Des surveillants au Havre réclament « une meilleure prise en charge des détenus radicalisés »

Un an après après l'agression de surveillants à la prison du Havre (Seine-Maritime), un syndicat de surveillants dénonce « l'immobilisme ». L'administration pénitentiaire répond.

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Alors que des des mesures de sûreté à l’encontre des auteurs d’infractions terroristes après la fin de leur peine ont été votées lundi 22 juin à l’Assemblée nationale, un syndicat de surveillants au Havre déplore qu’aucune mesure n’ait été prise à l’intérieur même des prisons. (©Illustration RT/76actu)
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Une prison dans la prison. C’est en résumé ce que demande le syndicat Ufap Unsa Justice. Un an après l’agression de deux surveillants au centre pénitentiaire du Havre situé à Saint-Aubin-de-Routot (Seine-Maritime), le syndicat regrette « l’immobilisme de l’administration sur la gestion en prison des détenus incarcérés pour des actes de terrorisme ou en lien avec. » Le syndicat est bien conscient que dans l’établissement jouxtant la cité Océane un quartier dédié à ces détenus serait compliqué à mettre en place, reste que selon son représentant, « c’est le seul moyen d’éviter les agressions violentes et les phénomènes d’imitation ». À Paris, l’administration pénitentiaire répond et met en avant les mesures prises pour relever la sécurité en prison face à des détenus terroristes. 

Une trentaine de détenus sur les 630 aujourd’hui

Billy Dorilas, représentant du syndicat Ufap Unsa Justice au centre pénitentiaire du Havre espérait que « le drame qu’ont vécu le 20 juin 2019 deux de nos collègues allait être suivi de mesures concrètes pour garantir notre sécurité et celle des autres détenus, d’ailleurs ! »

Les faits s’étaient produits au moment de l’appel du matin, à 7 heures. Alors que l’une des surveillantes, accompagnée d’un collègue, ouvrait la porte de la cellule du détenu, ce dernier condamné en 2017 pour participation et association de malfaiteurs en vue de commettre un acte terroriste les avait agressés à coups de barre de fer. 

Ce qu’ils ont subi ce matin-là les marquera à jamais… Nous avons aussitôt demandé des moyens à notre administration, indique Billy Dorilas. 

Mais un an après, il dresse le constat amer : « Aucune réponse, aucune décision, c’est l’immobilisme total. » 

Au Havre selon ce syndicat, « une trentaine de détenus sur les 630 est aujourd’hui incarcérée pour des liens avec des activités terroristes ». 

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« On va surveiller, mais… à la sortie des prisons !» 

Pour le syndicaliste, « aujourd’hui ces détenus sont pris en charge de la même façon que les autres. Or, on constate des phénomènes d’imitations. Des détenus radicalisés entraînent les autres, et ça devient dangereux. Et quand les détenus ne veulent pas suivre, alors c’est eux qui sont en danger ». La seule solution, « proposée à maintes reprises par plusieurs syndicats : mettre les détenus purgeant une peine pour des actes terroristes ou associés dans des structures spécialisées ». Billy Dorilas n’écarte pas l’hypothèse de quartier spécial au sein même des établissements pénitentiaires », même s’il en convient : « Au Havre ce se serait pas simple, mais c’est possible ailleurs. » 

Ce sont des profils particuliers, il faut une prise en charge adaptée. Sinon on va continuer de s’échanger entre prisons ces détenus au gré des agressions dans les prisons, et ce n’est évidemment pas une solution.

Dans la nuit de lundi 22 à mardi 23 juin 2020, l’Assemblée nationale a voté une proposition de loi prévoyant « des mesures de sûreté à l’encontre des auteurs d’infractions terroristes » après la fin de leur peine. Une mesure prise alors que d’ici à 2022, 75 % des condamnés pour terrorisme auront purgé leur peine :  « Le chiffre de 150 détenus libérés a été annoncé il y a quelques mois » . Pour Billy Dorilas,  « c’est normal : ce ne sont pas des ex-détenus comme les autres, c’est bien pour ça qu’en détention on devrait les considérer comme tel ». 

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Pour la direction pénitentiaire : « Le niveau de sécurité a été relevé »

« C’est faux de dire que rien n’a été fait, le niveau de sécurité a été relevé face aux détenus radicalisés, soutient de son côté la direction de l’administration pénitentiaire à Paris. On prend très au sérieux cette menace, notamment depuis des faits graves tels que Condé-sur-Sarthe (Orne) ou Le Havre. »

Aujourd’hui, 500 personnes sont en prison en France pour des actes de terrorisme ou des condamnations en lien avec des faits de terrorisme. La direction de l’administration pénitentiaire précise :

À ce jour, chaque détenu condamné pour des faits de terrorisme a fait l’objet d’une évaluation particulière.

De l’isolement à la détention classique

En fonction de la dangerosité, une réponse est apportée. « Pour les plus dangereux, ce sera l’isolement. Ils ne peuvent pas être placés en cellule avec d’autres détenus et ne peuvent pas non plus avoir des activités en groupe. » 

Pour les détenus considérés comme dangereux, mais accessibles à la prise en charge, des quartiers  de prise en charge de la radicalisation ont été mis en place. Il y en a six en France. Tous les six mois, ces détenus sont à nouveau évalués et peuvent rester dans ces quartiers spécialisés, intégrer l’isolement ou la détention classique. 

Pour toutes ces catégories, le suivi « a également été renforcé », assure la direction, qui évoque par là le renseignement pénitentiaire en place depuis 2016. Selon elle, « les agents pénitentiaires sont également mieux formés afin d’être alertés sur certains signaux qui peuvent relever de la radicalisation. » 

Concernant la demande du syndicat Ufap Unsa, la réponse est sans équivoque : « D’autres pays l’ont fait et ont constaté que ça ne fonctionne pas. De plus, dans un centre pénitentiaire, vous intégrez la préparation à la sortie. Comment le faire lorsque vous regroupez dans un lieu unique des détenus condamnés pour des faits de terrorisme ou en lien avec ces faits ? »

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