Partout en France, une Fête de la Musique sans gestes barrières ni masques qui inquiète
La Fête de la Musique, dimanche 21 juin, a donné lieu à de nombreux rassemblements sans aucune protection sanitaire.
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Un relâchement jugé coupable par certains : des milliers de Français ont profité de la Fête de la Musique pour se rassembler et danser dans les rues, dimanche 21 juin, malgré un nombre d’événements restreints et les restrictions sanitaires.
Sur les quais du canal Saint-Martin, à Paris, le coronavirus semblait un lointain souvenir : sous une pluie intermittente, les abords du canal étaient bondés et dans le jardin Villemin tout proche, les DJ enchaînaient les morceaux de house devant une foule compacte de danseurs.
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Le ministre de la Culture, Franck Riester, a cependant assuré lundi 22 juin que les gestes barrières ont été respectés dans l’ensemble, et que les images du canal Saint-Martin ne représentaient qu’une petite partie des fêtes. Selon lui, « les consignes ont globalement été respectées ».
« J’ai bien peur qu’on fonce vers une seconde vague »
Pourtant, des scènes similaires à celles du canal Saint-Martin, rue de Paradis, toujours dans le 10e arrondissement, ont été enregistrées.
A Ménilmontant (20e) sur une petite place connue pour ses bars, les vendeurs de merguez étaient de sortie et des tables dressées sous des chapiteaux pour se protéger de la pluie. Pas de masques dans le public, seuls les vendeurs en portaient.
« La Fête de la Musique, c’est important, c’est un événement national », salue Violette, 28 ans, auprès de l’AFP. S’attendait-elle au respect des règles de distanciation ? « Non ! », répond-elle en riant.
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« J’ai bien peur qu’on fonce vers une seconde vague », « c’est irresponsable », « une Fête de la Musique juste en sortie d’une crise sanitaire majeure, quelle idée de génie ! » : sur Twitter, de nombreux internautes critiquaient vertement ces rassemblements.
« Ce n’est pas du tout ce que le déconfinement dit “progressif” impliquait. Je comprends que la Fête de la Musique soit libératoire mais ne pouvait-on l’éviter cette année ? », s’interrogeait Gilbert Deray, médecin-chef à la Pitié-Salpêtrière sur Twitter.
Rappelons toutefois que les principaux clusters (foyers) de Covid-19 ont pour l’instant plutôt eu tendance à apparaître dans des rassemblements en lieu clos, comme celui de l’Eglise évangélique de Mulhouse en février, plutôt qu’en plein air.
Scènes similaires à Strasbourg
Sur le parvis de l’Institut du Monde arabe en revanche, les règles édictées à l’occasion de l’épidémie de coronavirus ont été respectées : des vagues successives de 500 spectateurs ont enchaîné les karaokés assis, autour de tables de dix, espacées de 3 mètres, face à une scène où un animateur proposait des morceaux de rap et de pop arabisante.
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Mais c’est un fait : après des mois de disette, beaucoup de jeunes notamment ont voulu se rassembler et renouer avec la fête.
A Strasbourg, des habitants étaient accoudés dès l’après-midi sur les ponts qui enjambent l’Ill ou sur les quais pour voir et écouter passer un bateau de croisière transformé en scène musicale. DJ et groupes devaient s’y succéder jusqu’à minuit.
Des vélos cargos musicaux ont fait des haltes au cours de l’après-midi dans divers quartiers de la ville, du chic parc de l’Orangerie au populaire Neuhof. Les artistes itinérants, de styles divers mais toujours festifs, ont entonné aussi bien « les Copains d’abord », de Georges Brassens, que « Happy », de Pharrell Williams, et lancé un madison sur la place de la Gare – une danse idéale par temps de distanciation sociale.
Théoriquement, les rassemblements de plus de dix personnes sont toujours interdits. Toutefois, avec autorisation du préfet, ils peuvent faire l’objet de dérogations. Et pour les bars, cafés et restaurants, l’organisation de concerts relève de la responsabilité de l’exploitant.
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A Nantes, une marche blanche pour Steve
L’édition de cette année a été également marquée par un anniversaire funeste : la mort, il y a un an, de Steve Maia Caniço, lors d’une opération policière controversée à la fin d’une soirée électro.
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Une marche blanche rassemblant plusieurs milliers de personnes (2 600 selon la police) s’est tenue à Nantes, partie du château des Ducs de Bretagne pour rejoindre l’endroit en bord de Loire où s’était noyé cet animateur périscolaire de 24 ans, après une intervention de la police pour disperser des fêtards.
« On n’oublie pas, on est là pour Steve. On ne lâchera pas l’affaire, on est prêt à se battre pour que justice soit rendue », a dit à l’AFP Jérémy Bécue, 25 ans, qui avait également chuté dans la Loire la nuit fatidique.
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L’ancien ministre de la Culture Jack Lang, créateur de la Fête de la Musique, a dédié cette édition 2020 au jeune homme dont le corps avait été retrouvé un mois après les faits.