Gulnar Omirzakh a trois enfants. Après la naissance du dernier, son mari a été envoyé dans un camp. Et elle-même a été menacée du même traitement si elle ne payait pas une amende. Ce troisième accouchement était considéré par les autorités comme illégal : " mais je n’avais pas le moindre sou pour payer cette amende. Quand mes enfants ont entendu que je pourrais être détenue, ma fille aînée a pleuré et la plus jeune sanglotait en se demandant où ils allaient aller et qui prendrait soin d’eux si j’allais là-bas […] S’ils disent que c’est illégal, ils vous font avorter. Ceux qui n’obéissent pas sont envoyés dans des camps. Maintenant les gens ont peur de donner naissance"
Gulnar Omirzakh a réussi à réunir la somme exigée puis elle s’est enfuie au Kazakhstan.
Zumret Dawut a connu le même genre d’histoire. Elle est mère de trois enfants et a été détenue dans un camp d’internement. Après sa libération, elle a été stérilisée de force : " La seule chose que nous pouvons faire, c’est obéir. Nous ne pouvions pas nous enfuir même si nous le voulions car ils avaient confisqué nos passeports et nos documents. C’était la réalité à laquelle nous étions confrontées, c’était une prison à ciel ouvert."
Elle estime avoir perdu son identité de femme : " Nous ne pourrons plus jamais avoir d’enfants. Ils veulent nous éliminer, mais ils ne peuvent pas nous tuer tous car le monde les observe. Alors, ils y vont étape par étape avec des politiques de stérilisation, d’emprisonnement, de séparation des couples et de condamnations à des travaux forcés"