Quelques semaines après BP, c’est au tour de la major Shell de faire l’opération vérité sur son état. Le groupe vient ainsi d’annoncer une dépréciation d’actifs de 15 à 22 milliards de dollars. Comme l’ensemble des pétroliers, la période d’arrêt économique internationale a pesé très lourd sur la demande mondiale, tandis qu’une surproduction a fait baisser les prix. Un contexte qui pousse les pétroliers à changer de modèle.

Le géant pétrolier Royal Dutch Shell a massivement dévalué la valeur de ses actifs à cause de l’impact du coronavirus sur la demande et des changements durables du marché, deux semaines après une mesure similaire de son rival BP. Il va passer une charge de dépréciation d’actifs de 15 à 22 milliards de dollars dans ses comptes du deuxième trimestre. Le but de l’opération : refléter les perspectives nettement plus sombres qu’auparavant des prix du pétrole et de ses marges de production à cause de "l’impact de la pandémie de Covid-19", souligne-t-il dans un communiqué.
Le virus a forcé les gouvernements du monde entier à mettre leur économie sous cloche, faisant fondre la demande d’énergie. Il faut y ajouter une surproduction chronique et les mesures de lutte contre le changement climatique qui pèsent sur la demande à long terme et, par ricochet, sur les cours de l’or noir. Alors que le prix du brut avait démarré 2020 autour de 60 dollars, le groupe table désormais sur un baril en moyenne à 35 dollars sur l’année.
Suffisamment pessimiste
D’après David Madden, analyste de CMC Markets interrogé par l’AFP, ces dépréciations augurent d’une "énorme perte" au deuxième trimestre. Au premier trimestre, Shell était déjà tombé dans le rouge à cause du plongeon des cours du brut en mars, ce qui l’avait conduit à réduire son dividende pour la première fois depuis les années 1940. Pour Nicholas Hyett, analyste chez Hargreaves Lansdown, la question est à présent de savoir si "Shell est suffisamment pessimiste".
Il y a deux semaines, le rival de Shell, BP, avait déjà annoncé des dépréciations de 13 à 17,5 milliards de dollars pour les mêmes raisons. Il avait auparavant dévoilé un plan de suppression de 10 000 emplois dans le monde pour réduire son périmètre et s’adapter à un environnement moins favorable au brut, d’autant qu’il s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050, sans avoir pour l’instant expliqué comment y parvenir.
Ludovic Dupin avec AFP

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