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À RETROUVER DANS LES ARCHIVES DE LA REVUE DES DEUX MONDES

         
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L'OBSESSION DE LA RACE À L'UNIVERSITÉ

L’INFO : Un nouveau terrorisme intellectuel. L’université est aujourd’hui la cible d’un nouvel entrisme idéologique : l’indigénisme racialiste. Il s'incarne dans une multitude de mini-icônes intellectuelles, politiques et médiatiques, qui drainent fans, followers, apôtres, élèves et soutiens hautement mobilisables... Bien que toute allusion à la couleur de peau et à la race soit interdite en France, le terme racisé est mis en avant par certains enseignants, qui l’investissent dorénavant d’une légitimité scientifique. Celui qui s’oppose à la diffusion de cette doxa islamo-gauchiste mortifère est qualifié « de réactionnaire, d’islamophobe, lorsqu’il n’est pas tout simplement traité de raciste, de fasciste, voire de nazi », alerte la professeure à l'université Paris-I, Josepha Laroche.

Entretien
Michel Onfray, l'université et la pensée dominante

   

« Revue des Deux Mondes – Au sein de l’université, beaucoup s’alarment depuis quelques années d’un entrisme idéologique décolonial, indigéniste, religieux (islam politique), intersectionnel... Partagez-vous cette inquiétude ?

Michel Onfray Oui, mais sans grand étonnement. L’université a toujours été le lieu du pouvoir dominant : elle a été thomiste à la grande époque chrétienne, kantienne à la grande époque laïcarde, elle était heideggérienne pendant l’Allemagne nazie, elle fut marxiste après-guerre, puis structuraliste, elle est aujourd’hui déconstructionniste... Rien de très anormal. Elle fait son travail d’accompagnement des pouvoirs en place. Montaigne, Jean Meslier, Nietzsche et Camus, qui ont été pour moi les grands philosophes, n’ont jamais enseigné la philosophie à l’université.

Revue des Deux Mondes – Danièle Obono, dont la proximité avec le Parti des indigènes de la République est connue, vient d’être nommée au conseil d’administration de l’unité de formation et de recherche de sciences politiques de Paris-I Panthéon-Sorbonne. Cette ins-tance fixe au quotidien les orientations des enseignements et des recherches proposés aux étudiants. Que vous inspire cette décision administrative ?

Michel Onfray Que tout cela confirme ce que je viens de vous dire. Elle  est  le  navire  amiral  de  ce  dispositif  de  pouvoir,  voire  de  ce  dis-positif de pouvoir gouvernemental. Cette dame est idéologiquement compatible avec le fond de sauce de la pensée dite complexe d’Emmanuel Macron ! Le plus drôle, si je puis dire, c’est que tout cela dénote un conservatisme idéologique  avéré  mais  se  présente  tout  de  même  comme  un  sommet  de  modernité  !  Cette   idéologie   vieille   d’un   demi-siècle   a  l’âge  de  ses  artères.  Quelques  benêts  se  croient  subversifs  en  affirmant  encore  que  la philosophie est l’art de créer des concepts parce  que  Gilles  Deleuze  a  professé  cette  sottise  dans  les  années  quatre-vingt-dix  !  C’est  encore  et  toujours  le  règne des professeurs qui fournissent des armes au pouvoir.

Revue des Deux Mondes – Le monde intellectuel français a connu différentes emprises idéologiques, notamment une époque marxiste où régnait un terrorisme intellectuel sous l’autorité notamment de Jean-Paul Sartre, existentialiste, puis compagnon de route du Parti communiste et enfin proche des maoïstes. Comment se caractérisaient cette époque et cette emprise ?

Michel Onfray Cette époque faisait dans les revues, dans les maisons d’édition, dans les journaux, dans les médias, ce que d’autres activaient concrètement : des procès politiques où la présomption de culpabilité faisait la loi, des tribunaux révolutionnaires où la défense était interdite, des condamnations à mort expéditives et des décapitations en série. La France intellectuelle reste fascinée par le pire de la révolution française, elle en a gardé le tropisme jacobin, centralisateur, épurateur, exterminationniste  –  qu’on  se  souvienne  du  désir  robespierriste d’effacer de la carte la Vendée rebelle aux guerres européennes jacobines...

Revue des Deux Mondes – Quels sont ses points communs avec l’époque actuelle ?

Michel Onfray Une incapacité rabique à « l’agir communicationnel  »  pour  le  dire  avec  les  mots  de  Jürgen  Habermas,  qu’un  certain  Emmanuel Macron, philosophe chez les demeurés et demeuré chez les philosophes, feint de goûter... On « tue » d’abord et on questionne ensuite. Si vous voulez un exemple parlant qui renvoie à l’actualité : en pleine crise dite des « gilets jaunes », Macron décide d’abord qu’il ne changera pas le cap, il l’annonce, il le fait savoir, puis, dans la foulée, il organise un grand débat dans lequel il monologue [...] 
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PROPOS RECUEILLIS PAR VALÉRIE TORANIAN

         
     

Enquête
L'université kidnappée (avec son consentement) par les indigénistes

   

Un frisson parcourt l’université – principalement dans les départements de philosophie et de sciences poli-tiques –, le frisson de la race. Non que des enseignements proclamant la supériorité d’une race sur une autre polluent les amphithéâtres. Ce serait plutôt le contraire. Une nouvelle génération de militants enseignants et étudiants a entrepris de « déconstruire » le savoir « blanc » pour le faire apparaître comme un outil d’oppression des minorités ethniques.

Cette mouvance « antiraciste » qui dénonce comme « blancs » le féminisme, le pouvoir politique et l’universalisme, ces groupuscules identitaires qui stigmatisent l’État comme un outil structurellement raciste se rassemblent aujourd’hui sous le terme « décolonial ». Cet harlequin doctrinal a pris son essor en 2005, après trois semaines d’émeutes en banlieue, sur la base du manifeste « Nous sommes les indigènes de la République ! ». Signé par des militants associatifs, des cadres politiques du Parti communiste français (PCF) et de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), des responsables syndicaux ainsi que par un certain nombre d’universitaires, cet appel proclamait que « la France reste un État colonial », que « la République de l’égalité est un mythe » et que les contrôles au faciès, la relégation des immigrés dans les banlieues ainsi que la violence policière contre les « jeunes » (des banlieues) prolongeaient les pratiques coloniales françaises.

L’idée que la démocratie, l’universalisme et la laïcité étaient les oripeaux d’une oppression de type ethnique et colonial a fait émerger une cascade d’organisations identitaires. « Ce manifeste a donné naissance au Mouvement des indigènes de la République (MIR), qui a ensuite pris le nom de Parti des indigènes de la République (PIR) », écrit Gilles Clavreul, ancien président de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), dans une étude de la Fondation Jean-Jaurès. Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a été fondé dans la foulée en novembre 2005. Les LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, trans-genres) et autres groupuscules genrés ont suivi. Tous sont porteurs de projets politiques globaux pour reformater la société sur des bases ethniques (contre les Blancs), religieuses (pour l’islam politique) ou sexuelles (les queer, les trans... imposant leur radicalité à des hétérosexuels straight considérés comme des ennemis de classe).

L’idéologie « décoloniale » s’est épanouie au sein de l’université française en raison d’un terreau doublement favorable. Par l’offre tout d’abord : les gender studies, racial studies, colonial studies... qui ont fait florès sur les campus des grandes universités américaines ont été progressivement importées dans les universités françaises au fur et à mesure que se réduisait l’influence du marxisme. « L’idéologie racialiste apparue sur les campus américains au tournant des années soixante-dix à quatre-vingt [...] arrive en Europe toute prête à l’emploi, dans des universités où le vide idéologique et politique a laissé le champ libre au militantisme identitariste des minorités », écrivent Barbara Lefebvre et Anne-Sophie Nogaret, enseignantes, dans une tribune du Figaro. C’est sur les décombres d’un marxisme qui, jusque dans les années quatre-vingt, apparaissait comme une « vérité indépassable » que l’ethnie et la race fondent aujourd’hui l’émergence d’un nouveau savoir [...] 
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YVES MAMOU

         
     

Analyse
Une idéologie mortifère au cœur de l’université française

   

Partout dans le monde, les États connaissent actuellement une perte d’autorité. Qu’il s’agisse des flux migratoires, du terrorisme, de l’islamisme ou bien encore de la détérioration de l’environnement, les acteurs étatiques se montrent incapables de faire face à ces défis transnationaux. À bien des égards, ils échouent à préserver leurs frontières et à assurer la sécurité de leurs territoires, celle des personnes et des biens. Tandis que se multiplient les conflits de souveraineté, on voit les communautarismes gagner en puissance, le lien d’allégeance nationale se déliter et les démocraties subir de sérieuses remises en cause. Dès lors, il est d’autant plus impératif pour notre jeunesse d’être solidement préparée à affronter le chaos qui menace de toutes parts. Pour ce faire, elle doit être en mesure de maîtriser les humanités et capable de se forger un savoir critique. Il revient naturellement à l’université chargée de former les futurs cadres de la nation de relever cette gageure.

Aujourd’hui, un demi-siècle après un mouvement qui a sapé l’autorité du savoir, celle de ses représentants et l’institution universitaire elle-même, les petits-enfants des soixante-huitards se retrouvent à leur tour dans l’enseignement supérieur. Or force est de constater qu’ils y subissent un véritable lavage de cerveau et un bourrage de crâne idéologique d’une rare intensité. Opérations qui font suite à un formatage idéologique déjà prégnant dans le primaire et le secondaire. Certes, l’idéologie a changé, ce n’est plus celle que leurs aïeuls ont connue, mais elle conduit pourtant in fine au même résultat mortifère.

Que constatons-nous en effet à présent dans l’apprentissage des sciences sociales ? Nous notons des fondamentaux trop souvent négligés, lorsqu’ils ne sont pas délibérément écartés au profit de références politiquement correctes. Ces dernières tournent en boucle de cours en cours pour satisfaire une bien-pensance dominante qui confine à l’orthopraxie. Faisant preuve d’un redoutable entrisme, une nouvelle emprise idéologique s’est imposée ces dernières années dans bon nombre d’enseignements. Pour mieux endoctriner, elle revêt la forme d’une vulgate trissotine où le pire des sabirs emprunte les apparats de la scientificité. Mais ce « prêt-à-penser » aussi rudimentaire que sectaire ne relève plus – ou très peu – du marxisme qui sévissait naguère, dans les années soixante et soixante-dix. Non, nous avons désormais affaire à une doxa islamo-gauchiste dans laquelle la vision indigéniste-décoloniale apparaît de plus en plus centrale. En l’espèce, le prolétaire est à présent remplacé par le « racisé ». Paradoxalement, bien que toute allusion à la couleur de peau et à la race soit interdite en France, ce terme est mis en avant par certains enseignants, qui l’investissent dorénavant d’une légitimité scientifique. Ainsi entendent-ils dénoncer un ensemble de discriminations sociales qui seraient, selon eux, fondées sur la couleur de peau. Les personnes racisées seraient en l’occurrence victimes du « privilège blanc ».

Cette dernière locution – affichée sans vergogne comme une catégorie sociologique – renverrait à des citoyens qui bénéficieraient dans les sociétés occidentales d’avantages socio-économiques dus à leur seule couleur de peau. Dès lors, ils seraient surreprésentés dans différentes sphères (les médias, la politique, le show-business, la publicité, l’université, etc.). En outre, ils seraient épargnés par les violences policières, qui s’exerceraient davantage contre les racisés. Globalement, comme ces Blancs occuperaient majoritairement les instances du pouvoir et les institutions de la République, cela démontrerait l’existence d’une hiérarchie identitaire fondée sur un « racisme d’État ». Or, pour les indigénistes, qui opèrent souvent une jonction entre la race et la religion musulmane, ce contexte général se révèlerait propice au développement de ce qu’ils appellent « islamophobie », un substantif qui relève d’une manipulation sémantique visant à empêcher toute critique de l’islam. Adaptant la problématique de Pierre Bourdieu à leur cause, les décolonialistes dénoncent un privilège blanc qui favoriserait la reproduction de la domination des Blancs sur les non-Blancs [...] 
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JOSEPHA LAROCHE

         

     

Ce mois-ci dans la Revue des Deux Mondes

 


SYLVAIN TESSON
Sauver notre civilisation


Éditorial
Racines
Par Valérie Toranian
Dossier - L'arbre, un modèle de civilisation
Francis Hallé : par amour des arbres - Eryck de Rubercy
Comment les arbres nous construisent-ils ? - Jacques Tassin
Jean Giono, la passion des arbres - Jacques Mény
Abeilles, arbres et paysages - Yves Darricau
Et aussi : Ernst Zürcher, Michel Delon, Philippe Trétiack, Marin de Viry, Kyrill Nikitine  
Grand entretien
Sylvain Tesson, confession sans tabou
Littérature
La mort de Jean d’Ormesson
Par Marc Lambron
Hommage
Philippe Séguin dix ans après - Marc Ladreit de Lacharrière, Mathieu Bock-Côté, Saïd Mahrane, Frédéric Fogacci et Arnaud Teyssier

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