Erik Satie (1866-1925) - "Comme un rossignol qui a mal aux dents"

Erik Satie
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"J'ai un peu forcé la dose" disait-il. Et si ses postures provocatrices, son humour souvent féroce, le burlesque de ses multiples travestissements, cette légende qui le représente comme un amateur dénué de culture musicale, si tout cela n'était que l'ultime pied de nez que Satie adressa au monde ?

Avec

Erik Satie continue à susciter des controverses et des malentendus. Est-il donc risible, cet homme qui révolutionna la musique, qui fut reconnu par Ravel et Debussy qu'il influença, qui collabora avec l'avant-garde, Diaghilev, Cocteau, Picasso, Picabia ?

En rupture avec les normes musicales de son temps et l'emphase du wagnérisme ambiant, précurseur de la musique minimaliste, Erik Satie construisit avec rigueur et obstination un langage musical dépouillé, " lent et douloureux" notait-il en marge de certaines partitions, musique répétitive, lancinante, d'un climat très singulier fait de dissonances, de fragmentations, de silences, états d'âmes sonores...

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Volontairement marginal, il pourfendit les académismes, excommuniant critiques et puissants. Solitaire marqué dès l'enfance par des deuils et des déchirements, homme de tous les paradoxes, bohème, rosicrucien, créateur d'une église dont il fut l'unique membre, fréquentant parallèlement Le Chat Noir et l'Auberge du Clou, empruntant des rythmes et des rengaines populaires pour mieux les détourner, communiste, dadaïste, habitué des troquets mal famés autant que des dîners mondains, Satie défia son époque par la rage et le rire.

Et si Erik Satie était un philosophe imprégné du sentiment tragique de la vie, qui maniait l'absurde pour mieux dénoncer l'imposture artistique et l'inanité du monde ? Dans son antre misérable d'Arcueil, tel Diogène dans son tonneau, il fit de la pauvreté une règle de vie et une esthétique.

Et si Erik Satie était un poète ? Il écrivit toute sa vie - par fragments, courts récits oniriques, correspondance, articles, notations déstabilisantes au fil des partitions - "comme un rossignol qui a mal aux dents" - geste poétique. Dessins, calligraphies, rêvait-il d'un art polymorphe?

Dérisoire, cet homme qui mena son combat solitaire sans compromission, ressentant de toutes ses fibres que sa démarche créatrice ne pouvait être comprise ? "Il n'y a pas de vérité en art."

Liens :

Site dédié au compositeur

Biographie et œuvres de Satie, sur le site Musicologie.org

Etonnant monsieur Satie, habitant d’Arcueil, sur le site de l’histoire de cette ville

Erik Satie, maître de chapelle des Rosicruciens, sur le site de l’ordre de la Rose-Croix

Film réalisé à l'occasion du 150e anniversaire de la naissance d'Erik Satie en 2016

Erik Satie à la Maison de l'enfance d’Arcueil en mai 1966 - Catalogue de l’exposition (en ligne sur Gallica)

Par Françoise Estèbe. Réalisation : Lionel Quantin. Attachée de production : Claire Poinsignon. Prise de son : Fabien Gosset et Hélène Langlois. Mixage : Claude Niort. Archives Ina : Annie Lauzzana. Bibliothèque Centrale de Radio France : Annelise Signoret. Lectures : Thierry Beauchamp, Daniel Prevost. Avec les voix de : Robert Caby, Jean Cocteau, Francis Poulenc, Henri Sauguet et Jean Wiener**.**

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