La Tour-d'Aigues Vaucluse : elle a détourné 390 000 € à une association d'aide aux personnes handicapées

Trente mois de prison avec sursis ont été requis à l’encontre de l’ancienne comptable de l’association qui gère des structures d’aide aux personnes handicapées.
J.-X.P. - 26 juin 2020 à 06:05 | mis à jour le 08 juil. 2020 à 11:38 - Temps de lecture :
Photo d'archives
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C’est un coup dur porté à La Bourguette dont le siège se trouve à La Tour-d’Aigues. L’association, qui gère une dizaine de structures d’accueil pour personnes handicapées en particulier celles atteintes d’autisme dans le Vaucluse¹, le Var et les Bouches-du-Rhône, a été victime d’un important détournement de fonds qui a duré près de 10 ans de 2010 et 2019. Le directeur de l’association évalue le préjudice à « 390 000 euros ».

L’ancienne comptable de la structure était jugée mardi. Au tribunal d’Angoulême car il lui est également reproché d’avoir détourné d’importantes sommes d’argent dans une structure de Charente : l’Espace d’insertion de Cognac où elle s’était fait embaucher lorsqu’elle avait craint que ses agissements dans l’association vauclusienne ne fussent découverts. Un second acte de détournements qui était destiné à renflouer les caisses de La Bourguette. Mais les virements avaient alerté la direction de l’association vauclusienne et la comptable avait fini par tout avouer au SRPJ de Limoges.

De 2 400 à 7 000 ou 8 000 euros par mois

Pendant l’audience, la comptable a indiqué que lorsqu’elle était en poste à La Bourguette, elle faisait « des fausses fiches de paye, des écritures dans la comptabilité et sur des comptes formations, des comptes en attente » relate La Charente Libre. Primes, heures supplémentaires, indemnités kilométriques, auraient également servi à gonfler sa rémunération qui passait ainsi de 2 400 euros à 7 000 ou 8 000 euros.

Son conjoint, à qui il est reproché d’avoir été au courant de ces détournements et d’en avoir bénéficié, est également prévenu dans cette affaire pour des faits de recel. Bateau, 4x4, mais aussi séjours à l’étranger, sorties shopping et dîners en ville ont servi à dépenser une partie de cet argent.

La procureure de la République a requis une peine de 30 mois de prison avec sursis et une amende de 5 000 euros à l’encontre de l’ancienne trésorière et l’interdiction d’exercer une activité de comptabilité. Contre son conjoint, elle a réclamé une peine d’un an de prison avec sursis et 3 000 euros d’amende. La décision a été mise en délibéré et doit être rendue le 7 juillet.

« Je ne voudrais pas que cette affaire porte ombrage au travail magnifique qui est fait par La Bourguette »

Le président de La Bourguette, Lionel Bourdely, a expliqué jeudi 25 juin à Vaucluse-Matin avoir « porté plainte il y a un peu plus d’un an ». « On a trouvé des choses pas justifiables, pas justifiées. Ensuite, les gendarmes d’abord puis le SRPJ ont fait leur travail. Ce genre de faits n’est pas rare mais c’était machiavélique, très bien monté. Nous avons 18 comptabilités et une masse de budgets qui ont permis que ce soit maquillé. Et puis c’était une personne de confiance. » L’association compte quelque 250 salariés.

L’association s’est portée partie civile et son président a bon espoir de retrouver une bonne partie de la somme détournée. « La justice a saisi une maison, je pense qu’on va récupérer la somme » estime Lionel Bourdely.

Apprenant la nouvelle, le maire de La Tour-d’Aigues et enfant du pays, Jean-François Lovisolo, n’en revenait pas. « Je ne voudrais pas que cette affaire porte ombrage au travail magnifique qui est fait par La Bourguette. Elle est implantée depuis plus de 40 ans sur la commune avec un projet inclusif des enfants autistes qui vivent au cœur de la commune. J’ai 51 ans et j’ai grandi en jouant au football avec des enfants autistes. »

¹Dans le Vaucluse, l’association gère l’Unité enseignement maternelle autisme à Montfavet, l’Institut médico-éducatif La Bourguette à La Tour-d’Aigues. À La Bastidonne, elle gère le Foyer d’accueil médicalisé, le Foyer d’hébergement, le Service d’accompagnement thérapeutique et l’Établissement et service d’aide par le travail Le Grand Réal.