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17% des inscrits pour Hidalgo, 12,4% pour Aubry : avec des maires élus au rabais, l'abstention vraie gagnante des municipales
L'abstention a atteint 58,4% dimanche 28 juin, le deuxième niveau le plus élevé jamais enregistré pour une élection.
Estelle Ruiz / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

17% des inscrits pour Hidalgo, 12,4% pour Aubry : avec des maires élus au rabais, l'abstention vraie gagnante des municipales

Démobilisation

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L'abstention a atteint un niveau record de 58,4% lors du second tour des élections municipales, dimanche 28 juin. En raison de cette désertion, le nombre de citoyens ne s'étant pas rendus aux urnes dépasse de très loin les suffrages obtenus par les candidats vainqueurs dans les plus grandes villes.

S'il fallait retenir une "vague", ce serait celle-là. L'abstention a submergé le second tour des municipales dimanche 28 juin, atteignant 58,4% des inscrits. Soit une hausse de 22 points par rapport au second tour de l'édition de 2014, qui avait vu 62% des électeurs se déplacer. L'abstention atteint ainsi un nouveau record pour ce type de scrutin, et le deuxième plus haut niveau enregistré lors d'une élection après les européen de 2009, où 59,37% des inscrits avaient boudé les urnes. Environ 16,5 millions d'électeurs étaient appelés à voter dans 4.820 communes dimanche.

Dans le détail, le niveau d'abstention varie fortement entre les communes : il a par exemple atteint 72,3% à Nice, tandis qu'il est resté contenu à 52,8% à Perpignan. D'autres grandes villes s'approchent du taux national, comme Paris (63,1%), Marseille (63,4%) et Lyon (62,2%).

Triomphes en trompe-L’ŒIL

Conséquence de cette faible participation : les futurs maires n'auront réuni sur leur nom qu'une faible proportion d'électeurs. Derrière des scores parfois impressionnants sur le papier, les candidats vainqueurs ne dépassent jamais les 24% des inscrits dans les douze plus grandes villes françaises. Ce niveau a été atteint par Edouard Philippe au Havre grâce à sa large victoire (59% des voix), alors que l'abstention s'est élevée à 58% dans la commune. A l'inverse, Martine Aubry (PS), arrivée en tête d'un cheveu à Lille, n'a été approuvée que par 12,4% des électeurs de la ville, où 68,3% des inscrits se sont abstenus.

Plusieurs autres postulants arrivés en tête ne dépassent pas 20% des inscrits. Anne Hidalgo ne cumule par exemple que 17% des électeurs à Paris, alors qu'elle affiche un score confortable de 48,70% des voix. Situation similaire pour Grégory Doucet à Lyon, qui réunit 19,1% des inscrits derrière ses 52,40% au tableau d'affichage. Ou encore à Marseille, où Michèle Rubirola (soutenue par le PS et EELV), arrivée en tête avec 39,9% des voix, n'a été approuvée que par 12,2% des électeurs de la cité phocéenne. Le contraste est encore plus fort à Nice, où Christian Estrosi comptabilise seulement 15,8% des électeurs malgré son triomphe apparent, avec 52,40% des suffrages exprimés.

La désertion des électeurs s'est encore accentuée par rapport au premier tour, auquel 55,3% des inscrits n'avaient pas participé. Le scrutin du 15 mars s'était tenu dans un contexte marqué par la montée de la pandémie de Covid-19, à la veille de l'annonce du confinement par Emmanuel Macron. Et malgré le reflux du virus, les risques sanitaires ont encore une fois pesé sur la motivation des citoyens pour la deuxième manche, à en croire un sondage de l'institut Ipsos publié lundi. Dans cette étude réalisée les 26 et 27 juin, 43% des répondants qui n'était pas certains d'aller voter citaient le "risque d'attraper le Covid-19 en [se] rendant dans un bureau de vote" parmi les raisons de leur possible abstention. Soit le motif le plus fréquemment invoqué, devant la conviction que ces "élections ne changeront rien à [leur] vie quotidienne" (38%).

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne