Le sociologue Serge Guérin, qui avait pronostiqué un « divorce-boom plutôt qu’un baby-boom », n’est pas étonné de la recrudescence des séparations provoquées par le confinement.
Non, j’étais assez convaincu, notamment chez les 40-45 ans à qui ils restent encore beaucoup de temps à vivre. Pas facile de cohabiter dans un même lieu, 24 h sur 24, en confrontation avec l’autre et où on ne peut pas se laisser du temps à soi. Il y a aussi ces femmes qui se sont rendu compte qu’elles s’occupaient de tout : devoirs des enfants, ménage… Elles ont alors pu réaliser que leur mari ne servait pas à grand-chose.
Pour certains, cette période fut comme un test en vue du passage à la retraite. On a d’ailleurs très vite dit « je ne sais plus quel jour on est » car on avait perdu un peu nos repères. D’un seul coup, les couples ont été contraints de vivre, un peu comme deux retraités. Ils ont découvert que cela faisait très longtemps qu’ils ne s’étaient pas parlé, que l’autre était devenu comme ça et au final, ils sont se dit : « On s’ennuie ».
Il y a aussi les contraintes et tensions de la vie, qui font que, parfois, on s’énerve et on dit des mots. On les regrette ensuite mais n’empêche qu’on les a dits. Et tout ça peut laisser des traces.
Que pensez-vous des autorités chinoises qui, le 28 mai, ont voté une loi obligeant les couples désireux de divorcer de vivre encore un mois ensemble afin de « refroidir » les tensions au sein du ménage ?Ce n’est pas bête. On peut se dire que les choses ont tellement été exacerbées pendant trois mois qu’il faut peut-être prendre un peu de distance et bien réfléchir avant de prendre la décision aussi forte de se séparer.