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Affaire Fillon : une ex-procureure évoque des "pressions" hiérarchiques, émoi politique

François Fillon, en mars 2020.
François Fillon, en mars 2020. © Patrice Pierrot / Avenir Pictures / Abaca
La Rédaction, avec AFP , Mis à jour le

Depuis que l'ancienne cheffe du parquet national financier a déclaré avoir subi des «pressions» de la part de sa hiérarchie dans la conduite de l'enquête sur l'affaire Fillon, plusieurs responsables politiques crient au scandale.

Depuis les propos tenus, la semaine dernière, par Eliane Houlette, la colère gronde. L'ancienne cheffe du parquet national financier a assuré avoir subi des «pressions» de la part de sa hiérarchie dans la conduite de l'enquête sur l'affaire Fillon. C'est elle qui avait décidé de l'ouverture d'une enquête contre le couple Fillon , en janvier 2017, après les révélations du «Canard Enchaîné» sur les soupçons d'emplois fictifs. «Le plus difficile [...] a été de gérer en même temps la pression des journalistes, mais ça on peut s'en dégager, [...] et surtout la pression du parquet général», a-t-elle accusé devant la commission d'enquête parlementaire sur l'indépendance de la justice. «On ne peut que se poser des questions, c'est un contrôle très étroit et c'est une pression très lourde», a-t-elle poursuivi, évoquant «des demandes de transmission rapide» sur les actes d'investigation et les auditions, mais aussi une convocation par le parquet général, demandant que l'enquête soit confiée à un juge d'instruction.

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Les propos de l'ancienne magistrate, partie à la retraite à l'été dernier, ont été tenus le 10 juin mais mis en lumière par un article du «Point» cette semaine, sur lequel se basent plusieurs membres du parti Les Républicains pour dénoncer une «instrumentalisation» de la justice : «La judiciarisation à l'extrême, et parfois instrumentalisée, de la vie politique française est un lent poison démocratique», a accusé Damien Abad, chef des députés LR, alors que le verdict du procès en correctionnelle, qui s'est tenu en début d'année , est attendu pour le 29 juin prochain. 

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Eric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, a écrit au président Emmanuel Macron et à la ministre de la Justice Nicole Belloubet pour leur demander «la saisine du Conseil supérieur de la magistrature» et la saisie «du parquet pour l'ouverture d'une information judiciaire contre X ou d'une enquête préliminaire pour forfaiture» : «L’ouverture de cette information judiciaire à l’encontre de François Fillon moins de 2 mois avant le 1er tour de l’élection présidentielle a été très lourde de sens et a, sans aucun doute possible, influencé le scrutin et le destin de notre nation. Jamais un candidat à l’élection présidentielle, qui plus est alors en tête des sondages, n’avait été l’objet d’une telle ouverture judiciaire, suivie si rapidement d’une mise en examen», écrit-il. «De telles révélations appuient l’hypothèse d’une manipulation et d’une orchestration visant à abattre le candidat de la droite républicaine», poursuit l'élu.

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Pour Mélenchon et Le Pen, "la vérité éclate"

L'affaire n'a pas ému qu'au sein du parti de l'ancien Premier ministre, défait au premier tour de l'élection présidentielle après une campagne parasitée par les accusations. «L'ex-chef du pôle financier avoue avoir agi sous pression dans l'affaire Fillon. Responsable ? La chef du parquet qui a ordonné les perquisitions odieuses contre LFI. La vérité est en chemin», a tweeté Jean-Luc Mélenchon, y voyant un lien avec la perquisition au sein de ses locaux en octobre 2018. Fermement opposé à la procédure, l'ancien ministre avait appelé ses proches à «enfoncer la porte» pour entrer dans les locaux où la perquisition était en cours, affirmant notamment : «La République c'est moi». Il avait été condamné en décembre dernier à trois mois de prison avec sursis et 8000 euros d'amende pour «rébellion» et «provocation».

Marine Le Pen a elle aussi commenté les propos de l'ancienne magistrate sur Twitter : «Et dire que lorsque nous dénonçons l'instrumentalisation de la justice, certains nous traitent de complotistes... La vérité éclate et ce n'est que la partie émergée de l'iceberg», a-t-elle écrit, deux jours après la condamnation du Rassemblement national pour «recel d'abus de biens sociaux» dans le cadre de l'enquête sur le financement des élections législatives de 2012.

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