Bergson sur l'art : l'unique archive de sa voix

Henri Bergson
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Bergson sur l'art : l'unique archive de sa voix - #CulturePrime
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Bergson sur l'art : l'unique archive de sa voix

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Archive | "Si nous pouvions être en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l'art serait inutile..." En 1936, le philosophe Henri Bergson enregistre un simple test technique, devenu aujourd'hui l'unique archive de sa voix, dans lequel il questionne le rôle de l'art.

Voici le seul enregistrement de la voix du philosophe Henri Bergson. Première star philosophique du XXe siècle, Nobel de littérature en 1927, il est le philosophe du temps, de la conscience et de l’art. Tout en écrivant sur le sens du rire, Bergson bouleverse la philosophie avec sa conception de la mémoire et façonne de ses idées pacifistes les ancêtres de l’ONU et de l’Unesco.

De cet enregistrement du 3 juin 1936 n’a été gardé que l’essai technique qui devait précéder l’entretien. Mais à la faveur de ce simple test, Bergson explique la raison d’être de l’art, reprenant un passage développé dans son essai Le Rire

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Les Chemins de la philosophie
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Le journaliste mandaté par "Les Archives de la parole" pour interviewer Bergson : "Nous sommes transportés, le 3 juin 1936, à trois heures et demi chez le philosophe Henri Bergson, avec un simple enregistreur portatif… Monsieur Bergson nous a priés de noter en préface qu’il nous recevait dans son cabinet de travail où les infirmités de l’âge le confinaient, car il allait atteindre 77 ans. Si vous voulez dire une phrase."

Henri Bergson : "Si la réalité venait frapper directement nos sens et notre conscience et si nous pouvions entrer en communication immédiate avec les choses et avec nous-mêmes, je crois bien que l’art serait inutile, ou plutôt que nous serions tous artistes car notre âme vibrerait alors continuellement à l’unisson de la nature. 

Nos yeux, aidés de notre mémoire, découperaient dans l’espace et sculpteraient dans le temps des tableaux inimitables. Notre regard saisirait au passage des fragments de statue aussi beaux que ceux de la statuaire antique. Nous entendrions chanter au fond de nos âmes comme une musique, parfois gaie, plus souvent plaintive, toujours originale, la mélodie ininterrompue de notre vie intérieure. 

Tout cela est autour de nous ! Tout cela est en nous ! Et pourtant, rien de tout cela n’est perçu par nous distinctement.

Entre la nature et nous, que dis-je, entre nous et notre propre conscience, un voile s’interpose. Un voile épais pour le commun des hommes ; un voile léger, presque transparent pour l'artiste et le poète. Je parle d’un dépassement naturel, inné à la structure du temps et de la conscience, et qui se manifeste tout de suite par une manière originale en quelque sorte de voir, d’entendre, de penser

… ça suffit ?"

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