Les résultats d’une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) confirment des faits rapportés régulièrement dans la presse : plus les Français sont modestes, plus le confinement a été difficile à vivre. Pour l’Institut, le temps est à « l’interrogation rétrospective sur l’ensemble du confinement ». Les auteurs de la dernière étude de conjoncture auprès des ménages, parue le 19 juin, qui permet de suivre l’opinion des Français de métropole « sur leur environnement économique et sur leur situation personnelle », ont adapté leur questionnaire à la période exceptionnelle du 17 mars au 11 mai, où la population a été contrainte de limiter ses sorties à cause de la pandémie de Covid-19.
Pour analyser les réponses des 1 600 personnes interrogées, les statisticiens ont divisé cet échantillon en cinq groupes égaux appelés « quintiles », en fonction de leur niveau de vie. Le premier quintile correspond aux 20 % des personnes les moins aisées, le dernier quintile aux 20 % des personnes les plus riches. Cette répartition met en évidence les inégalités de conditions de vie des Français en fonction de leur revenu pendant le confinement.
Des revenus en baisse pour 30 % des ménages modestes
La restriction d’activité liée au chômage technique ou partiel, à un non-renouvellement de contrat, à un arrêt de travail ou à une autorisation spéciale d’absence pour garde d’enfant a concerné 37 % des personnes qui se trouvent parmi les 40 % les plus pauvres. C’est dix points de plus que pour les 20 % des plus riches. L’étude précise que les ouvriers « ont été les plus concernés par au moins l’une de ces restrictions (43 %), devant les cadres et professions intermédiaires (34 %) ou les employés (32 %) ».
En conséquence, les répondants les plus modestes ont été trois fois plus nombreux que les plus riches à déclarer leur situation financière comme dégradée au cours du confinement (30 % contre 11 %). En termes de catégories socioprofessionnelles, ce sont les indépendants (42 %) qui ont « deux fois plus souvent rapporté une dégradation de leur revenu que les salariés » (22 %), note l’étude.
En télétravail : 58 % des cadres, 2 % des ouvriers
Les conditions de travail durant le confinement ont aussi été très différentes selon le niveau de vie et l’activité professionnelle. Les 20 % les plus riches avaient 2,5 fois plus de chances de pouvoir poursuivre leur activité professionnelle en télétravail que les 20 % les plus pauvres. La différence entre cadres et ouvriers en termes d’accès au travail à distance est frappante : « 58 % des cadres et professions intermédiaires ont télétravaillé, contre 20 % des employés et 2 % des ouvriers ».
Une activité professionnelle plus difficile à maintenir, moins de revenus, moins de télétravail, mais aussi un défi supplémentaire pour les familles : les parents les moins aisés ont aussi été plus nombreux à déclarer des difficultés à prendre en charge le suivi scolaire de leurs enfants. La moitié d’entre eux l’ont signalé, contre seulement le quart des 20 % les plus riches.
L’étude précise que les femmes « ont assuré une grande part de la prise en charge des enfants ». L’échantillon de personnes interrogées étant trop petit pour produire des résultats fiables en fonction du sexe et du niveau de vie des répondants, l’Insee fournit une moyenne globale : « 83 % des femmes vivant avec des enfants y ont consacré plus de quatre heures par jour (57 % des hommes), et 6 % entre deux et quatre heures par jour (19 % des hommes). »
Autres perdantes du confinement, les familles monoparentales ont été 48 % à rapporter des difficultés de suivi scolaire de leurs enfants, soit 14 points de plus que les autres types de ménages.
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