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Les banques empruntent 1.300 milliards à taux négatifs auprès de la BCE

Les banques se sont précipitées au guichet ouvert par la BCE. La demande a atteint 1.300 milliards d'euros, un record pour ce type de programme. Et pour cause : ces prêts de long terme permettent aux banques de bénéficier d'un taux pouvant aller jusqu'à -1 %.

742 banques ont demandé plus de 1.300 milliards d'euros de TLTRO (Targeted long term refinancing operation), a annoncé ce jeudi la Banque centrale européenne.
742 banques ont demandé plus de 1.300 milliards d'euros de TLTRO (Targeted long term refinancing operation), a annoncé ce jeudi la Banque centrale européenne. (REUTERS/Kai Pfaffenbach)

Par Guillaume Benoit

Publié le 18 juin 2020 à 13:14Mis à jour le 18 juin 2020 à 17:29

Chronique d'un succès annoncé. 742 banques ont demandé plus de 1.300 milliards d'euros de TLTRO (Targeted Long Term Refinancing Operation), a annoncé, ce jeudi, la Banque centrale européenne. Du jamais vu pour ces prêts ciblés de long terme, qui offrent des conditions de financement avantageuses aux établissements bancaires qui prêtent aux entreprises et aux ménages.

« C'est la plus grosse opération de refinancement de l'histoire de la BCE, deux fois et demie plus importante que le précédent record de mars 2012 », confirme Frederik Ducrozet chez Pictet Wealth Management.

Succès attendu

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Ces derniers jours, les estimations oscillaient entre 1.000 et 1.500 milliards d'euros . Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE chargée notamment des marchés, avait même avancé le chiffre de 1.400 milliards d'euros. C'est ce qui ressortait de la dernière enquête trimestrielle sur les banques effectuée par la banque centrale.

L'offre était en effet particulièrement incitative . Les établissements qui ont souscrit ces TLTRO se verront appliquer un taux d'intérêt négatif. Autrement dit, la BCE va payer les banques pour qu'elles prêtent à leurs clients. Et le niveau de cette rémunération, - 1 %, est totalement inédite. Les banques doivent pour cela maintenir leurs crédits à l'économie à leur niveau d'avant l'explosion de la pandémie. Une condition qui devrait être facilement remplie grâce aux garanties apportées par les gouvernements pour permettre aux entreprises de supporter la crise.

Canal bancaire

Cette nouvelle vague de TLTRO vient en effet compléter le spectaculaire dispositif de la BCE pour lutter contre les conséquences du coronavirus sur l'économie européenne. Ces 1.310 milliards s'ajoutent aux 1.350 milliards du programme d'achat urgence pandémie de l'institution de Francfort, qui a permis d'inonder de liquidités le marché des obligations d'Etat et d'entreprises.

Avec les TLTRO, c'est le canal des prêts bancaires - qui restent la principale source de financement de l'économie en Europe -, qui est ciblé. L'objectif est d'éviter un « credit crunch » comme en 2008. Les banques avaient brutalement coupé le robinet du financement, accélérant la transformation d'une crise financière en crise économique.

L'AfD attaque en justice le programme d'urgence de la BCE

Le parti d'extrême droite allemand AfD a annoncé jeudi qu'il allait contester devant la Cour constitutionnelle le nouveau programme d'urgence (PEPP) de 1.350 milliards d'euros de la Banque centrale européenne. L'AfD estime qu'en s'affranchissant des contraintes de taille ou de répartition entre pays, la BCE a outrepassé son mandat. Les juges de Karlsruhe ont pris une décision sévère à l'encontre du programme « classique » de la BCE en mai dernier, sans pour autant se prononcer sur le PEPP.

Refinancement

Sur le montant total obtenu jeudi par les banques, une partie sera affectée au refinancement de TLTRO précédents. Mais plus de 40 % - 548,5 milliards d'euros - constituent de « l'argent frais » qui viendra augmenter la capacité de prêt des banques européennes. Les sommes obtenues permettront aussi de soutenir les taux d'emprunt des pays du sud de l'Europe.

Plusieurs établissements pourraient choisir d'investir en partie ces fonds à -1 % dans des obligations d'Etat qui offrent un rendement positif, et gagner ainsi sur les deux tableaux. Le taux des obligations italiennes à 2 ans a d'ailleurs brièvement atteint son plus bas niveau depuis mars en anticipation de ces nouvelles demandes.

Guillaume Benoit

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