La Cinémathèque française met en ligne ses trésors (et c’est gratuit !)

Henri, plateforme de la Cinémathèque, propose gratuitement des pépites tirées de son fonds. Et même, chaque jour, des “séances” de cinéma !

Par Anne Dessuant

Publié le 18 juin 2020 à 13h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 00h19

Henri est né pendant le confinement. La Cinémathèque française, fermée en raison de la pandémie, a ouvert une plateforme éphémère pour proposer, gratuitement, aux cinéphiles en manque, des pépites sorties de ses coffres-forts : des films de patrimoine dont elle détient les droits de diffusion et qu’elle a aidé à restaurer. Un rendez-vous est aussi donné, à 20h30 tous les jours, pour une mise en ligne d’un programme, comme une séance de cinéma virtuelle.

Évidemment, pas de blockbusters ici, mais seulement des films pointus — on a dit pointus, pas ennuyeux ! Avec pour fil conducteur une totale liberté d’esprit, de 1896 (Paul Nadar) à nos jours (Jean-Marie Straub, Barbet Schroeder) en passant par la nouvelle vague, Raoul Ruiz, et même Christophe (dans l’émouvant Personne n’est à la place de personne, d’Ange Leccia et Dominique Gonzalez-Foerster) ! À la réouverture de la Cinémathèque, le 15 juillet, la plateforme restera consultable, mais elle ne sera plus enrichie de nouveaux contenus. Compte tenu du succès d’Henri (plus de 540 000 visiteurs à ce jour), on nous assure qu’« Henri trouvera un nouveau rythme à la rentrée de septembre. » Voici cinq gourmandises à picorer.

Honneur au maître des lieux

Henri Langlois est célébré en neuf documentaires ou films d’archives. Quand on lui demandait s’il était fou, le « sauveur de films », répondait : « J’espère bien ! Il n’y a que les imbéciles qui ne sont pas fous ! » Le reste de la programmation lui donne raison.

Une rétrospective Jean Epstein

Le Lion des Mogols, de Jean Epstein (1924).

Le Lion des Mogols, de Jean Epstein (1924). © Films Albatros

Avec six films du cinéaste chef de fil de l’avant-garde des années 20 et un documentaire. Si La Chute de la maison Usher (1928) est incontournable, on a découvert le rarissime Lion des Mogols (1924), où le réalisateur tentait une mise en abyme, inédite alors, du monde du cinéma. « La liberté est l’idée motrice de l’intelligence », disait Epstein. Une devise pour la plateforme Henri ?

Le Brasier ardent

Le Brasier ardent d’Ivan Mosjoukine.

Le Brasier ardent d’Ivan Mosjoukine. © Films Albatros

D’Ivan Mosjoukine (1923) : avec ce film complètement fou, aux visions surréalistes (qui a, quand même, décidé Jean Renoir à faire du cinéma !), on entre dans le monde très peu connu du studio Albatros. Ce phalanstère d’artistes russes chassés par la révolution d’Octobre et débarqués à Paris a été un bouillon culturel d’une modernité saisissante. Un riche documentaire, Albatros, debout malgré la tempête (2010), revient sur cette aventure unique.

Le réalisateur géorgien Otar Iosseliani

Fidèle descendant de cette avant-garde française et des réalisateurs russes qui l’ont enrichie, Otar Iosseliani est décliné en un court et deux moyens métrages surprenants. S’affranchissant des codes formels du cinéma, il s’amuse avec le montage, les décadrages, la musique et le silence. Avril (1961, 47 min), avec sa poésie très sensuelle, est étonnant. Le film a été censuré en Russie « dans le cadre de la lutte contre l’abstraction et le formalisme »

Un hommage est rendu à Michel Piccoli

Et plus largement à la nouvelle vague, avec les deux courts que Jacques Rozier a filmés sur le tournage du Mépris : Le Parti des choses : Bardot et Godard et Paparazzi (1963).

cinematheque.fr/henri

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