Cinéma : L'ère « Pré-Code » ou quand Hollywood s'autorisait toutes les transgressions

Pas de nudité, de blasphème, d'adultère... Dès 1934, le code Hays signale le début d'une longue période de censure à Hollywood. Mais les quelques années précédant cette ère du puritanisme seront au contraire marquées du sceau du politiquement incorrect.
Forbidden Hollywood  Les films transgressifs de l'ère PrCode vont enfin être diffuss à Paris
Hulton Archive/Getty Images

Des films inventifs, audacieux, mais largement oubliés… Dès le 1er juillet, plusieurs cinémas indépendants diffuseront le cycle « Forbidden Hollywood », comme le rapportait Konbini. Derrière ce titre énigmatique, une mise à l’honneur de longs-métrages datant de l’ère Pré-code (1929-1934), où un vent de liberté traversait l’industrie du cinéma américain.

Si Hollywood a toujours été vue comme une terre d’excès, une affaire en particulier va ternir la cité des rêves. En 1921, la star Roscoe « Fatty » Arbuckle est accusée du viol et du meurtre de la comédienne Virginia Rappe, lors d’une orgie dans un hôtel de San Francisco. Par peur des interférences gouvernementales, les pontes de Hollywood décident d’instaurer leur propre mode de régulation. En 1922, la Motion Picture Association of America est ainsi fondée, dans le but de contrôler la « moralité irréprochable » des longs-métrages. En 1930, l’ex-sénateur républicain William Hayes devient le président de l’institution, et commence à plancher sur un code de bonne conduite qui ne sera appliqué que quatre ans plus tard. L’idée, proscrire la nudité, le blasphème, les scènes de sexe ou encore toute référence à l’adultère. Mais entre l’annonce et la véritable instauration du code Hays, Hollywood s’offre un dernier quart d’heure de liberté. Les fameux films du pré-Code marquent un nouvel âge d’or, coïncidant avec la période de Grande Dépression qui frappe le pays. Au programme, des gangsters, des prostituées, des prisonniers ou encore des femmes à la sexualité affirmée. Des figures marginales, purs produits d'un pays miné par la crise économique.

Censurées ou tombées aux oubliettes, ces pépites sont aujourd'hui accessibles au plus grand nombre. En 2012, Warner Bros. sortait ainsi sa série de DVD « Forbidden Hollywood » rendant hommage à cette période, avant de les projeter sur grand écran au Festival Lumière 2019 à Lyon. Cette fois, les Parisiens pourront aussi découvrir lesdits films dans des salles obscures, dont Le Louxor, Le Vincennes, Le Christine Cinema Club ou Les 3 Luxembourg. Au programme notamment : Jewel Robbery, où Kay Francis incarne une femme cupide, mariée à un homme riche, qui multiplie les aventures extra-conjugales. Mais aussi Blonde Crazy, mettant en scène deux escrocs au sommet du glamour, dont l’une des séquences montre l’actrice Joan Blondell dans une baignoire.

Figure aussi le très controversé Liliane, dans lequel Barbara Stanwyck incarne une employée de banque prête à toutes les manœuvres de séduction pour grimper les échelons. Autant d'œuvres rares et incontournables.