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La Croatie déclare l’état de catastrophe naturelle après la mort subite de 50 millions d’abeilles

Par Cyril Renault , le vendredi, 19 juin 2020, 9h42 , mis à jour le vendredi, 19 juin 2020, 9h42 — abeilles, pesticides

Croatie déclare abeilles
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La Croatie déclare l’état de catastrophe naturelle après la mort subite de 50 millions d’abeilles


C’est une bien triste nouvelle pour la Croatie, qui compte 10 000 apiculteurs et plus de 500 000 ruches sur ses terres. Le 9 juin, des dizaines de millions d’abeilles ont été retrouvées mortes par des apiculteurs du comté de Medjirmuje, une région qui se situe au nord du pays, à la frontière de la Hongrie et de la Slovénie.


Les pesticides potentiellement responsables

Ce sont plus de 50 millions d’abeilles qui auraient été tuées en même temps, d’après les associations. Elles ont été retrouvées entre Podturen et Gardinovec, deux communes situées à 6 kilomètres l’une de l’autre près de la frontière hongroise. Ces abeilles appartenaient à une vingtaine d’apiculteurs.

Le 15 juin, Matija Posavec, le préfet de ce comté rural de la Croatie déclare l’état de catastrophe naturelle, lui permettant ainsi de prendre des mesures exceptionnelles. Non seulement les apiculteurs qui ont perdu leurs abeilles recevront une aide d’urgence, mais des inspecteurs vétérinaires vont enquêter pour déterminer ce qui a causé cette hécatombe.


Croatie declare
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Bien que plusieurs hypothèses soient envisagées, comme une maladie ou un virus hautement létal, cette hypothèse paraît peu probable car les abeilles sont toutes mortes dans un laps de temps très court. Des journaux croates soupçonnent aussi une vague de stress due au changement climatique et la contamination d’une rivière à des antibiotiques.



Cependant, l’hypothèse la plus probable reste les pesticides, insecticides et herbicides qui sont pulvérisés de manière intensive par les agriculteurs du comté de Medjimurje, qui ont leurs champs de colza et de pommes de terre près des ruches où les abeilles sont mortes.

Ce n’est pas la première fois que ce phénomène est observé dans le monde.


Déjà en 2014, un apiculteur de l’Ontario (Canada) avait perdu 37 millions d’abeilles en peu de temps, à cause d’un champ de maïs génétiquement modifié qui avait été installé à côté de ses ruches. Ses abeilles ont commencé à mourir dès les premières pulvérisations d’herbicides.

En 2019, le Brésil a également perdu plus d’un demi-milliard d’abeilles à cause des pesticides. Suite à des analyses réalisées dans la ville de Mata, dans la région Rio Grande do Sul où on trouve de nombreuses fermes de soja, des traces de cinq pesticides ont été retrouvées, dont le friponil, l’un des pesticides les plus répandus au monde.

Chaque année, le Brésil déverse plus de 500 000 tonnes de produits chimiques, ce qui en fait le plus gros consommateur mondial. Lorsque les abeilles sont contaminées par une pulvérisation de friponil, elles deviennent folles ou malades et contaminent à leur tour leurs congénères en revenant dans les ruches. Une colonie entière peut ainsi disparaître en quelques heures.


Ce phénomène touche également la France. Dans la Creuse, un apiculteur a déclaré avoir perdu 80 % de ses colonies d’abeilles entre l’hiver et le printemps 2018.


En 2018, un apiculteur de l’Ariège a perdu 2 millions d’abeilles, après la pulvérisation de fongicides dans des champs situés près de ses ruches.


Les néonicotinoïdes sont des produits chimiques utilisés pour protéger les champs des insectes ravageurs.

Cependant, ils affectent directement le système nerveux central de toutes les espèces volantes.

En 2018, l’UE a interdit trois de ces substances (imidaclopride, clothianidine, thiaméthoxame) et la France en a interdit deux autres (thiaclopride et acétamipride), espérant ainsi éviter la disparition d’espèces vitales pour notre environnement.

Néanmoins, des études ont révélé que les néonicotinoïdes pouvaient rester dans la nature plusieurs années après leur interdiction, et parfois à des niveaux bien supérieurs au seuil de tolérance des insectes.

On peut donc malheureusement craindre d’autres épisodes dramatiques comme celui de la Croatie.

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Cyril Renault

C’est très probablement mon père qui m’a transmis cette passion que j’essaierai moi-même de transmettre à mes enfants. Dès que j'ai un peu de temps, je profite de l’occasion pour passer du temps dans la nature. Par ailleurs, je m’intéresse également à tout ce qui touche au bien être et à l'écologie de près ou de loin, je suis fasciné par toutes les méthodes d’investigation, vérifiables et reproductibles ayant pour but de produire des connaissances. J’ai donc décidé de rédiger des articles qui touchent à ces domaines. J’espère pouvoir vous transmettre un peu de mon savoir et de mon amour pour la nature.

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