédente, a orienté son travail depuis presque vingt ans autour des préoccupations environnementales.

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Au départ, ce petit groupe de photographes (Hélène David, Cédric Faimali, Laurent Weyl et Guillaume Collanges) cherche surtout à partager idées et réflexions. Très vite, ils décident d’intégrer des gens de plume à leur projet.

Rendre compte du réchauffement climatique

Au tout début du XXIe siècle, les chiffres, graphiques et camemberts du Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) commencent à alarmer les médias et de nombreux gouvernants. « Il paraissait important de rendre palpables et sensibles ces données sur le réchauffement climatique », souligne Guillaume Collanges.

Arles et Perpignan, le destin contrarié des festivals photo

Du village de Shishmaref, en Alaska, touché par la fonte du permafrost, à l’archipel des Tuvalu submergé par la montée des eaux, les photographes parcourent la planète pour rendre compte d’histoires d’hommes qui subissent de plein fouet les effets du réchauffement climatique. Ils sont les premiers à documenter et incarner les rapports un peu rébarbatifs des scientifiques du Giec.

Le projet, lancé en 2004, se prolonge sur plusieurs années. Un livre sort en 2007, qui sera réédité. Le Festival photo La Gacilly, engagé également dans une démarche écologique vertueuse, promeut une exposition de leurs travaux la même année.

Recenser et illustrer les initiatives positives

L’exposition voyage ensuite à travers la France, accompagnée de conférences et de rencontres. Les échanges sont riches et révèlent aussi les incidences locales du climat, ainsi que les initiatives qui sont prises à cette échelle. Du vaste monde au pas de sa porte, la boucle est bouclée.

Le point d’orgue de ce travail est atteint quand, en 2009, l’ambassade de France programme leur exposition à la COP15 de Copenhague, ce qui va conforter l’envie du collectif de continuer à creuser le sillon environnemental. Un engagement qui demande du temps et de l’argent : chacun vaque à son ouvrage, se consacre à des reportages de société, travaille sur l’actualité, répond aux commandes, sans jamais s’éloigner trop du chemin tracé ensemble.

L’équipe se mobilise à nouveau pour écrire un second chapitre sur les acteurs de la transition énergétiques. Le projet « Empreinte » recense petites et grandes initiatives, de l’Amap d’Île-de-France au développement éolien du Cap-Vert.

Une nouvelle expo, visible début 2021

Il trouve son aboutissement à l’aube de la COP21 à Paris avec une exposition à l’hôtel de ville. Une touche de couleur et d’optimisme après le constat très sombre du premier volet. « Cela nous paraissait essentiel de témoigner aussi des solutions », affirme Jérômine Derigny, qui a rejoint le collectif en 2006.

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Près de vingt années ont passé, certains membres sont partis, de nouveaux sont arrivés, mais l’esprit demeure. Le collectif Argos vit sa vie, toujours en alerte sur les dérèglements écologiques. Une page s’écrit aujourd’hui avec une nouvelle série documentaire intitulée « Amer ». Ils partent, cette fois, à la rencontre de petits pêcheurs privés de leur zone de subsistance par des intérêts privés, touristiques ou industriels.

L’exposition, reportée pour cause de coronavirus, sera visible en début d’année prochaine, à l’occasion du Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (l’UICN) à Marseille.

collectifargos.com