Le responsable du département d’épidémiologie et de promotion de la santé au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Rouen (Seine-Maritime) l’admet lui-même : « Je dis plus souvent ‘cluster’ que ‘foyer’ ». Et pourtant, « c’est un tort ! On devrait toujours dire foyer ». Mais alors pourquoi favoriser l’anglicisme ? C’est la question pas si bête du jour à laquelle Joël Ladner répond.
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Un agrégat spatio-temporel
L’épidémiologie est une discipline scientifique qui vient des États-Unis et selon Joël Ladner, le responsable du département d’épidémiologie au Chu de Rouen, « depuis toujours, nous favorisons les termes anglais, ou le Franglais si vous préférez, entre scientifiques mais aussi lorsqu’on s’adresse au grand public. » Dire « cluster » plutôt que « foyer » lorsqu’on évoque la Covid-19 n’est donc pas surprenant.
Si on voulait vraiment être précis, le vrai terme qu’il faudrait employer c’est agrégat spatio-temporel. Mais c’est très technique. Pour le grand public, ce serait bien plus clair de dire « foyer ».
Le terme foyer « aurait plus d’impact »
Selon le ministère de la Santé, un « cluster » est un regroupement d’au moins deux cas en même temps, au même endroit. Pour Joël Ladner, « c’est la définition stricto sensu mais selon moi, on devrait faire l’effort d’utiliser le terme « foyer », cela aurait plus d’impact étant donné sa dimension familiale ».
Joël Ladner illustre son propos avec les cas de « clusters » enregistrés dans l’agglomération de Rouen récemment :
On voit bien que la source principale de contamination, c’est la famille ou des regroupements entre proches dans un endroit restreint.
Aujourd’hui, plus de 200 foyers sont identifiés et 69 sont en cours d’investigations en France. « Preuve que le virus circule toujours », insiste le médecin.