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Municipales : des maires verts poussent partout en France
Pierre Hurmic (à droite aux côtés de Julien Bayou) a remporté la mairie de Bordeaux.

Municipales : des maires verts poussent partout en France

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Lyon, Marseille, Strasbourg, Bordeaux, Tours... Les écologistes l’ont emporté dans de nombreuses villes au second tour des municipales ce 28 juin.

Qui c’est les plus forts ? Evidemment, c’est les Verts ! L’hymne de l’AS Saint-Etienne vaudrait presque résumé du second tour des élections municipales, ce dimanche 28 juin. De Lyon à Strasbourg, de Bordeaux à Tours, en passant par Besançon, Poitiers ou Colombes, une déferlante verte s’est confirmée lors de cette soirée électorale à mesure que tombaient les résultats. Et de parfaits inconnus écolos, pour la plupart élus avec le soutien d’autres partis de gauche, s’apprêtent à prendre les rênes de nombreuses grandes villes.

Bordeaux devient écolo après 73 ans à droite

A Lyon, l’écologiste Grégory Doucet, jamais élu auparavant, s’empare de la troisième ville de France avec une liste qui rassemble Europe Ecologie-Les Verts, le PS, le Parti communiste et La France insoumise. Les écolos sont également arrivés en tête dans l’élection à la métropole de Lyon, l’échelon qui concentre désormais l’essentiel des compétences.

Le coup de tonnerre est encore plus retentissant à Bordeaux, dont la mairie était à droite depuis... 73 ans. Pierre Hurmic, élu historique de l’opposition municipale, l’a emporté malgré l’alliance entre le maire sortant, successeur d’Alain Juppé, et le candidat de La République en marche, mais aussi en dépit du maintien de l’anticapitaliste Philippe Poutou au second tour.

A Marseille, c’est une militante écologiste aussi qui l’emporte, mais à la tête d’une liste initiée non par EELV, mais par les autres partis de gauche et le milieu associatif, dénommée le Printemps Marseillais. La plupart des nouveaux maires écolos avaient d’ailleurs conclu des alliances à gauche, comme Emmanuel Denis, qui a fait basculer Tours, ou Anne Vignot, victorieuse à Besançon. Mais à Strasbourg, la candidate EELV Jeanne Barseghian l’a emporté malgré le maintien d’une liste PS. A Annecy, François Astorg a fait trébucher le maire UDI sortant, Jean-Luc Rigaut, en s’alliant avec une députée macroniste dissidente. Et à Poitiers, la jeune Léonore Moncond’huy (30 ans) a eu raison du socialiste Alain Claeys, qui briguait un troisième mandat.

Difficile, toutefois, de tirer une leçon politique générale d’un scrutin aussi biaisé par l’ombre du coronavirus.

Il s’en est fallu d’un cheveu pour que les écologistes fassent également tomber Lille dans leur escarcelle, le candidat EELV Stéphane Baly ayant échoué de très peu face à la sortante Martine Aubry. Même situation à Metz, où seuls 200 voix séparent le vainqueur François Grosdidier (LR) de la liste écolo. Il n’empêche : les métropoles françaises sont désormais constellées de vert. En tenant compte de leurs alliances, les écolos sont désormais présents dans les équipes municipales de 7 des 10 plus grandes villes de France.

« Ce qui a gagné ce soir, me semble-t-il, c'est la volonté d'une écologie concrète, d'une écologie en action », a salué sur TF1 l’eurodéputé écolo Yannick Jadot, qui se verrait bien candidat à l’élection présidentielle. Les nouveaux maires verts marcheront dans les pas d’Eric Piolle, seul maire EELV élu en 2014, qui songe lui aussi à 2022. Ce qui promet des lendemains aussi euphoriques que tendus dans les arcanes du parti écologiste.

Difficile, toutefois, de tirer une leçon politique générale d’un scrutin aussi biaisé par l’ombre du coronavirus. Ce dimanche, l’abstention a culminé aux alentours de 60%, un record pour des municipales sous la Ve République ! Mais ce second tour sonne tout de même comme un signal de défiance de la population urbaine à Emmanuel Macron, alors que dans plusieurs grandes villes, La République en marche a fait alliance avec la droite contre les Verts. Et ce, alors que le chef de l’Etat ne cesse de clamer sa bonne volonté en matière de transition écologique. De quoi installer un nouveau clivage, en tout cas au sein de la minorité de citoyens qui a voté ce dimanche ?

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne